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Publié par fxg

Cassius Ka ou Mohamed Ali et le gwoka

« Cassius Ka », un film de combats

Film documentaire de 52’, de Florian Gibert-Abensour et Simon Barbarit, sur France Ô, le 14 juin à minuit 45 et diffusion sur Guadeloupe 1ère, le 25 juin à 18 heures.

Passé relativement inaperçu sur France Ô le 3 juin dernier, le documentaire « Cassius Ka » de Florian Gibert-Abensour et Simon Barbarit mérite le détour. Passionné de Gwoka et de littérature, Florian Gibert-Abensour voulait écrire un film sur le Gwoka mais avec une dimension imaginaire, poétique, surtout pas universitaire, et aussi une dimension politique. « Des ouvrages, relate-t-il, comme « Tambour Babel » de Ernest Pepin et « Gwoka et politique » de M.H. Laumuno m'ont inspiré. »

Le déclic est venu quand il a revu le film de William Klein, « The greatest », sur Mohamed Ali. « Quand j'ai vu qu'il jouait du tambour à Kinshasa, quand je l'ai revu danser sur le ring… » Dès lors, le réalisateur adopte un parti pris en jouant sur les mimétismes d'Ali et des danseurs et percussionnistes de gwoka.

Commenté par Firmine Richard, le film démarre avec le récit du combat de Kinshasa en 1974. Mohamed Ali qui a été déchu de son titre mondial parce qu’il a refusé d’aller « tuer des Viet Kong » va écraser le tenant du titre George Foreman au son des tambours africains. L’homme qui a abadonné son nom d’ancien esclave pour Mohamed Ali va faire la preuve de sa puissance en huit rounds par KO !

Jimmy Randa qui tient une école de ka à Sainte-Anne comme Robert Poumarou, adepte du ka évolutif, rappellent que Mohamed Ali disait que sa façon de boxer, c’était danser… Face à Jean-Marc Mormeck, le tanbouyé Roger Raspail balance les rythmes, mendé, toumblak et padjanbel pour la violence des coups ! Léna Blou compare le boxeur américain à un danseur qui ne tombe jamais sans cesser de frôler le sol, c’est le bigidi, l’art de la feinte…

Ali a-t-il gagné ses combats grâce au ka ?

A l'Hibiscus boxing club des Abymes, les cours commencent au son du ka, avec les gants. Si c’est pour l’entraînement, ce n’est pas le cas du tanbouyé Franck Coco-Villoin qui se donne face aux boxeurs : « Le ka doit prendre le boxeur aux tripes ! » Sandra Martias compare la boxe au combat entre le marqueur et le danseur dans les lewoz.

Mohamed Ali a soif de victoires et de justice ! L’aspect politique de ses combats n’échappent pas à Ernest Pépin et Joël Nankin, Elie Domota et Rosan Mounien… Tous songent à la révolte contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon, 1967 et toutes les grèves des ouvriers agricoles, jusqu’à la grève générale de 2009… Le ka, c’est le chant de la blessure, la même qui a nourri la force de Mohamed Ali ! Raymonde Thorin et Joselita Jock qui pensent à Angela Davis et Gerty Archimède à travers le ka et Ali, ont repéré que son jeu de jambe, c’est du kaladja… Ou le benaden pour les frères Geoffroy de Kan’nida. Le prêtre Serge Plaucoste y va de son grain de ka avec la figure de Chérubin Céleste ; Likiber Sejor et l’ancien boxeur et coiffeur de la rue Vatable, Gérard Gauthiérot devisent sur le champion du monde mort en 2016 : « La boxe, c’est l’esprit et le tambour transporte l’esprit. » Il y a beaucoup en commun entre les combats d'Ali et ceux des Guadeloupéens. Alors Ali a-t-il gagné ses plus grands combats grâce à la résonance des tambours combats de ses ancêtres, grâce au tambour ka de la Guadeloupe ? C'est l'hypothèse assumée du film.

FXG, à Paris

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