La Guyane en grève générale et présente au Livre Paris
Ernestine Bocage, Francine Condé-Salazar et la vice-présidente culture de la CTG au Livre Paris vendredi 24 mars 2017
L'étrange actualité du roman guyanais "Atipa" d'Alfred Parépou
Ernestine Bocage et Francine Condé-Salazar sont venues vendredi dernier au salon Livre Paris faire la promotion du premier ouvrage écrit en créole guyanais, "Atipa" d'Alfred Parépou, publié trois fois depuis 1885 et republié cette fois chez Lharmattan avec la CTG.
"Entre le titre, Atipa, le pseudonyme, Parépou, la faune et la flore, il y a un message subliminal", avertit Francine Condé-Salazar qui lui a consacré une biographie.
De son vrai nom Athénodore Météran, l'auteur retrace la vie, la sociologie, les ressources de la Guyane dans la deuxième partie du XIXe siècle. Il est petit-fils d'une esclave et fils d'une mère affranchie. Il retrace ces années où la Guyane passe du régime de l'esclavage à celui de la colonie jusqu'à l'établissement de la IIIe République où Athénodore Météran va jouer un rôle politique. "Il a 7 ans à l'abolition de l'escalavage, raconte Francine Condé-Salazar, et il a été éduqué par les pères de Ploërmel qui sont venus préparer les hommes à la liberté." Très brillant, Athénodore va travailler au ministère de la Marine, militer comme républicain radical avant de devenir orpailleur. Pour Ernestine Bocage, son parcours, sa vie ne sont pas assez connus des Guyanais, c'est pourquoi la CTG a organisé une année Atipa et financé la réédition de l'ouvrage.
Au moment où la Guyane s'embrase
Malgré le terme "roman", porté en sous-titre, "Atipa" n'en est pas un. "Il l'a peut-être qualifié ainsi par ruse, explique Ernestine Bocage, pour occulter le véritable contenu de l'ouvrage. Il a certainement risqué sa vie, car en présentant la Guyane et Cayenne, il fait une critique sévère de la situation politique..." A l'époque, la Guyane est en mutation avec l'installation du bagne, la découverte de l'or, l'abandon des abattis, l'élargissement de la société pluriethnique avec l'arrivée d'immigrés... "Il y a une sorte de chaos social que l'on retrouve dans son livre, poursuit Mme Bocage, mais également dans tous les discours des hommes politiques, cela a agit comme un déclencheur chez Athénodore Météran qui a voulu inscrire la Guyane dans l'universel et donner à la langue créole toute sa portée." Pour autant, l'auteur inscrit son discours dans la IIIe République et son héros, Atipa, connaît aussi bien la France que la Guyane. "Il a une vision de la Guyane et du Guyanais idéal, conclut Ernestine Bocage, qui reste d'actualité." Au moment où la Guyane s'embrase...
FXG, à Paris
Marie-Georges Thébia "décalée" au Livre Paris
"Je suis complètement défaite... Les choses étaient prévues depuis longtemps et il fallait honorer les rendez-vous auprès des libraires, mais je me sens complètement décalée, hors de propos, dans une bulle de littérature évanescente... Je suis effarée par les images qui me sont envoyées tous les jours via whatsapp. J'ai envie de rentrer. Faut-il être au salon du livre pour montrer qu'on peut représenter la littérature guyanaise ? C'est un moyen pour faire parler de nous autrement que par l'actualité, mais c'est la cinquième dimension ! Je me suis posée la question de savoir si je devais venir ou pas. J'ai toujours refusé de m'engager pour une personne, mais pour ce qui est en train de se passer, c'est différent. Nous sommes à un carrefour de notre histoire. Les choses ont toujours réellement commencé à bouger à chaque fois que la rue a été en révolution. La seule chose que je réprouve, ce sont les débordements. Attention à la manipulation ! Nous devons être conscients, vigilants, inscrits dans une solidarité et une résistance, mais attention aux débordements !"
La vie bidim d'Ambrosia Nelson, édition Lharmattan