10 mai 2019 au Luxembourg
Un momunent, une fondation, un musée
Au jardin du Luxembourg, le 10 mai dernier, Macron a réitéré ses annonces pour la mémoire de l'esclavage.
Le président a promis l'installation prochaine de la fondation pour la mémoire de l'esclavage à l'Hôtel de la Marine, l'ouverture d'un monument aux victimes de l'esclavages aux Tuileries en 2021 et des moyens au MACTe.
Pour sa première participation en tant que chef de l'Etat à la cérémonie nationale de commémoration de l'esclavage, de la traite et de leurs abolitions, au Jardin du Luxembourg, hier, Emmanuel Macron a confirmé ce qu'il avait déjà dit le 27 avril 2018 au Panthéon, à savoir la création d'un monument, d'un musée, d'une fondation et des programmes scolaires renouvelés. Ainsi, "un lieu solennel de rassemblement", "un mémorial des victimes de l'esclavage" sera créé au jardin des Tuileries en 2021. C'est le fameux "Mur des noms" proposé par le CM 98 et la fondation Esclavage et Réconciliation présidée par Serge Romana. Le président de la République a encore affirmé que la fondation pour la mémoire de l'esclavage serait installée "dans les tous prochains mois", à l'hôtel de la Marine.
Enfin, les mécènes et fondateurs comme le budget de la Fondation pour les trois ans à venir sont désormais connus : CDC Habitat, Quartus Solidaire, Groupe Bernard Hayot, Fondation trace TV, Corine et Pierre Sainte-Luce, Groupe Action Logement, SNCF et IEDOM ainsi que des collectivités (Basse-Terre, Bordeaux, Brest, Fort-de-France, Houille, La Rochelle, Lorient, Montceau-les-Mines, Nantes, Paris, Pointe-à-Pitre, Saint-Denis de la Réunion, Saint-Pierre de la Martinique, le Havre, les départements de la Réunion et de la Guadeloupe, les régions Guadeloupe et Ile de France et les collectivités territoriales de Guyane et de Mayotte). Ensemble, ils ont rassemblé 1,6 millions d'euros de capital et 2 millions de budget annuel (dont 50 % abondé par l'Etat).
Taubira, présidente du comité de soutien
Si son président sera l'actuel président de la mission de préfiguration de ladite fondation, l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, elle aura un comité de soutien présidé par Christiane Taubira qui saura mettre à son service, selon le président de la République, "sa verve, sa force, son aura". Aux côtés de l'ancienne garde des Sceaux, des personnalités comme Patrick Chamoiseau, Maryse Condé Myriam Cottias, Doudou Diène, Daniel Maximin, Simone et Jacques Schwarz-Bart ou François Vergès...
"Cette fondation, a ajouté Emmanuel Macron, renforcera la cohésion nationale en transmettant l'histoire mondiale de la France". Enfin Emmanuel Macron a réaffirmé encore le renforcement du Mémorial ACTe en Guadeloupe. Après avoir rendu hommage à son créateur, Victorin Lurel qu'il a fait applaudir, le président de la République a confirmé l'engagement financier de l'Etat aux côtés des collectivités locales pour ce musée de l'esclavage au statut désormais d'établissement public de coopération culturelle.
Le président de la République a conclu son allocution en évoquant l'esclavage, "terrible réalité contemporaine" et ses 20 000 victimes actuelles. "Nous avons un devoir d'action", a-t-il déclaré en évoquant Daesh et Boko Haram avant de rendre hommage à l'invitée de marque de ce 10 mai, Nadia Murad, prix Nobel de la paix, militante des droits de l'Homme, irakienne d’origine kurde et issue de la communauté yézidie.
FXG, à Paris
Une cérémonie initiée par Chirac en 2006
La cérémonie du 10 mai au Luxembourg n'est pas une cérémonie populaire, mais une cérémonie sur invitation. C'est le Comité national pour ma mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE) qui les adresse et c'est l'Elysée qui les valide. Initiée par Jacques Chirac en 2006, en application de la loi Taubira reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité, la journée du 10 mai n'a jamais zappé par un président de la République sauf l'an dernier où, Emmanuel Macron, retenu en Allemagne, avait délégué son Premier ministre. Le président s'était exprimé quelques jours avant le 27 avril, date anniversaire de la signature du décret d'abolition. Cette fois, autour du chef de l'Etat, au moins cinq ministres du gouvernement Philippe, trois anciens ministres des Outre-mer (Perben, Lurel et Pau-Langevin), mais pas l'actuelle locataire de la rue Oudinot "retenue en circo".
Côté parlementaires, pas de Guyanais, un Réunionnais (David Lorion), quatre Guadeloupéens (dont Victoire Jasmin, Hélène Vainqueur-Christophe et Olivier Serva), un Martiniquais (Serge Létchimy) et deux Mahorais (Tany Soilihi, Ramlaty Ali)... Dans le public, des personnalités comme Christiane Taubira, Jacques Martial, Claudy Siar, Bernard Hayot (en photo avec Nathalie Fanfant, conseillère LR de Paris)...
Les flammes de l'égalité
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale a remis le prix de la flamme l'égalité aux élèves de 4e du collège Eugène Yssap de Sainte-Anne (Guadeloupe) et Sibeth Ndiaye, porte-parole du Gouvernement, a remis le même à deux collégiens, l'un de la Rochelle, l'autre du Raizet (Guadeloupe).
Ironie du sort, le président a récompensé des lycéens d'Amiens, son fief.
Le 23 mai prochain, lors de la journée nationale d'hommage aux esclaves, ce sera le prix de thèse du CNMHE qui sera remis.
Abolition du mépris vis-à-vis des Outre-mer
Sitôt la cérémonie achevée, une poignée de militants se sont retrouvés devant le Panthéon pour une contre-journée nationale, autour de Daniel Dalin (Collectifdom), du comédien Greg Germain ou du producteur Frédéric Tyrode Saint-Louis. Sur leur pancarte : "Abolition du mépris vis-à-vis des Outre-mer". Tout de go les protestataires enchaînent les raisons de leur colère : Congés bonifiés, sargasse, chlordécone, vie chère, France Ô, agence des cultures d'Outre-mer, Cité des Outre-mer...
Ils ont dit :
Jean-Marc Ayraud, président de la fondation pour la mémoire de l'esclavage : "C'est une histoire à la fois ancienne et proche qui nous renvoie à ce que nous sommes, la France, notre diversité et qui nous renvoie aussi à des questions contemporaines comme l'esclavage aujourd'hui dans le monde. Il y a encore des combats à mener ; il y a une histoire à raconter, à faire connaître, à partager et je crois que c'est un élément très fort de la cohésion nationale pour tous les Français de bien maîtriser cette histoire et de faire vivre les valeurs républicaines. Pour ça nous avons besoin, au-delà de la loi Taubira, de cette nouvelle institution, la fondation pour la mémoire de l'esclavage."
Christiane Taubira, présidente du comité de soutien de la Fondation : "Il y a de très belles personnalités dans le comité de soutien, c'est plus important que moi parce que moi, vous savez, j'ai des roulettes sous les pieds, donc j'aime courir le monde... J'ai accepté cette responsabilité essentiellement pour accompagner les belles personnalités qui ont consenti à y participer."