Au stand de la Réunion au salon de l' agriculture
Pluie de médailles sur les confitures au concours général agricole
En quelques années, les confitures réunionnaises se sont fait connaître et accumulent les récompenses. Derrière chaque médaille se profilent des opportunités économiques.
Après le bronze pour la confiture mangue miel l'an passé, Charles Nagou, le patron des Saveurs de la Fournaise, ramène du concours général agricole l'argent avec la mangue litchi. Ce mangue litchi, il l'a travaillé toute l'année passée et il savait que ce serait celle-là qu'il présenterait au concours. Un pari gagnant. "On savait ce que le jury attendait, témoigne-t-il, et on a travaillé l'aspect."
Ce résultat, Charles le savait à l'avance ! Cette confiture est l'un des produits les plus vendus de son stand. Depuis sa médaille, sa confiture mangue miel reste son produit phare. "Pour la clientèle professionnelle qui achète et revend, commercialement parlant, c'est plus intéressant." En deux ans, il a vendu à l'export 4000 pots de confiture mangue miel. Les autres produits tournent alentour de mille pots. Epiceries fines, boutiques touristiques, boutiques avec des gérants réunionnais...
Emmanuelle Sablé des Confitures de litchi de Bois Canon et présidente de la confrérie des artisans confituriers confiseurs de la Réunion, a aussi été récompensée l'an passé. "La médaille on l'a eue, fin février, début mars et fin avril, on était en rupture de produit." L'exportation est une opportunité aussi pour elle, mais ça représente moins de 10 % de son chiffre. Un des rôles de la confrérie est de mettre en relation des producteurs de la Réunion et des clients en métropole. Et bien sûr, le faire pendant le salon.
Avec cette association logistique, cette idée de regroupement de producteurs pour jouer sur le volume et le coût du fret aérien, Charles Nagou compte bien pouvoir envoyer cette année tous les deux mois une palette de produits sur la métropole quand il n'en envoyait jusqu'alors qu'une deux fois par an.
Le marché métropolitain représente 30 % de son chiffre d'affaires global, il vise les 40 voire 50 % à moyen terme. "Trois clients à Paris représentent un vingtaine au pays." Il compte sur cette deuxième médaille va impulser cette dynamique.
18 % à l'export
Gérard Rangama, gérant de Soley Réunion, médaille d'or l'an passé, bronze cette année avec la confiture ananas coco. ." J'aurai pu représenter des produits qui ont gagné dans le passé, mais non ! J'ai voulu travailler sur une autre matière, pas valorisée à la Réunion et où je n'ai pas d'opérateur frontal en face qui ferait le même produit." Gérard Rangama prend des risques et aime la compétition. Ses confitures sont exportées dans l'Hexagone grâce à la collaboration d'un représentant à Paris avec qui il a fait affaire en 2013. "C'était ma première médaille." La production de confiture ananas passion médaillée l'an dernier est passée du simple au double. Pour autant, il n'est pas dupe. "Les médailles, c'est une reconnaissance, après, le travail de logistique, ça dépend de chaque chef d'entreprise, son organisation, sa méthodologie, sa faculté à créer de la confiance et trouver des partenaires."
Gérard Rangama a investi près de 2 millions d'euros en 2016 dans du matériel pour mettre son usine aux normes européennes. Ce n'est donc pas pour vendre qu'à la Réunion. Il veut développer son marché en Europe et annonce qu'il va exporter très bientôt à Maurice. "L'Europe, ça peut représenter un bon volume d'affaires par rapport à ce que nous ressentons déjà avec mon représentant." Pour le moment, ce marché franco-européen ne représente que 18 % de sa production. "Sans compter les effets de cette médaille !"
"Pour avoir l'or, précise Charles Nagou, il ne me manque pas grand chose. Le jury a l'habitude des confitures à l'ancienne avec des morceaux. Nous avons laissé des morceaux de litchi, mais pas de mangue, c'est là-dessus qu'on va travailler."
FXG, à Paris