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Publié par fxg

Roger Raspail, tanbouyé

Roger Raspail sort "Dalva", le premier projet sous son nom

Free jazz ou morna capverdienne, swing caribéen ou rumba congolaise, ce Guadeloupéen de Capesterre-Belle-Eau, tambour majeur, maîtrise tous ces sujets, à commencer par le gwo ka.

Après des années passées à poser son doigté expert auprès des plus grands (Guy Konket, Eugène Mona, Chet Baker, Cesaria Evora, Kassav...), le voilà qui signe un premier disque sous son nom. Il y aborde la question de la créolité, en accostant sur les nombreux rivages qui l'ont accueilli, du calypso à la bossa, de la biguine à la cadence...

"J'ai été viré de la Poste"

Où avez-vous appris la musique ?

J'ai grandi à Marquisat, derrière l'usine. Elle était mon terrain de jeu. Il y avait des camions diesel qui stationnaient pour charger du sucre ou du rhum et j'écoutais... Les moteurs faisaient des rythmes assez bizarres, ternaires, binaires, c'était de la musique. J'écoutais comme ça aussi le son des rivières. La Guadeloupe est une salle de concert permanente. On écoute partout des sons extraordinaires, des sons urbains aussi... J'ai grandi dans cette ambiance.

Quand avez-vous tenu un gwo ka la première fois ?

Le gwoka, traditionnellement, on le prend vers 14 ou 15 ans. Mais comme à l'époque, pour écouter de la musique, on n'avait pas transistor portable, il fallait la faire soi-même, on utilisait tout, les seaux en plastique, les casseroles... J'ai participé à des groupes de carnaval et j'ai beaucoup joué de ka dans les fêtes  communales, les bals. Il n'y avait pas encore de lewoz organisés comme aujourd'hui, c'étaient des coups de tambours comme ça, surtout pendant les mouvements sociaux. C'est après mes 20 ans, quand j'ai quitté la Guadeloupe, qu'ils ont commencé à organiser ces réunions de tambours qu'on appelle les lewoz.

Comment êtes-vous devenu un professionnel ?

J'ai fait mon service militaire à la Jaille dans la fanfare et j'ai fait la connaissance de musiciens qui m'invitaient à les revoir quand je viendrai à Paris. Mon frère y était et je lui ai demandé de me payer mon billet. J'ai d'abord travaillé à la Poste et j'ai été viré. J'ai commencé à jouer dans les hôtels et j'ai rencontré d'autres musiciens. Je me suis vite aperçu qu'en faisant le ménage à 5 heures du matin, je gagnais beaucoup plus en une soirée qu'en deux semaines de travail ! Je me suis mis au travail, apprendre, écouter, être disponible...

Le déclic ?

Un jour où je donnais des cours au centre culturel universitaire de Saint-Germain-des-Près, un trompettiste de Duke Ellington me demande de l'accompagner au Dreyer, un club de jazz à Châtelet. J'ai retrouvé Mal Waldron, le pianiste de Billie Holliday, c'est comme ça que c'est parti. J'ai aussi croisé la route de Malavoy et des Vikings et je m'en suis inspiré. Ce sont des grands frères et ce sont eux qui ont commencé à porter cette flamme de la musique caribéenne et je suis fier de porter ma participation à cet édifice.

Dalva, c'est quoi ?

Quand j'achète un disque, j'attends qu'il m'amène de port en aéroport, de pays en îles et j'ai réalisé Dalva en fonction de mes voyages et de mes rencontres. Je propose au public qui m'a écouté en diverses formules l'idée qu'ils se sont faits de moi en live. Tous les amis qui m'accompagnent sur cet album et sur les concerts à venir sont tous des gens avec qui j'ai travaillé.

Propos recueillis par FXG, à Paris

- 24 Mars en Show Case à La Fnac de Montparnasse
- 31 Mars en 1 ère partie des Vikings de La Guadeloupe au New Morning

"Dalva", 12 titres

Roger Raspail percussions, Sylvain Padra voix, Dao Adelaïde voix, Nicole Wagner Di Reinhardt voix, Yvon Guillard trompette, Remi Sciuto saxophone, Pierre Chabrelle trombone, Patrick Marie- Magdelaine guitare, Anissa Altmayer violoncelle , Maryll Abbas accordéon, Florian Pellissier claviers, Mike Clinton basse, Alfred Rosanne percussions, Cyrille Domont percussions, Reda Samba batterie, Franck Curier arrangements et les guests : Anthony Joseph voix, Alain Jean-Marie piano, Patrice Caratini contrebasse.

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