Victime d'une bavure policière à Paris
Un jeune Martiniquais victime de "violence gratuite, barbare et imbécile"

"Combien de bavures faudra-t-il encore subir ?" C'est la question que lance l'avocat pénaliste Alex Ursulet alors qu'il vient d'être désigné à la défense d'un jeune Martiniquais, Mathieu Barre, tabassé gratuitement et de manière totalement disproportionnée par un policier de la BAC dans la nuit du 12 au 13 juillet sur les Champs-Elysées à Paris.
Ce vendredi 12 juillet, Mathieu qui a 23 ans passe la soirée au Trust, une boite de nuit afro-antillaise des Champs-Elysées. Il est accompagné de son beau-frère Miguel, 29 ans, et d'un ami, Fabien, 25 ans, lui-même accompagné de deux amis. Ils dansent, boivent du champagne et dansent encore jusqu'à 5 heures. Au pipirit chantant, ils sont dehors et marchent sur la chaussée, à côté du trottoir, quand une voiture banalisée se porte à leur hauteur. A l'intérieur, quelqu'un leur crie de manière agressive de marcher sur le trottoir. Mathieu qui a pas mal bu répond sur le même ton. S'ensuit une empoignade avec un passager du véhicule. Elle cesse rapidement et Mathieu revient vers le trottoir en contournant la voiture pas devant. A cet instant, le chauffeur sort et lui assène un violent coup de matraque au visage. Miguel, voyant cela, se précipite vers Mathieu et reçoit à son tour une bonne giclée de gaz lacrymogène. A partir de là, Mathieu ne se souvient plus de rien et c'est son beau-frère Miguel qui raconte comment, alors que Mathieu est inconscient et à terre, des policiers le menottent et le relèvent avant de l'embarquer au commissariat du 17e où il sera placé en cellule de dégrisement. Mathieu retrouve un peu ses esprits et demande aux policiers pourquoi ils n'ont pas aussi embarqué l'autre acteur de la bagarre. Question restée sans réponse. A midi, Mathieu reçoit la visite d'un médecin qui lui pose deux pansements. Il constate un hématome à l'oeil droit, une plaie et l'impossibilité d'ouvrir la paupière. Il prescrit une semaine d'incapacité temporaire de travail et une hospitalisation à Cochin pour être pris en charge par un ophtalmologue. Les policiers ignoreront cette dernière prescription et Mathieu gardera les mêmes pansements jusqu'à ce qu'il soit finalement relâché le 13 juillet à 23 heures, non sans avoir reçu une convocation devant la police pour le 16 juillet. C'est seulement quand il prévient son beau-frère de sa libération que ce dernier lui apprend que ses agresseurs sont des policiers de la BAC. Le 14 juillet, au service des urgences, on lui diagnostique une fracture de la paroi extérieure latérale du sinus inférieur droit.
"J'en appelle au président de la République"

Me Ursulet a fait reporter la convocation au 26 juillet prochain car entretemps, Mathieu a été hospitalisé. "Mon client est victime d'une violence gratuite, barbare et imbécile et il se retrouve convoqué par la police ? Il ne fait pas bon être Noir en France ces jours-ci !"
Dans le climat actuel où se multiplient des violences racistes mettant aussi en cause la police (voir notre dossier dans le France-Antilles du 13 juin en Guadeloupe et du 24 juin en Martinique), mais également des paroles racistes émanant de personnalités politiques (comme le tweet de Nadine Morano), Me Ursulet en appelle au président de la République : "J'en appelle au président pour qu'il veille à ce que le Noir cesse de servir de punching-ball d'entraînement à la police de la République. C'est inadmissible et la communauté noire risque bien de se révolter face à de pareils traitements. Elle mérite plus d'humanité de la part des serviteurs de la République."
D'ores et déjà, l'avocat a déposé une plainte pour violence aggravée par personne dépositaire de l'autorité publique. Il annonce saisir l'inspection générale des Services et devrait annoncer après l'audition de son client jeudi d'autres initiatives plus larges.
Le commandant de police du commissariat du 17e que France-Antilles a contacté pour avoir un avis contradictoire n'a pas souhaité communiquer d'informations au sujet de cette affaire.
FXG, à Paris