Quelle représentativité pour les artistes d'Outre-mer
Nos artistes inquiets pour la représentation des cultures d'outre-mer en France
C'est un beau plateau qu'a réuni la chorégraphe Chantal Loïal vendredi matin à l'Assemblée nationale pour débattre "des enjeux et de la représentativité des cultures plurielles dans l'archipel France" en ouverture du festival "Le mois Kréyol".
"Sans les pouvoirs publics, a déclaré le musicien guyanais Yann Cléry, nous artistes, n'avons aucune chance de faire entendre notre voix. Alors, dans les lieux subventionnés, je propose qu'il y ait des quotas pour nous, les mêmes quotas que pour la musique française sur les radios !"
Même Audrey Pulvar, si haut placée, si bien perçue soit-elle dans les médias nationaux, est venue révéler combien il était difficile pour elle aussi de parler des auteurs de la créolité sans qu'on ne vienne lui en faire reproche ! Michel Colardelle, ancien DRAC en Guyane et préfigurateur du musée de Mayotte, est venu raconter comment, malgré l'aval du ministre de la Culture d'alors, Frédéric Mitterrand, le directeur du Louvre s'était opposé à l'exposition de la toile de Vermeer, "L'Astronome", au musée de Kourou ! Pendant près de cinq heures, vendredi dans la salle Colbert (le père du code Noir, quelle ironie !), les personnalités d'Outre-mer de l'audiovisuel comme Jean-Claude Barny, du spectacle vivant, comme Rachel Khan ou Mariann Mathéus, des arts visuels comme Olivia Breleur, Miguel Marajo ou Jean Jérôme, de la musique comme Fabrice di Falco, Françoise Lancréot, ou le tourneur Steeve Delblond ont enchaîné des témoignages sur les difficultés auxquelles ils sont encore et toujours confrontés dans le paysage culturel français. "Qu'est-ce qu'ils veulent ces gens, a ironisé l'ancien DRAC Colardelle en parodiant un haut fonctionnaire du ministère de la Culture, ça ne leur suffit pas de chanter et de danser ?" Tony Chasseur s'est longuement exprimé sur le jazz créole à qui l'on refuse la qualité de jazz. La productrice France Zobda et l'actrice Sabine Pakora ont rappelé que l'Outre-mer regorgeait de bons acteurs et actrices et que Noirs n'était pas leur métier !
Foisonnement d'initiatives
En clôture de colloque, la députée PS de Paris George Pau-Langevin a déploré la fermeture du théâtre parisien du Tarmac qui accueillait régulièrement des créations venues d'outre-mer, l'enterrement de la Cité des Outre-mer (qui, si l'on en croit le livre bleu outre-mer, ne sera plus que virtuelle) et la fin programmée de France Ô ! Elle a juste oublié de mentionner la liquidation de l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer qui était la seule réussite concrète des états généraux de l'Outre-mer de 2009... "Tout cela revient à nier la présence de nos cultures dans la société française !" Pourtant, malgré cet effrayant constat, l'ancienne ministre des Outre-mer observe un foisonnement d'initiatives, le plus souvent individuelles voire solitaires à l'instar de ce festival du mois Kréyol lancé pour la deuxième année consécutive à Paris et en province par la chorégraphe Chantal Loïal et ses équipes de bénévoles. Du 9 octobre au 13 novembre, ce sont 26 événements qui sont proposés dans 22 lieux.
FXG, à Paris
site internet : http://lemoiskreyol.fr