Lecornu devant la commission d'enquête parlementaire sur la lutte contre l'orpaillage clandestin en Guyane
Lecornu dans son bureau lministériel, en visio avec les députés de la commission d'enquête mercredi 17 mars
« L’adversaire est un professionnel dangereux et souple »
Sébastien Lecornu est la troisième personnalité qu’a auditionné la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal. « Qui est l’adversaire ? » Le ministre des Outre-mer a répondu mardi 17 mars aux députés : « C’est un professionnel violent, dangereux, adaptable et souple. » Les garimpeiros disposent d’organisations robustes « appuyées sur un modèle économique bien huilé où les gains sont plus importants que les pertes malgré l’action de l’Etat ». Ces professionnels disposent en plus de bases arrière logistiques de soutien au Suriname et au Brésil pour s’équiper de groupes électrogènes, motopompes, mercure, carburant… Ils disposent également de complicités sur le territoire guyanais. « Contre de l’argent, certains citoyens français apportent un soutien logistique, font le guet », a-t-il expliqué non sans évoquer la « misère sociale ». Le ministre a rappelé la puissante attractivité de l’or, d’autant plus en période de Covid puisque en un an, l’or a gagné 25 % de sa valeur !
« L’adversaire et un professionnel dangereux, a ainsi précisé Sébastien Lecornu. Pour quelques grammes d’or, il est prêt à faire couler le sang. » Ainsi, 9 militaires ont été tués sur le sol français entre 2010 et 2019. Enfin, cet adversaire a une grande capacité d’adaptation. Il dispose de « sonnettes » pour alerter de l’arrivée des forces françaises de sécurité, de caches de matérielles, de puits de mines, d’armes à feu artisanales et pratique désormais l’orpaillage à couvert pour échapper à la surveillance aérienne.
La réponse de l’Etat depuis 2008 s’est elle aussi professionnalisée et militarisée avec le dispositif interministériel Harpie. Même juridiquement, les moyens ont été renforcés sans faire d’entorse à l’Etat de droit. Le ministre a listé 180 gardes à vue et 99 condamnations, des peines de prison augmentées jusqu’à 7 ans, des amendes jusqu’à 1 million d’euros. « Nous allons saturer l’espace de bleu et de kaki », a prévenu le ministre. Le rapporteur de la commission, Gabriel Serville a fait savoir au ministre qu’il préférait le terme d’ennemi à celui d’adversaire parce qu’il s’agit d’une guerre.
L’audition du général de brigade aérienne Thierry Garetta, le 31 mars prochain, sera à huis-clos eu égard au secret défense. Le 24, ce sont Virginie Kles, conseillère technique outre-mer auprès du Premier ministre, puis Nathalie Barbe, directrice des relations institutionnelles et de l’outre-mer de l’Office national des forêts qui seront passées à la question de la commission d’enquête parlementaire.
FXG