Première plénière à l'Assemblée pour les députés réunionnais
Les députés réunionnais étalés dans l'hémicycle politique
C'est sans surprise que l'ancien écologiste, devenu socialiste puis En Marche, François de Rugy, a été élu président de l'Assemblée nationale hier après-midi.
Tous les députés réunionnais ont pris part au vote lors d'une séance où les élus n'étaient pas disposés par groupe politique, mais par ordre alphabétique. Le scrutin a été long, a remarqué Jean-Hugues Rateront (en photo ci-contre avec son assistante parlementaire) qui siègera la semaine prochaine à l'extrême gauche de l'hémicycle avec les groupe des Insoumis. Pas question pour lui, mardi prochain, de voter la confiance au gouvernement d'Edouard Philippe. Même son de cloche avec Huguette Bello qui estime toutefois logique l'élection au perchoir de son ancien camarade de groupe: "Je connais bien François de Rugy depuis 1997. Il était dans notre groupe radical, citoyen et vert... Vous voyez le beau parcours qu'il a pu faire..."
Mme Bello (en photo avec Jean-Luc Mélenchon ci-contre) a choisi quant à elle de rester fidèle au groupe GDR quant la communication de la France insoumise l'avait volontiers mise à son affiche. "Il y a un certain nombre de propositions qui sont faites par la France insoumise que je soutiens absolument, comme l'augmentation du SMIC. J'ai beaucoup travaillé avec les partisans de Jean-Luc Mélenchon à la Réunion. On est à gauche et on ne se cache pas. Il y a des choses sur lesquelles on peut se rejoindre mais je suis fidèle à mon groupe GDR où la parole est libre et notre vote aussi. On n'est pas le petit doigt sur la couture de la jupe ou du pantalon."
Ericka Bareigts, fidèle au groupe socialiste, n'a pas été aperçue dans la salle des 4 colonnes même si on l'a vue prendre part au vote.
Thierry Robert, en revanche, s'est montré. Il a choisi de siéger avec le Modem. "J'ai toujours été quelqu'un de loyal. Certes, j'ai précédé François Bayrou en allant soutenir Emmanuel Macron parce que je croyais véritablement à sa capacité de révolutionner les choses et de redresser la France. François Bayrou l'a rejoint et le Modem fait partie de sa majorité. Je reste dans ma famille politique tout en soutenant avec beaucoup de détermination et d'engagement le président de la République et En marche." Il a soutenu l'élection de François de Rugy : "J'ai été bluffé positivement par son discours quand il a parlé de la transparence, de la modernité de l'organisation de l'Assemblée, quand il a dit que les vérités absolues n'étaient pas dans un camp ou dans l'autre, qu'il fallait passer à un véritable débat dans cet hémicycle (...) Je crois que c'est bien parti ; il y a une volonté de répondre aux attentes des Français et c'est l'essentiel." Le député de Saint-Leu veut siéger dans la commission développement durable et aménagement du territoire...
Abstention à droite
Plus à droite de l'échiquier politique, Nathalie Bassire, comme Nadia Ramassamy et David Lorion ont confirmé leur appartenance au groupe LR et indiqué qu'ils s'abstiendraient lors du vote de confiance au gouvernement d'Edouard Philippe. "Je ne signerai pas un chèque en blanc, assure Nathalie Bassire, car je veux pouvoir, demain, revenir sur ce qui sera proposé." Les LR sont sa famille politique, pas question d'aller chez les constructifs : "je suis fidèle à mes convictions et à mes valeurs et ce, d'autant plus que nous sommes dans une démarche de bâtir avec les autres. Le signal que nous lancent les électeurs est très fort et il continue à me siffler dans l'oreille pour que demain, nous continuions cette volonté de travailler pour et pas contre." Nathalie Bassire a demandé à siéger dans la commission des affaires économiques. "Cette commission me semble concorder avec le projet que je porte et que j'ai défendu, mais peu importe, je sais que là où je siègerai, ma volonté sera de faire aboutir les projets que j'ai défendus et pour lesquels les Réunionnais m'ont fait confiance."
Nadia Ramassamy a été élue membre du bureau du groupe LR. Pour autant, elle a prêté une oreille attentive au discours du nouveau président de l'Assemblée : "J'ai écouté son discours et s'il fait vraiment ce qu'il a dit, s'il agit vraiment, on ne peut qu'être satisfait de voir qu'on va travailler dans l'intérêt général, pour le bien commun... Mais je suis dans un groupe politique solidaire et en fonction de notre union et de notre solidarité, nous verrons ce que nous ferons..."
Comme Ercicka Bareigts, David Lorion ne s'est guère montré hors de l'hémicycle.
FXG, à Paris
Ils ont dit
Huguette Bello : "La situation est tellement difficile en France hexagonale et elle l'est encore plus chez nous. On a beaucoup à faire et notamment, le premier dossier à ouvrir pour nous est le dossier agricole de ma canne à sucre. Il est prioritaire."
Nadia Ramassamy dit avoir été heurtée par la polémique au sujet de son fils présenté comme son assistant parlementaire : "Mon suppléant, Lucay Sautron (en photo avec elle), sera mon attaché parlementaire à la Réunion. A Paris, j'aurai une attachée parlementaire. J'ai toujours donné tout de moi. Dans toutes mes campagnes, à aucun moment, je n'ai pris l'argent d'un parti ou d'une entreprise. Depuis le début de mon engagement politique, j'ai pris tout sur moi, sur mes revenus de médecin. Je n'ai même pas pris l'argent de mon parti, les LR, pour faire ma campagne. C'est triste de voir comment les gens essaient de me déstabiliser alors que j'ai fait un parcours sans erreur. Si demain, il faut voter une loi supprimant les indemnités de parlementaires, je serai la première à voter pour parce que je fais ce que je fais avec mon coeur."
Thierry Robert et la délégation outre-mer
"La semaine dernière, j'avais émis un avis défavorable à la constitution d'un groupe outre-mer parce que je considère qu'il ne faut pas se couper, se différencier, mais qu'il fallait être considérés comme des départements français à part entière avec juste une obligation, de rattraper les retards accumulés et de pouvoir prendre en compte nos spécificités. Aujourd'hui, je crois qu'il va falloir renforcer les pouvoirs de cette délégation outre-mer, lui donner des moyens supplémentaires pour que nous puissions vraiment peser de notre poids sur toutes les décisions qui vont être prises, que ce soit dans le cadre social, le développement économique, le développement durable, l'éducation et autres... Cette délégation outre-mer renforcée pourra nous aider à nous faire entendre au niveau du président de la République."
Huguette Bello et la majorité en marche : "C'est une majorité qui est en marche. La logique veut que ce soit quelqu'un d'En marche. J'aurai préféré que ce soit une femme... Ca a changé mais ce n'est pas une femme. Au gouvernement aussi, on voit que les ministres d'Etat ne sont pas des femmes... Il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce pays des droits de l'homme alors qu'est affichée ici la déclaration des droits des femmes d'Olympe de Gouges... Il y a encore beaucoup de travail à faire."