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Publié par fxg

Marie-Anne Poussin-Delmas, présidente de l'IEDOM

Marie-Anne Poussin-Delmas, présidente de l'IEDOM

Bonnes perspectives en Guadeloupe

"L'indicateur de climat des affaires en Guadeloupe est corrélé à la croissance du PIB." Marie-Anne Poussin-Delmas, présidente de l'IEDOM, présentait jeudi 18 avril à Paris, le baromètre économique des Outre-mer. Chez nous, l'amélioration de la tendance qu'on avait observée fin 2017 s'est confirmée, malgré un léger recul en fin d'année 2018, et la croissance du PIB (3,4 % en 2017) a été supérieure à celle de la dynamique nationale. L'industrie agro-alimentaire, le BTP, le tourisme se sont bien portés. 2,32 millions de passagers à Pôle Caraïbes et 350 000 croisiéristes. L'emploi a connu une nouvelle embellie mais globalement le taux de chômage reste largement supérieur à celui de l'Hexagone, malgré baisse de 2,7 % des chômeurs.

Dans un contexte de forte inflation, la consommation des ménages reste soutenue. Elle a été renforcée par l'augmentation de la masse salariale du secteur privé et par les crédits. L'investissement se renforce avec des importations de biens d'investissements qui bondissent de 12 % dont des biens d'équipement (13,7 %), des matériels de transport (10,2 %). Cela est confirmé par une hausse des crédits à l'investissement (+8,2 %). Il y a du mieux aussi dans le BTP avec les ventes de ciment qui remontent (5,2 %). L'effectif salarié de ce secteur a augmenté de 31 % en un an, soit 6 917 salariés contre 5278 fin 2017. Cette activité est soutenue par le nouveau chantier de l'aéroport, le nouveau CHU ou le futur hôtel du MACTe. La banane peine encore à se remettre de Maria ; les exportations sont en baisse de 29,3% après une précédente baisse de 39,1 % en 2017... On en est à 28 516 tonnes contre 66 208 en 2016 !

Les perspectives sont bonnes : la consommation, l'investissement, les financements bancaires, mais les résultats seront hétérogènes. Le secteur primaire va se normaliser (sauf nouveau phénomène climatique). Le BTP devrait aussi se stabiliser quant aux commerçants, ils anticipent un regain de dynamisme après une fin 2018 moins favorable pour eux. Le tourisme pourrait connaître un fléchissement avec la réouverture des escales de croisières fermées depuis Irma et Maria et le départ de Norwegian. Mais par dessus tout, les acteurs économiques devront faire face à une situation de trésorerie tendue à cause des délais de paiement...

La Guyane va commencer à bénéficier des effets du plan d'urgence

"Les perspectives économiques du plan d'urgence ont probablement tiré à la hausse le moral des chefs d'entreprises" résume Marie-Anne Poussin-Delmas. L'indicateur de climat des affaires qui avait plongé au printemps 2017 a retrouvé sa moyenne de longue durée qu'il n'avait pas retrouvée depuis 2011. L'orientation n'est hélas pas franchement affirmée et l'incertitude des chefs d'entreprise est liée à celle du climat social comme à celle de l'insécurité... La croissance du PIB était négative en 2017 ; elle est faible en 2018. Heureusement l'emploi salarié progresse. Avec + 5,3 %, c'est son plus haut niveau historique avec 33 000 salariés. Le nombre de demandeurs d'emploi (22 510) est en baisse de moins de 1 %. La consommation des ménages progresse. 463 millions d'euros de biens de consommation durables et non durables ont été importés, soit 4,7 % de plus qu'en 2017. Même le nombre d'interdits bancaires diminue de 10 %, comme les incidents de paiement CB (- 9,7 %).

Sur le plan des échanges, la Guyane importait en  2017 1,512 milliards d'euros et exportait 202,9 millions d'euros. Ce sont le ciment et les voitures neuves qui ont soutenu l'activité à Dégrad des cannes où ont transité 810 582 tonnes brutes marchandises.

Le secteur de l'énergie est le plus dynamique avec la construction de trois centrales (électrique hybride à Matoury, photovoltaïque à Mana et une usine de biomasse à Cacao. Total a laissé tomber son exploration pétrolière, Montagne d'or n'a pas encore accouché son projet, l'activité aurifère diminue et le BTP est en attente des grands chantiers issus du plan d'urgence pour la Guyane. Ces derniers vont commencer à donner de l'air à l'économie guyanaise. Trois nouvelles centrales sont attendues à Sinnamary, Mana et Montsinéry-Tonnégrande, les premiers collèges et lycées du plan d'urgence, la deuxième tranche des travaux de la RN1, le commissariat de Cayenne, déchèteries, agrandissement de casernes ainsi que la construction de nombreux logement s sociaux dans le cadre de l'OIN. "La capacié du monde économique, avertit l'IEDOM, à engager ces chantiers est  à prendre en compte..." Autrement dit les entreprises ont intérêt à être prêtes.

