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Publié par fxg

Le préfet de Martinique poursuivi

Affiche des ananas : le parquet général demande le dépaysement à Paris

Le 3 août dernier, Kévin Zobal, Wilhem Antonin, Charles Moussard, Bruno Pelage, Axel Dédé, Lubert et Teddy Labonne, plus connus sous l’appellation collective des « sept d’Océanis », ont cité le préfet de la Martinique Stanislas Cazelles à comparaître ce 30 septembre devant le tribunal judiciaire de Fort-de-France pour répondre du chef d’injures publiques à caractère racial. Cette citation directe se fonde sur l’émission d’une affiche le 22 mai dernier dans le cadre de la crise sanitaire, préconisant une distanciation sociale d’un mètre ou 5 ananas.

Le parquet général de Fort-de-France a déposé une requête en dépaysement à la chambre criminelle de la Cour de cassation. Dans sa requête datée du 26 août, Pierre-Yves Couilleau, le procureur général, écrit : « Selon les plaignants, cette affiche révèlerait une forme de mépris à l’égard des Martiniquais en ce qu’elle soulignerait leur incapacité à apprécier autrement la distanciation que par une représentation imagée ». Il est vrai que le soir même où cette affiche était posée, le préfet de la Martinique écrivait dans un twitt : « Nous venons de retirer l'illustration publiée hier concernant la distanciation physique. Nous présentons nos excuses si elle a pu heurter certains d'entre vous. L'unique objectif était de montrer l'importance de la distanciation face à l'épidémie. »

Pour autant, le parquet général indique dans sa requête que « deux arguments militent pour un dépaysement de cette affaire vers une juridiction n’appartenant pas aux juridictions d’Outre-mer », c’est-à-dire que non seulement, il conviendrait de dépayser mais surtout pas en Guadeloupe ou en Guyane. Il ne s’en explique pourtant pas au risque de laisser entendre l’existence de justices différentes selon que l’on se trouve en Outre-mer ou dans l’Hexagone… Cette précision exclusive aurait pourtant tendance à entériner le caractère délictueux de l'affiche... Le premier argument développé par le représentant de la société est de considérer que « les relations professionnelles étroites entre le ministère public de Fort-de-France, plus généralement les juridictions, avec l’autorité préfectorale martiniquaise rendraient soupçonnable, au nom de l’impartialité objective, toute décision juridictionnelle. » Le procureur général évoque ensuite « la situation très tendue que connaît la Martinique depuis environ une année » et les « débordements devant le tribunal judiciaire notamment le 13 janvier ». Il parle donc des sept d’Océanis, ceux-là même qui le 3 juin dernier avaient trouvé le palais de justice fermé avant d’apprendre que leur procès avait été renvoyé sine die… M. Couilleau estime que les « attaques incessantes dont singulièrement le ministère public fait l’objet en raison de son action, ne permet pas de penser qu’une telle affaire puisse, ne serait-ce même, que sur le terrain de la recevabilité, être examinée sereinement à Fort-de-France. » C’est pourquoi il sollicite de la Cour de cassation qu’elle désigne le tribunal de Paris. Consultée, la défense des plaignants n’a pas souhaité faire de commentaire. La dernière fois qu’une affaire a été dépaysée à Paris, c’était l’affaire Green Parrot qui s’est terminée en eau de boudin, renvoyant le parquet de Fort-de-France à ses responsabilités.

FXG

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