Budget outre-mer au Sénat
Budget Outre-mer en débat au Sénat
Malgré un flot de critiques, le Sénat a voté jeudi dernier la mission Outre-mer. Ainsi, les centristes et le groupe RDSE ont voté ce budget. Stéphane Artano, sénateur RDSE de Saint-Pierre et Miquelon a regretté que le président de la République n'ait pas de vision sur l'Outre-mer et demande aux outre-mer de lui en livrer une "sur un plateau". Jean-François Longeot pour les centristes a indiqué qu'il demanderait une hausse de 100 000 euros du fonds d'échange éducatif, culturel et sportif pour pallier la fausse promesse du gouvernement de le multiplier par deux. Les sénateurs de La République en marche ont soutenu le budget mais les critiques là encore ont fusé sur la baisse des finances de Ladom ou la disparition du plan Kanner. Les Républicains n'ont pas voté ce budget, regrettant eux aussi la suppression du plan Kanner et la baisse des crédits de Ladom. Les indépendants (constructifs) se sont abstenus. Sans surprise, les élus communistes ont voté contre ce budget, tout comme le PS et Catherine Conconne (Martinique) qui s'est moquée de la déception que devait ressentir la ministres des Outre-mer et qu'elle partageait avec elle.
Georges Patient (Guyane, LREM), en tant que rapporteur de la commission des finances a dit qu'il jouerait le jeu en votant "ce budget de transition". Sa collègue de la commission des affaires sociales, Nassimah Dindar (UC, Réunion) a critiqué la baisse de l'aide au logement mais s'est dite favorable à voter ces crédits. Quant à Michel Magras (LR, Saint-Barthélemy), pour la commission des affaires économiques, il a sévèrement regretté la fin du CICE et demandé quelles en seraient les compensations. Quant à l'ancien ministre PS, Victorin Lurel (Guadeloupe), il a résumé sa critique en une formule : "Loin d'être en marche, nous sommes à l'arrêt en attendant les assises."
FXG, à Paris
La ministre défend un changement de rhétorique
Annick Girardin, pugnace, a reconnu la "pertinence et la légitimité" de certaines observations des sénateurs sur ce budget dans le contexte général d'une baisse de 7 milliards des dépenses, quand son budget augmente de 85 millions. Elle s'est refusée en revanche à accepter les critiques d'insincérité. Son budget, a-t-elle rappelé, est une "première étape". Non, elle n'oublie pas les engagements de l'Etat pour la Guyane, non, elle n'oublie pas la loi égalité réelle outre-mer dont 20 % des décrets d'application sont d'ores et déjà signés. Et puis, a-t-elle encore rappelé, l'outre-mer gagne 336 millions entre 2017 et 2018 dans l'ensemble des missions ministérielles. L'effort de l'Etat pour les Outre-mer est ainsi de 17 milliards. Elle a encore rappelé que le prochain projet de loi de finances traduirait le fruit des assises. Annick Girardin a rappelé les 127 emplois de plus pour le SMA en cinq ans et elle a confirmé le doublement du FEBECS : de 4 à 8000 trajets ! Elle s'est encore expliquée sur la baisse des crédits de Ladom : "L'ensemble des besoins présents et avenir seront mis en oeuvre."
Quant aux exonérations de charges et au maintien du CICE en 2018, elle est revenue sur la réforme des aides aux entreprises : "On ne peut plus penser l'économie d'aujourd'hui comme on le faisait hier." Ni coup de rabot, ni rafistolage, la ministre veut construire des outils modernes pour le budget 2019.
Enfin, sur le logement, elle comprend les inquiétudes des sénateurs et ne veut pas esquiver ce sujet : "Mon choix, c'est la construction neuve et la résorption de l'insalubre et de l'informel." Enfin, sur le plan Kanner, Annick Girardin a rappelé que l'enveloppe de Laura Flessel, ministre des Sports étaient maintenus, quant aux 10 millions de l'Outre-mer, ils seront prélevés dans le fonds exceptionnel d'investissement.
"Il n'est pas question pour moi, ni pour la ministre de la Culture de supprimer France Ô." Annick Girardin a conclu ainsi sur le plan culturel avec France Ô. Et sur la cité des Outre-mer, elle a dit : "Un projet culturel sans le ministère de la Culture, sans la Région Ile de France ?" Annick Girardin a dit que ce qui gênait était son changement de rhétorique et qu'il avait un nom : la sincérité.