La France et Le Suriname s'accordent partiellement sur leur fontière
France et Suriname fixent leur frontière et signent une convention de coopération
Albert Ramdin, ministre surinamien des Affaires étrangères, du Commerce International et de la Coopération, et son collègue Kenneth Amoksi, ministre de la Justice et de la Police, ont été reçus rue Oudinot lundi après-midi par Sébastien Lecornu, en l’absence de Jean-Yves Le Drian (excusé pour cause de cas contact). Le document signé, annexé à la convention de 1915 qui fixe la frontière entre nos deux pays, permet ainsi de déterminer la frontière sur trois segments allant de l’embouchure du fleuve Maroni à la jonction des rivières Lawa, Litani et du fleuve Maroni, hors le « contesté historique », à savoir le 4ème segment en amont du fleuve Maroni à partir de Maripasoula. La France estime en effet que l'Itany est le cours supérieur du Lawa, tandis que le Suriname juge que c’est le Marouini. Il subsiste donc encore une zone d'approximativement 6 000 km2 entre les rivières Itany et Marouini, en pratique contrôlée par la France mais revendiquée par le Suriname.
Egalement au menu, la convention d’entraide judiciaire en matière pénale a été signée par Kenneth Amoksi et le ministre des Outre-mer. Il s’agit d’établir une entraide judiciaire, « la plus large possible en matière pénale », pourvu que les demandes émanent « des autorités judiciaires » pour la France, du parquet du Procureur général pour le Suriname. Cette convention rend possible des auditions de témoins sur le territoire de l’autre partie, le transfèrement temporaire de personnes détenues, l’échange d’informations sur des faits susceptibles de constituer une infraction pénale et encore la transmission de casier judiciaire. La convention ne s’applique pas aux mesures d’exécution (on peut toujours s’évader et aller chez le voisin !) ni aux infractions militaires qui ne seraient pas des infractions de droit commun.
Enfin, les deux gouvernements ont procédé à une déclaration conjointe sur la gestion commune du fleuve Maroni et de la rivière Lawa et le développement commun de la zone frontalière. Ils s’engagent à restructurer l’actuel « Conseil du fleuve » qui constitue à ce jour la principale instance de dialogue. La coopération concerne la sécurité, la navigation sur le fleuve, l’échange d’informations afin de lutter contre les activités transfrontalières illégales, la protection des populations et la surveillance des crues, la lutte contre la pollution, l’entretien du fleuve et la protection de l’environnement, la consultation mutuelle concernant des méthodes alternatives et durables d’exploitation des ressources minérales ou d’installations d’énergie hydro-électrique, la santé, l’éducation, le développement économique et les activités industrielles. Dans ce cadre a été évoqué la circulation des populations riveraines dans la zone frontalière. Les autorités surinamaises ont fait part de leur souhait de voir établie une carte de circulation frontalière à l’instar de celle qui existe sur la frontière brésilienne. « Ce sujet constitue un point de vigilance, estime-t-on côté français : « La discussion n’est pas fermée mais doit être encadrée en lien avec la Direction générale des étrangers de France et le ministère des Affaires étrangères. » Cela n’a pas empêché Keneth Amoksi d’évoquer la construction d’un pont entre Albina et Saint-Laurent.
FXG