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Publié par fxg

Interview Didier Fauchard

Didier Fauchard, président du Medef Réunion, était à au comité outre-mer de l'université d'été du Medef, mardi 29 août, à Jouy-en-Josas. Il revient sur la préparation des assises de l'outre-mer et sur la prochaine loi de finances.

"Il est urgent d'avoir un cadre stable"

Comment abordez-vous les assises de l'Outre-mer ?

Nous sommes inquiets à la fois sur le déroulé, sur la méthodologie et sur le contenu. C'est un flou artistique pour l'instant. Comment va-t-on pouvoir déployer nos idées ? Imaginez que vous soyez invité et que vous deviez amener le vin alors que vous ne savez pas quel plat va être servi. Ca devient compliqué d'amener le vin ! Oui, nous avons des idées, mais il faut absolument les inscrire dans un document qui dépendra de la méthodologie adoptée par l'Etat.

Ces assises ne devraient-elles pas permettre d'envisager la façon dont pourrait être transformé le crédit d'impôts compétitivité emploi (CICE) ?

Nous n'avons aucune certitude que les assises de l'Outre-mer permettent l'élaboration d'une prochaine loi de développement de l'Outre-mer. Nous n'en savons rien du tout !

La loi de finances devrait le permettre, tout en moins en ce qui concerne le CICE...

Si le CICE devait être supprimé alors qu'il commence à porter ses fruits, cela revient à augmenter nos charges salariales de 10 % et cela provoquerait immédiatement des difficultés. Nos entreprises n'ont pas  la marge de manoeuvre qui permettrait d'absorber facilement une masse salariale différenciée. La suppression brutale du CICE reviendrait à nous placer dans la logique d'une législation ni stable, ni pérenne, ni lisible pour personne. Pierre Gattaz l'a rappelé : il ne peut y avoir de développement économique si les entrepreneurs n'ont pas confiance.

Comment souhaitez-vous qu'évolue le CICE ?

Nous pouvons imaginer que cette créance qui nous est remboursée un an plus tard soit détenue par l'URSSAF et que ce soit cet organisme qui se fasse rembourser directement. Nous aurions dés lors un allègement de charges positif. Nous devons trouver le bon véhicule technique pour que l'entreprise paye moins de charges chaque mois et que ce soit effectivement l'URSSAF qui dispose d'une créance auprès de l'Etat.

Certains dispositifs de défiscalisation doivent prendre fin. Que proposez-vous pour permettre l'investissement productif ou encore la construction de logements ?

La défiscalisation serait donc un cadeau ! Ce qui marche aujourd'hui, c'est quand le secteur marchand s'empare d'un sujet et fait des investissements dans un cadre fiscal lisible, pérenne et stable. Pourquoi veut-on remettre en cause en permanence ce système qui a fait ses preuves pendant des années. En 2008, le logement libre est tombé et le bâtiment est parti en vrille. Puis en 2014, le logement intermédiaire et le logement social ont été remis en cause, boum ! Ca leur est encore retombé dessus... Nous avons une certaine manie administrative à vouloir changer les règles du jeu et en particulier ce qui fonctionne.

Qu'attendez-vous des assises de l'outre-mer ?

Elles pourraient permettre à tous les acteurs du territoire, l'Etat, la Région, le département, les établissement publics commerciaux et industriels et le monde économique, de se mettre d'accord sur l'avenir du territoire.. Quand vous regardez quels sont les grands items des assises, l'économie n'est qu'un deuxième point, aliéna petit a ! Je ne vois pas comment nous pourrions développer nos territoires si l'économie n'est pas au coeur du système.

Quelle suite donner à la LODEOM qui arrive bientôt à sa fin ?

C'est une grande inconnue. La loi égalité réelle l'a prorogée donc nous sommes sur des dispositifs valables jusqu'en 2017, 2018, 2020... Nous n'avons aucune visibilité !

La préparation d'une nouvelle LODEOM pourrait sortir de ces assises ?

A-t-on besoin des assises de l'outre-mer pour avoir une lisibilité ? C'est une demande générale de tout le territoire hexagonal et nous avons exactement la même demande ! Nous avons vécu les états-généraux en 2009 qui ont fait l'objet de 137 mesures dont on n'a pas vu une déclinaison opérationnelle jusqu'à maintenant.

Le gouvernement vous a-t-il fait part de ses projets ?

Nous sommes dans l'expectative la plus totale pour l'instant. Nous attendons surtout le projet de loi de finances car c'est lui qui va conditionner pas mal de choses et aujourd'hui, il n'y a aucune communication nulle part.

De quels outils avez-vous besoin pour permettre le développement économique ?

D'abord d'outils de réductions des charges du travail, ensuite, par rapport à notre problématique de chômage que les précédents gouvernements ont essayé de traiter par les contrats aidés, je pense qu'il existe des poches d'emplois dans nos entreprises, mais c'est clair que ce sont des mini jobs. Est-ce que nous voulons que nos compatriotes retrouvent un travail, une dignité, une utilité sociale ou est-ce qu'ils doivent simplement disposer de prébendes ? C'est une vraie question et c'est un choix. La deuxième chose dont nous avons besoin, c'est un cadre fiscal. Quand je mène un projet dont la rentabilité est à 5, 7 ou 10 ans, voire 15 pour le tourisme, j'ai besoin de visibilité sur une durée équivalente. Le risque, c'est que les investisseurs qui s'intéressent à notre région préfèrent regarder du côté de Maurice où le cadre fiscal est beaucoup plus stable. Il est urgent d'avoir ce cadre stable.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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