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Publié par fxg

Nina Barbier, réalisatrice

Nina Barbier, réalisatrice

Un film d'impact ou feel good, c'est selon

"Peut-on encore vivre aujourd'hui quelque part sur cette planète sans échange monétaire ?" C'est la question que pose la documentariste Nina Barbier dans, "Vanuatu, coutume, troc et dent de cochon" le film qu'elle a présenté hors compétition au 17e FIFO, à Papeete le 4 février. Au Vanuatu coexistent deux économies parallèles : une économie libérale et même off shore à Port-Vila et dans les îles touristiques, avec des banques, des paquebots et des duty free shop, et dans la plupart des 84 îles de cet archipel une économie traditionnelle où le fric n'existe pas. "Les gens ont tous un jardin puisqu'au Vanuatu, on naît avec de la terre. Ils vivent avec les cultures de leurs jardins", explique Nina Barbier qui a passé plusieurs semaines de tournage sur les îles de Pentecôte et Embrym, A l'indépendance du Vanuatu, ex-Nouvelles Hébrides, en 1980, le président Walter Lini a participé au mouvement socialiste mélanésien. Il prône alors le partage, la mutualisation et la valorisation des ressources dans les jardins, leur agriculture. Il prône une économie traditionnelle basée sur les échanges, les dons et contre-dons, en un mot, la coutume.

"L'argent existait bien avant l'arrivée des blancs dans toutes ces îles, explique la réalisatrice, c'étaient les monnaies coutumières que sont les dents de cochon, les nattes rouges et les coquillages. Le nouvel Etat s'est doté d'une monnaie, le Vatu, mais dans l'économie traditionnelle, la dent de cochon est un véritable système bancaire parallèle. Chaque cran de la courbe de la défense du cochon correspond à de l'argent, à un grade chez les chefs coutumiers. C'est en nombre de cochons qu'on va juger de sa richesse.

"Depuis Bretton Woods, poursuit Nina Barbier, nous vivons sous l'étalon dollar, il y a l'étalon or et il y a l'étalon cochon. "It's our money, it's our gold !", dit un chef arborant sa belle dent de cochon sur le torse.

Sur ces îles sans hôtel, ni chambre d'hôte, ni commerce, ni route, les anciens mettent en garde les jeunes qui veulent aller travailler à Port-Vila : "Allez-y, vous voulez gagner de l'argent, mais vous n'allez pas en gagner assez et vous allez vivre comme des esclaves..."

Les communications sont chères et compliquées entre les îles de l'archipel, ce qui ne favorise pas les échanges. "Les gens vivent en autarcie, raconte Nina Barbier, et ce sont les jeunes comme Bosco, un de ses personnages, qui a pris le ferry il y a cinq ans et qui revient pour la première fois avec des vêtement, du riz, du café, de l'essence, du savon et de la lessive... "L'économie coutumière, continue Nina Barbier, et la tradition non seulement subsistent, mais elles préservent les populations des affres que subissent aujourd'hui les sociétés capitalistes modernes."

"On est catégorisé comme un des pays les plus pauvres, mais on est classé depuis plusieurs années comme le pays où l'homme est le plus heureux", témoigne Ralph Regenvanu, ministre des affaires étrangères du Vanuatu, qui soutient le maintien d'une économie traditionnelle. La loi permet désormais de pouvoir régler une note d'hôpital ou des frais de scolarité avec un cochon par exemple.

Avec son film, Nina Barbier chatouille les consciences : "On est dans une bulle financière énorme. En France, on est endetté et on vit de façon totalement artificiel avec des taux d'intérêt négatifs. Ca n'a pas de sens ! La bulle va nous péter en plein la figure et les Vanuatais, ils vont bien rigoler !"

FXG, à Papeete

A voir sur Polynésie la 1ère et Ushuaia TV

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