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Publié par fxg

Marie-Annick Lebeau, la mère de Jérôme, qui comparaissait libre est repartie en prison

Marie-Annick Lebeau, la mère de Jérôme, qui comparaissait libre est repartie en prison

28 ans de prison pour Jérôme Lebeau, 5 dont 4 ferme pour sa mère

Jeudi 5 mars, le jury composé de magistrats professionnels de la cour d'assises spéciale de Paris a reconnu coupables,  Jérôme (25 ans) et Marie-Annick Lebeau (59 ans) des faits d'association de malfaiteurs terroristes et pour le seul Jérôme, de tentative d'homicide volontaire sur des officiers de police en lien avec une entreprise terroriste.  Le fils a été condamné à une peine de réclusion criminelle de 28 ans dont deux tiers de sûrté, la mère, une peine de cinq ans dont quatre ferme.

Pendant les quatre jours qu'ont duré ce procès, défense et accusation ont essayé chacun lors des auditions de témoins et d'experts de convaincre la cour. Me Arab-Tigrine et Me Sieber, les avocates de Jérôme Lebeau, ont essayé de minimiser la gravité des faits, de plaider son immaturité, son renfermement, et de laisser entendre que jamais leur client ne serait passé à l'acte. Me Desrues, l'avocat de Marie-Annick Lebeau, a essayé de minimiser le rôle de sa cliente en plaidant sa faiblesse et son manque de discernement, sa relation fusionnelle avec son fils qu'elle ne voulait décevoir... Mais jeudi matin, le réquisitoire de l'avocate générale a été implacable et c'est elle qui a fait pencher la balance de la justice.

"En l'entraînant dans la radicalisation, a requis la magistrate, la mère a donné à son fils une image positive de lui-même." Car c'est la rupture qu'elle provoque avec le père de ses enfants qui va lui donner l'occasion de recréer un lien avec son fils. "Ce qui est bon pour elle est bon pour lui ! Elle partage la même trajectoire que son fils et ce fils obtient tout ce qu'il veut de sa mère. C'est cela, précise l'avocate générale l'association de malfaiteurs." Ils regardent ensemble les vidéos terrifiantes de propagande de l'Etat islamique. Jérôme adhère à fond à sa vision manichéenne du monde. "Il a été invité à rejoindre l'EI, poursuit la magistrate qui rappelle qu'il s'est engagé le 17 décembre 2015, soit un mois après les attentats de Paris. Il est en contact avec des personnalités comme Rachid Kacim. Il veut partir en Syrie, mais c'est sa mère qui le dissuade car elle ne veut pas se séparer de lui.

"Couple infernal"

Elle lui paye son inscription à un club de tir en mai 2016, sa carabine en juillet, le pistolet automatique en août. Durant tout ce temps, il ne cesse de faire des recherches sur les armes sur Internet. Il achète le fusil à pompe en septembre. "On nous dit qu'il fait de la phobie soviale, invective l'avocate générale, mais il vient régulièrement au stand de tir !" Il monte ensuite son expédition à l'oratoire de Saint-Expédit où il décapite les statues et produit une vidéo. A partir de janvier, sa communication sur Internet devient étrangement imprudente. Il publie une vidéo où il appelle au djihad armé et à tuer les "kouffar", les policiers, les militaires, les homosexuels, les sorciers... Il fait des recherches internet sur les explosifs... Le 30 janvier, c'est sa dernière séance au stand de tir. Le 17 février, il reçoit sur Télégram le testament de Rachid Kacim. En mars, il essaie de faire de l'explosif avec des balles de ping pong. De nouveaux messages imprudent sur Twitter, un réseau non crypté : "Pas d'alliance avec les kouffars !" "C'est comme si, il voulait se faire repérer, explique le ministère public. Quant à Marie-Annick Lebeau, non, elle n'est pas passive, oui, elle a de l'autorité sur son fils, elle est est volontaire, dynamique, intéressée..." Elle finance tout, les armes, les munitions, les cours de tir, elle participe aux deux expéditions contre les lieux de culte... "Dans ce couple infernal, conclut le réquisitoire, aucun ne veut quitter l'autre. La seule façon de mener à bien le combat de Jérôme sans qu'il ne quitte sa mère, c'est de provoquer l'action violente chez eux !" C'est ainsi qu'apparaîtra le compte Twitter du "tueur souriant", celui qui sera repéré le 27 février 2017. Il y aura encore quatre signalements en avril alors qu'il n'y en avait plus eu depuis 2015... Le matin du 27 avril, Jérôme est prêt. Le fusil à pompe est posé à côté de son lit, les cartouches sur l'armoire, elle aussi à côté de son lit. Quand le GIPN débarque à 6 heures, il ne mettra que 12 secondes pour charger son arme, la pointer et tirer sur les deux policiers. "Il accomplit sa mission, explique l'avocate générale, et étant blessé, il fait un pas vers le martyr, c'est pourquoi il sourit..." C'est cette version qui a aboutit à cette lourde condamnation. Jeudi soir, Jérôme Lebeau est retourné à la prison de la Santé et sa mère qui comparaissait libre, a repris le chemin de la prison.

FXG, à Paris

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