"Riding zone", l'émission de sport extrême et d'aventure de France Ô passe sur France 3
Interview. Jonathan Politur, producteur de "Riding zone"
"Nous sommes passés d'une émission de glisse à un programme de valorisation des jeunes"
Le Guyanais Jonathan Politur dirige la société de production audiovisuelle Puzzle média. C'est avec elle qu'il produit depuis plus de dix ans l'émission "Rinding zone" sur France Ô. Malgré la fermeture prochaine de la chaîne ultramarine de France TV, cette émission est avec "Les Témoins d'Outre-mer" et l'information et une case documentaire, la seule rescapée du naufrage puisqu'elle commence sa 13e saison sur France 3, le samedi à 10 h 50 à 11 h 20, après Ludo, une grosse case jeunesse. Retour sur l'histoire d'une bascule qui n'était pas gagnée d'avance !
Ca fait quoi de passer de France Ô à France 3 ?
C'est vraiment une grande fierté de basculer sur une antenne aussi forte que France 3 parce qu'elle est plus exposée que France Ô et fait plus d'audience, c'est donc d'autres enjeux pour nous. L'autre fierté, c'est qu'il n'y a jamais eu sur une grande chaîne du service public une émission autour de cette thématique. C'est vraiment une première qu'on propose.
Quand vous avez appris la fin de France Ô, avez-vous eu des craintes pour l'avenir de "Riding zone" ?
Quand nous avons appris la fermeture de France Ô, ils ont décidé d'arrêter les programmes et les productions qu'ils finançaient. Donc évidemment, j'ai eu très peur. Depuis le mois de décembre 2018, je suis en négociations avec France TV. Là où j'ai eu moins de crainte, c'est sur notre potentiel à passer d'une chaîne à l'autre parce que contrairement à beaucoup de producteurs, j'avais déjà anticipé le fait que "Riding zone" devait avoir plus d'ambition que simplement celle donnée par France Ô. Ca fait quelques années que malheureusement la situation à France Ô est compliquée, qu'il n'y avait plus de réflexion éditoriale ou d'ambition autour des programmes. On nous laissait faire...
Quelle a été votre botte secrète ?
Dans le même temps, la direction de France TV nous parlait toujours de la cible jeunesse et de l'ambition digitale du groupe... "Riding zone" est la marque digitale la plus forte de France TV... On est une communauté de 621 000 abonnés sur Youtube, 150 millions de vues ces 4 dernières années et 75 millions juste cette dernière année... Nous, on avait déjà une vraie audience et une communauté qui ne faisait que grossir. Et plus qu'une émission de glisse, nous sommes passés à un programme de valorisation des jeunes. Le digital nous a servi à montrer, et moi dans les négociations, à prouver que "Riding zone" correspondait exactement aux nouvelles attentes de France TV, c'est-à-dire un programme linéaire aussi puissant sur une antenne classique que sur le digital.
On était vraiment les bons élèves et on pensait qu'on allait être récompensés par notre travail, mais il a fallu vraiment beaucoup se battre...
Le concept de "Riding zone" se limite-t-il à de la glisse et du sport extrême ?
L'émission a beaucoup évolué en 12 saisons et c'est ça qui nous a permis de trouver notre public. On est passé depuis quatre ans d'une émission glisse pure et dure avec un traitement lié à l'actualité et aux résultats sportifs à une écriture beaucoup plus grand public. Dans "Riding zone", il y des séquences de divertissement, des caméras cachées, des défis originaux... On a fait passer à un champion de moto les épreuves de motard de la gendarmerie... On a fait affronter un champion de parcours à un légionnaire... L'autre chose qui a contribué à gonfler nos audiences, c'est que chaque semaine, nous proposons une vraie immersion avec une personnalité de l'extrême. C'est un portrait au long court où l'on apprend à découvrir l'homme ou la femme derrière le champion. Là où je suis content de l'émission, c'est qu'on s'adresse aux jeunes, c'est-à-dire les moins de 40 ans. Sur cette cible, il y a très peu de choses à part les programmes de real TV que nous proposent W9 ou TFX... Nous valorisons des gens qui sont passionnés, qui pratiquent dans des paysages à couper le souffle, qui vont au bout de leurs rêves et des rêves non financiers... C'est ça qui est beau dans "Riding zone" ! Même si notre champion, il est très fort en skate ou en BMX, il est loin de pouvoir en vivre.
L'émission est incarnée par Tiga depuis le début...
On peut dire qu'on l'a révélée ! Tiga a commencé avec nous et elle a été repérée puisque depuis un an, elle est sur "Echappée belle" sur France 3.
Et la Guyane, vous tournez chez vous, en Guyane ?
Je n'oublie jamais la Guyane ! J'aimerai y faire encore plus de choses... Mais pas que la Guyane. En Martinique, nous réalisons le magazine quotidien du tour des Yoles et cette année, nous avons mis en place pour la première fois un dispositif de captation aérienne avec des drones. Nous avons tourné également en Martinique un film de 52 minutes sur Philippe Rivière, un personnage découvert dans "Riding zone". On a tourné "Vertige aux Marquises", un 52' pour lequel on a tendu les premières slacklines entre les fameux pitons rocheux de cet archipel de Polynésie. Il sortira sur France TV à la mi-novembre. Pour W9 et M6, on a tourné un documentaire en immersion pendant 50 jours à la frontière de la Guyane et du Brésil : "Légion étrangère, mission à haut risque en Amazonie" qui a été un vrai succès d'audience. Je viens d'envoyer un de mes réalisateurs suivre des scientifiques du CNRS et des légionnaires au coeur du parc national amazonien de Guyane à la rencontre des orpailleurs illégaux brésilien — le film n'est pas encore vendu et ça va choquer tout le monde : pendant 40 jours,. Au moment où Macron gueule contre Bolsonaro, on voit comment on laisse faire l'orpaillage clandestin en Guyane... Un truc de fou ! Enfin, Puzzle média a signé un contrat avec le centre spatial guyanais pour qu'on leur fournisse leur contenu éditorial. Je n'ai pas du tout oublié la Guyane loin de là ! Et je travaille toujours pour tenter de vendre des programmes aux plus grosses chaînes. C'est le boulot du producteur !
Propos recueillis par FXG, à Paris