Les gilets jaunes ont fragilisé l'économie locale affirme l'IEDOM

"L'indice de climat des affaires a été à son plus haut niveau dix ans aux trois premiers trimestres 2018 pour retomber à son plus bas niveau depuis cinq au quatrième trimestre." L'IEDOM a relevé en ce qui concerne la Réunion le fort impact des gilets jaunes en fin d'année, notamment sur les entreprises. 50 % d'entre elles ont perdu un quart de leur chiffre d'affaires entre le troisième et le quatrième trimestre 2018. Malgré la croissance de l'économie, la population ne voit pas son quotidien s'améliorer : Le chômage reste élevé (138 810 demandeurs d'emplois) à 24 % et a même pris 2,2 % l'an dernier alors qu'il avait baissé en 2017. La vie reste chère même si la consommation est restée soutenue par les ménages et l'inflation à 1,8 %. Les inégalités persistent... La croissance du PIB qui prenait jusqu'alors quelques pourcentages par an sera beaucoup plus faible en 2019. L'agro-alimentaire serait l'activité la plus touchée. La campagne cannière a été mauvaise à cause des conditions climatiques en début d'année... Heureusement, la NRL et son chantier titanesque soutiennent le BTP (1,4 milliards d'euros) et le tourisme (534 630 visiteurs, soit +5,3 % et 432 millions de chiffre, soit + 21,3 %) est très bien orienté (effet French Bee). Les intentions d'investir des chefs d'entreprise se replient mais restent positives et confirment la reprise de l'investissement opéré depuis 2017. D'ailleurs, les crédits d'investissement continuent de croître (3,1 % fin 2018 contre 8,5 % en 2017.

Le commerce extérieur est en nette dégradation. Les exportations reculent de 12 %, c'est principalement du aux légines et au sucre. Les importations augmentent peu (0,5%), mais elles sont impactées par la hausse des cours du pétrole (qui représente 10 % des importations). Les importations de biens d'équipement et de produits courants ont diminué de 1,7 %...

L'IEDOM estime que l'économie réunionnaise a un fort potentiel dans les énergies renouvelables et le traitement des déchets. "L'année 2019 sera décisive, estime la patronne de l'IEDOM, avec la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie et le plan unique des déchets qui devraient permettre d'apporter de la lisibilité sur un projet d'avenir."

Perspective incertaine en Martinique

L'économie martiniquaise patine. L'indicateur de climat des affaires oscille autour de sa moyenne de longue durée mais n'indique pas une tendance claire dans la reprise de l'activité. Il faut dire que la démographie n'incite pas à la confiance. En dix ans, la Martinique a perdu 8% de sa population. Sa population perd 4000 personnes par an pour une population totale estimée à 282 000 habitants en 2030.

Le PIB a perdu 0,2 % entre 2017 et 2018. La situation est "atonique" dans le secteur primaire  (qui affiche des résultats mitigés avec notamment une reprise des bananes à l'export qui n'atteint pas les résultats d'avant la tempête Matthew en 2016), l'agro-alimentaire, le BTP et le transport. La Martinique n'a pas de chantier structurant en perspective et la commande publique comme privée est faible. Seule la construction de logements progresse. Les commerçants ont fait face à une activité faible malgré des ménages qi continuent de consommer (automobiles + 5 %). La grande distribution enregistre une hausse de son chiffre de 1,7 % en 2018 après une baisse de 1,2 % en 2017

La vraie bonne nouvelle, c'est la baisse du chômage. On compte 40 693 demandeurs d'emploi à la fin décembre 2018, soit une baisse de 4,6 %. Le marché de l'emploi retrouve sa tendance à la baisse, perturbée l'an passé, entamée en 2013. Compte tenu de la baisse démographique et de sa concentration au sein des moins de 25 ans, il convient de ne pas interpréter avec trop d'allégresse cette baisse du chômage, prévient l'IEDOM. Mais c'est cette baisse de la demande d'emploi qui s'accompagne de la hausse de la masse salariale du secteur privé ( + 3 % en 2018 et  + 2,1 % en 2017) qui permet de soutenir la consommation des ménages, elle -même soutenue par le recours au crédit.

Dans le tourisme, ça va fort avec le million de touristes dépassés et quasiment 2 millions de voyageurs à l'aéroport Aimé-Césaire. Néanmoins, comme pour la Guadeloupe, la croisière risque d'être impactée par la reprise des destinations touchées par Irma et Maria, tout comme le nombre de voyageurs avec le départ de Norwégian.

Les perspectives sont incertaines avec un environnement public atone. Le privé se contente de renouveler l'existant et la contribution de l'administration publique tant en matière de consommation que d'investissement est négative. Dans cette perspective, l'IEDOM estime que 'la hausse du prix de l'énergie, les effets de la loi de finances 2019 et la hausse des tarifs douaniers pourraient limiter la progression du pouvoir d'achat et affaiblir la consommation privée.

Sur quoi peut alors miser notre économie, hormis le tourisme ?  Les leviers de croissance, selon l'IEDOM, reposent sur les économies vertes et bleues et le BTP qui pourrait engager "plus rapidement qu'attendu" son adaptation aux nouveaux besoins du marché, notamment la rénovation et la réhabilitation de logements.

FXG, à Paris

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