La méthode Patrick Karam
L’homme qui aime murmurer à l’oreille des présidents
Patrick Karam avait saisi le président de la République pour l’alerter par une lettre ouverte et signée par 186 personnalités et associations de la sphère ultramarine sur la crise sanitaire dans les Outre-mer « révélatrice de carences structurelles et de la paupérisation de nos populations ». A cette lettre, il avait adjoint une note très détaillée faite de constat et de propositions dont la principale était d’avoir « une stratégie d’anticipation pour éviter l’engrenage de la crise. » Le 16 juin, Emmanuel Macron lui a répondu par une lettre de trois pages dans laquelle il reprend point par point à ses propositions. Mais surtout, Emmanuel Macron lui a ouvert une porte en le mettant en lien avec son directeur de cabinet, Patrick Strzoda. Ce dernier, écrit le président, « n’a pas manqué de me faire part de la teneur de vos échanges, notamment concernant le risque de dégradation de la situation sociale (…) mais aussi vos inquiétudes s’agissant de la filière du tourisme, de la pêche ou encore des télévisions privées… » Patrick Karam s’est démené pour que cette lettre ouverte arrive sans trop d’intermédiaire sur le bureau du président. Après l’entretien téléphonique avec son directeur de cabinet, la deuxième étape devait être un rendez-vous physique, mais la démission du gouvernement vendredi est intervenue avant. Pour autant, Patrick Karam nous a indiqué qu’il ne sollicitait rien, pas même le portefeuille de l’Outre-mer : « Je souhaite seulement établir la même relation de travail avec l'Elysée que j'avais à l'époque de François Hollande dans l'intérêt des outre-mer. » A quoi il ajoute qu’il ne voudrait être ministre des Outre-mer que si Valérie Pécresse était nommée à Matignon. Mais c’est Jean Castex qui a été nommé… Néanmoins, si le choix du ministre des Outre-mer appartient au Premier ministre, le président de la République sera très attentif à son encadrement et pourrait imposer un directeur de cabinet. Là encore l’intéressé décline. « Je serai plus efficace à l'extérieur car il faut un lobby qui dialogue au plus haut niveau de l'Etat avec le président lui-même ainsi que ses ministres. »
Le fondateur du Collectifdom, puis du CReFOM est en train de mettre sur pied une nouvelle association qui s'appelle UNIR composée à ce jour plus de 230 associations et regroupant les têtes de réseaux de toute la diversité et des outre-mer. Tout cela est prêt mais il attendait la fin de la crise sanitaire pour la mettre sur orbite. Finalement, son lancement devrait intervenir en septembre ou octobre. A temps pour la campagne présidentielle de Valérie Pécresse. C’est la méthode Karam, déjà bien aguerrie.
FXG