Bareigts, sa loi, sa campagne
Dernière ligne droite pour la ministre des Outre-mer
La loi égalité réelle outre-mer qui devait être définitivement adoptée mardi soir au Sénat sera promulguée au mois de mars. La ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a répété une fois encore qu'elle était "très fière de ce travail". Sur 141 articles, 59 ont été proposés par le gouvernement, 82 par les parlementaires. "Cette loi, insiste Mme Bareigts, permet d'agir et de déverrouiller après 70 ans de départementalisation et d'ouvrir une nouvelle page d'histoire avec les plans de convergence." Les plans et contrats de convergence seront lancés par l'Etat dans les départements et régions d'outre-mer (Réunion, Mayotte, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Pierre et Miquelon), et laissés à l'initiative des collectivités territoriales dans les COM (Saint-Martin, Saint-Barth, Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Walis et Futuna). "Ces plans vont donner une nouvelle impulsion en donnant la main aux territoires." Au-delà de cet aspect structurant de la loi, la ministre salue "l'égalité sociale pour des milliers de familles", un "nouveau modèle qui réaffirme l'ancrage océanique dans les relations avec les pays de la zone" que ce soit au niveau des échanges scolaires et universitaires, de la mobilité retour ou encore de l'aide au fret régional. Nouveau modèle encore qui tient compte du tissus à la fois dynamique et fragile des TPE/PME avec le "small business act" qui leur réserve une part des marchés publics. La Guyane et Mayotte ont fait 'objet de mesures spécifiques (cadastre orpaillage, octroi de mer...).
La session parlementaire s'achèvera à la fin du mois, pour autant, Ericka Bareigts assure avoir encore à faire : signer des décrets d'application, régler le problème de l'eau à Mayotte, se rendre en Guyane avant le 24 mars (pour préparer la signature du Pacte d'avenir avant la fin du quinquennat), annoncer des mesures en faveurs des "Réunionnais de la Creuse" avant même la fin des travaux de la commission ad hoc, ou encore poser la première pierre de la Cité des Outre-mer au parc de la Villette à Paris. Elle se rendra enfin le 30 mars au forum des RUP à Bruxelles.
FXG, à Paris
Transparence sur le prix des billets d'avion
La ministre assure vouloir boucler avant la fin de son mandat rue Oudinot son étude sur la formation du prix des billets d'avion. Son cabinet a déjà rencontré les compagnies desservant les outre-mer, mais elle estime être encore insuffisamment éclairée sur le Yield management. "Il faut avoir d'autres stratégies, défend-elle, des stratégies de développement et de connectivité. Si on ouvre le ciel de nos océans, à qui ?" Elle rêve d'avions pleins qui ne se limiteraient pas à relier Orly aux territoires...
Une ministre en campagne
Ericka Bareigts qui s'était engagée auprès de Manuel Valls pour la primaire des socialistes, assure ne rien vouloir demander à Benoît Hamon. Elle l'a rencontrée vendredi dernier pour lui signifier qu'il était son candidat. "En 2011, rappelle-t-elle, j'ai soutenu Martine Aubry et fait campagne pour Hollande." Elle estime ainsi qu'elle pourra continuer à exercer ses fonctions de ministre, mais également s'occuper de sa campagne pour les législatives et rentrer un peu chez elle. "Je n'aborde pas les choses comme une carrière, assure-t-elle, je n'ai pas de carrière !" Et si elle se dit confiante, elle avoue ne pas être sereine. "Il y a beaucoup de pression dans ce ministère et si j'avais voulu être sereine, j'aurai fait autre chose !"
Du voyage de François Fillon à la Réunion, elle retient "son manque de considération pour l'outre-mer" et ses propos contradictoires sur la France mosaïque à la Réunion et la France non mosaïque dans l'Hexagone...
Elle attend toujours le programme outre-mer d'Emmanuel Macron et prend une petite claque en apprenant que Gilbert Annette vient de le rallier.
Elle regrette aussi que François Hollande ait été amené à prendre la décision de ne pas se représenter.
Enfin, si Benoît Hamon est son candidat, elle s'en distingue en n'étant pas d'accord avec son projet de "revenu universel". "Je pense que ce n'est pas possible en outre-mer, mais je suis prête à en débattre avec lui."
Hamon fait des envieux
Ils sont désormais nombreux dans les rangs socialistes à briguer un poste de porte-parole ou de responsable outre-mer dans l'équipe de campagne de Benoît Hamon. C'est que le Martiniquais Valentin Narbonnais en charge de l'Outre-mer depuis le premier tour de la primaire, est bien jeune, 22 ans, et que des parlementaires aguerris comme Patrick Lebreton (qui avait choisi Montebourg) ou Victorin Lurel (qui avait misé sur Valls) s'y verraient bien à sa place...