Le centre spatial de Kourou dans l'économie guyanaise
Le CNES augmente sa contribution à l'économie locale
Pesant 17 % du PIB de la Guyane, la filière spatiale va réhausser sa contribution financière de 10 millions d'ici 2020.
C'était une ligne dans le texte de la loi égalité réelle outre-mer : un rapport du gouvernement "présentant les différents scénarios permettant une augmentation des retombées financières de l'activité spatiale sur les collectivités territoriales de Guyane". Préparé par l'inspection générale des affaires sociales, de l'administration et des finances, ce rapport rappelle que la filière spatiale représente 1700 emplois directs, 7000 indirects, soit 25 % de l'emploi privé, et 17 % du PIB (estimé à 4 milliards). Un tiers des marchés publics du CNES sont réservées aux PME locales dans le cadre du programme Ariane 6 et l'Union des employeurs de la base spatiale regroupe les membres de la communauté industrielle et 37 sous-traitants.
Au titre du plan partenariat hermès au développement régionale (PHEDRE), le CNES a contribué à hauteur de 50 millions de 1990 à 1997. Sur la période 2000-2013, le CNES s'est impliqué dans le contrat de plan Etat, Région en permettant de créer ou de sauvegarder 3900 emplois. Pour la période 2014-2020, le CNES s'est engagé à hauteur de 28 millions dans le cadre du contrat de plan, et 13 millions dans le contrat de projet en faveur des communes et des associations.. En outre, des engagement supplémentaires à hauteur de 11 millions ont été pris en faveur des îles du Salut et de l'hôtel des Roches.
Une chaire spatiale
Le rapport préconise une augmentation de la contribution de la filière spatiale au développement de la Guyane. Le gouvernement a écarté la piste de l'alourdissement de la fiscalité de la filière qui n'aurait rapporté que 1 à 4 millions au mieux. Ce sera donc une hausse de la contribution du CNES de 10 millions d'euros (3 millions par an), portant l'effort jusqu'en 2020 à 50 millions. Une somme assez importante puisque le budget de la base spatiale est de 200 millions quand le budget global du CNES est de 1,5 milliards. Le gouvernement propose aussi de rénover les liens qui unissent le CNES aux collectivités et aux associations. Il y a aujourd'hui 17 conventions bilatérale... Il s'agira donc de donner plus de lisibilité, de cohérence pour maximiser les interventions de l'Etat et des collectivités. L'idée générale est de mieux associer les collectivités afin qu'elles participent aux choix stratégiques concernant l'emploi des sommes lâchées par le CNES en Guyane. Une grande partie de cet effort doit bénéficier à la formation, l'éducation, l'apprentissage spatial et l'enseignement supérieur. Une chaire spatiale sera créée à l'université de Guyane et le nombre de bourses d'études va être multiplié.
FXG, à Paris
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Frédérique Vidal, ministre d'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation
"Nous allons faire un effort sur la formation des maîtres"
A partir de quand ces 10 millions supplémentaires seront disponibles ?
Ca fait partie du budget du CNES, dès l'année 2018 et jusqu'à l'année 2020. Il s'agit de compléter les 40 millions que le CNES avait prévu d'investir d'ici 2020.
Comment ces sommes vont-elles être utilisées ?
J'ai demandé au CNES de me fournir pour le tout début du mois de janvier un rapport opérationnel de façon à ce que nous soyons en capacité de valider de manière très concrète les actions qui seront soutenues par le CNES avec ces nouveaux financements. Ce sera une programmation que nous validerons avec Annick Girardin et que nous positionnerons dans le cadre des conclusions des assises des Outre-mer.
Comment se fera le lien avec l'université de Guyane ?
Le lien avec l'université de Guyane se fait au travers de mon ministère qui a à la fois la tutelle du CNES et de l'UG. J'ai déjà eu l'occasion de rencontrer le président de l'UG et nous voulons travailler à la mise en place de formations, notamment en apprentissage autour des sujets du spatial, mais plus largement autour de tous les centres d'intérêt économique de la Guyane.
Que prévoyez-vous concrètement pour la formation des jeunes ?
Nous allons faire un effort sur la formation à la fois des nouveaux diplômés et sur la formation des maîtres de manière à avoir suffisamment de gens formés pour les écoles du primaire et du secondaire. Nous y travaillons avec Jean-Michel Blanquer.
Propos recueillis par FXG, à Paris
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François Ringuet, maire de Kourou
"Il reste encore des bidonvilles"
Etes-vous satisfait de cet effort du CNES ?
10 millions d'euros en plus pour la Guyane, c'est une très bonne chose. Le rapport qui a été fait sur l'activité spatiale montre bien que la participation du CNES est bien réelle, mais en même temps, il faut faire attention aux Américains ! La concurrence existe. Donc, oui, le CNES doit contribuer mais il ne faut pas fragiliser l'activité spatiale.
Qu'est ce que ça représente pour votre ville ?
Il y a près de 900 personnes qui travaillent directement sur le spatial. Le spatial, c'est 17 % du PIB et 9000 emplois indirects. Ca veut dire que la ville de Kourou vit autour du spatial et il ne faut donc pas fragiliser l'activité première. Le premier employeur à Kourou, c'est le spatial !
Qu'en est-il des bidonvilles aujourd'hui ?
A travers la ZAC 2 et l'opération d'intérêt national, la ville va se développer en même temps que l'activité spatiale. Kourou s'est toujours développé en fonction des nouvelles campagnes et là, avec Ariane 6, la ville va encore se développer et plus rapidement. Oui, il reste encore des bidonvilles sur Kourou, mais nous avons reçu des financements pour réhabiliter la cité du stade, près de 2,5 millions ont été rajoutés et 2 autres à venir dans le cadre du plan Phèdre.
Quelles retombées escomptez-vous côté enseignement à Kourou ?
La plupart des jeunes qui sont à l'IUT de Kourou travaillent après leur cursus au centre spatial et dans les 42 entreprises de l'union des employeurs de la base spatiale. D'un point de vue scolaire nous allons lancer une nouvelle dynamique en commençant à travailler avec les enfants dès l'école primaire. Ce sera une école purement numérique pour préparer les plus jeunes au monde numérique et spatial pour les préparer à intégrer des écoles comme l'IUT puisque depuis quelques années, nous avons des jeunes directeurs des opérations sur le spatial, de jeunes ingénieurs. C'est pour ça que nous allons mettre 9 millions d'euros pour l'école Saba en partenariat avec Ariane Groupe.
Kourou pourra-t-il rivaliser un jour avec Toulouse ?
Je voudrai que Kourou ressemble à Toulouse dans le domaine du spatial, oui, c'est ça mon objectif !
Propos recueillis par FXG, à Paris