L'économie réunionnaise en 2017
2017, l'année des records à la Réunion
L'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) a rendu public, jeudi à Paris, le bulletin annuel de santé économique des territoires d'Outre-mer. Globalement, la présidente de l'IEDOM, Marie-Anne Poussin Delmas a parlé de "regain d'optimisme en phase avec la conjoncture métropolitaine malgré les événements climatiques et sociaux". Ainsi pour la zone de l'océan Indien, l'indicateur du climat des affaires est au vert et même plus puisqu'à la Réunion, il est supérieur à sa tendance sur la longue durée, "un niveau inégalé depuis dix ans", a précisé Mme Poussin-Delmas. A Mayotte, après la crise sécuritaire d'avril 2016, l'indicateur du climat des affaires commençait lui aussi à remonter depuis la fin de l'année 2017.
Du côté de l'évolution des prix, l'océan Indien a connu une inflation relativement contenue avec un taux en hausse de +0,2 % à Mayotte et de + 0,7 % à la Réunion pour un taux de 1,2 % dans l'Hexagone. Cette faible hausse est à relier à celle des prix énergétiques.
L'analyse du financement de l'économie révèle une hausse des crédits de 6 % à la Réunion. Les crédits à l'habitat sont bien orientés tout comme les crédits à la consommation (61 milliards d'encours pour tout les Outre-mer). Après trois ans de recul, les vente de véhicules ont repris fortement avec un record historique à la Réunion : + 25 000 !
Les entreprises aussi se sont remises à investir. Les encours de crédit ont cru de 6,6 % à la Réunion et de plus de 10 % à Mayotte (12 milliards d'encours pour tous les Outre-mer). Selon Philippe Lacognata, directeur général de l'IEDOM, l'année 2017 a été un point d'orgue de la dynamique économique : "Nous ne sommes pas loin du haut de cycle et nous n'avions pas vu ça depuis dix ans après les années difficiles 2009-2013..."
Par ailleurs, la qualité des portefeuilles s'améliore, c'est-à-dire que les créances douteuses diminuent. Entre 2013 et 2017, elles sont passées de 5,5 % à 3,5 % à la Réunion et de 6,5 % à 3,1 % à Mayotte. Les deux îles se rapprochent désormais du niveau national, un niveau jusqu'alors jamais atteint !
Quant aux dépôts bancaires, ils sont eux aussi en forte hausse à 7,4 %. Là encore Philippe Lacognata évoque "une progression des chiffres jamais atteinte depuis dix ans" et ajoute : "Le système bancaire a parfaitement accompagné la reprise économique dans tous les territoires d'outre-mer."
Seule ombre au tableau, l'emploi. Le taux de chômage reste à 26 % à Mayotte (contre moins de 9 % dans l'Hexagone). A la Réunion, il y a eu une amélioration légère du marché du travail avec une hausse de 17 % de l'emploi temporaire, mais le taux de chômage reste plus de deux fois supérieur à celui de l'Hexagone à 22 % dans un contexte démographique différent de celui de l'Hexagone (+0,5 % par an contre 1% à la Réunion et 3% à Mayotte).
Si le regain d'optimisme est bien réel chez les entrepreneurs, ils regrettent une inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi qu'ils expliquent par un manque de formations adaptées et un manque d'appétence pour les emplois proposés.
Les perspectives restent prometteuses et après trois ans de croissance à 3%, l'année 2018 devrait encore égaler ce taux peu ou prou. Selon Mme Poussin-Delmas, à la Réunion, "le modèle s'auto-alimente même si on arrive sans doute à haut de cycle".
FXG, à Paris