Laura Flessel, une ministre aux Antilles
ITW Laura Flessel, ministre des Sport, était aux Antilles
« Je veux réunir et aller chercher la réussite »
Que ressentez-vous à l'idée d'être devenue ministre et de revenir ainsi au pays ?
Il y a de la fierté, mais cette fierté, je l’ai ressentie dès que j'ai été nommée. Dès j'ai pu le dire à mes parents, qui vivent toujours en Guadeloupe. Maintenant que j'ai enfilé la veste de ministre des Sports, je veux être fière des actions que nous allons mener, notamment en Guadeloupe et en Martinique.
Votre premier déplacement officiel outre-mer a été pour les Antilles. Pourquoi ce choix ?
Je suis ministre des Sports, donc de toute la France. Il se trouve que j'avais pris de longue date l'engagement de me rendre à une manifestation, en Guadeloupe, autour des bienfaits du sport pour la santé, pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, les AVC, et autour de l’enjeu de l'accès au sport pour les cérébro-lésés. Cette manifestation, ce sont "les 10 km de l'Hexagone". Le même jour, à la même heure, tout le monde court sur sept villes différentes. Ce week-end, il y avait deux courses, à Saint-Martin et en Guadeloupe. Je devais être une des marraines et je suis devenue entretemps ministre des Sports. Je suis donc venue honorer ma promesse de venir en Guadeloupe et j'en ai profité pour faire plusieurs visites de terrain, en Martinique également.
20 millions d'euros ont été engagés par le précédent gouvernement pour rénover et construire des équipements sportifs outre-mer. Où en est-on ?
Je salue l’action de mon prédécesseur Patrick Kanner qui a lancé ce plan effectif depuis janvier 2017. Lors de mon déplacement, je veux faire un point d’étape. Je vais échanger avec les acteurs de terrain, m’assurer que la dynamique est bel et bien lancée. Je suis insulaire, je sais l'importance de développer les infrastructures sportives, souvent vieillissantes et mal adaptées aux normes, sismiques notamment.
Mais au-delà de ce rattrapage des infrastructures sportives l’enjeu est de mobiliser toute la société autour des pratiques physiques et sportives Je vais aussi rencontrer les cadres, les acteurs de santé, mais également les acteurs entrepreneuriaux, les citoyens qui ont leur mot à dire sur le développement du sport. Nous aurons une grande consultation nationale sur ces enjeux ; et bien sûr je compte sur les outre-mer pour exprimer leurs priorités, leurs attentes et leurs propositions
Quelle est votre politique pour le sport de haut et le sport en général en outre-mer ?
Les enjeux sont multiples : il y a de l'infrastructure bien sûr, mais aussi la cohésion, l'encadrement des sportifs, leurs déplacements, leur déracinement... Je sais de quoi je parle : j'ai rencontré ces mêmes problèmes. Il y a eu des améliorations, mais pour innover, il faut se rendre sur le terrain. Si on veut des champions, il faut travailler l'encadrement, stimuler l'environnement, comprendre les dysfonctionnements, l'éloignement, et le coût qu’il représente... de beaux chantiers devant nous !
Il est antisismique, l'établissement sportif qui porte votre nom à Petit-Bourg ?
Il est aux normes ! On a attendu vingt ans pour avoir un complexe et je serai ravie d'y retourner...
Vous prenez vos fonctions à la manière d'un coach ?
Manager plutôt. Le rôle du manager, c'est de sublimer tout le monde pour améliorer les compétences. Il y a des acteurs qui sont là et qui ont envie d'aider le sport, il faut les réunir. Certains acteurs se sont sentis éloignés, on ira les chercher. Aujourd'hui, je me positionne comme la ministre des Sports qui veut réunir et aller chercher la réussite. On parle beaucoup de Paris 2024, mais j'ai envie de vous dire : Outre-mer 2024 aussi ! Je commence dès maintenant, ça fait partie de ma feuille de route.
C'était émouvant ! J'étais assise entre le ministre de l'Agriculture d’alors, Jacques Mézard, et Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes. On avait l'impression de faire une rentrée scolaire, avec de nouveaux visages mais surtout de nouveaux dossiers !
Le président a-t-il eu un mot pour chacun d'entre vous ?
Ce qui se passe en Conseil des ministres reste au Conseil des ministres ! Je vous dirai juste que c'était très émouvant. Nous sommes rentrés à l’Elysée en tant que société civile et société politique et on en est ressortis en tant que gouvernement. Une entrée en matière très intense. En tant que membres du gouvernement, on a vite compris qu’on se devait de redonner de l'espoir, de revoir le verre à moitié rempli. On a envie de redonner de la fierté à la France. Il y a une colère, on l'a entendue. Aujourd'hui, cette colère doit être transformée. On aura des confrontations, j'espère qu'il ne sera pas trop difficile d’aboutir à des consensus, mais l'idée est d’échanger, de créer et d'avoir des réponses pertinentes. J'espère que l'outre-mer sera fier de cette insulaire qui ne l’oubliera pas.
FXG, à Paris