L'ARS Guyane auditionnée par la commission d'enquête parlementaire sur l'orpaillage illégal
L’orpaillage illégal et ses conséquences sur la santé
La commission d’enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane a procédé mercredi 9 juin à l’audition de Clara de Bort, directrice générale de l’ARS Guyane. L’objet de cette audition était de faire le point sur les conséquences de l’orpaillage illégal sur la santé notamment en raison de l’emploi du mercure. Avant d’aborder la dégradation de l’environnement et de la chaîne alimentaire à cause du mercure, Clara de Bort a évoqué la santé des garimpeiros. « Le paludisme, a-t-elle indiqué, touche beaucoup les garimpeiros et cela nécessite de faire du dépistage car les populations voisines pourraient en faire les frais et il pourrait se créer des souches résistantes de paludisme. » C’est pourquoi a été mis en place un programme de santé en direction des garimpeiros lancé par l’ARS il y a trois ans, le projet Malachite pour réduire l’incidence du paludisme grâce à un kit de dépistage et un traitement gratuit. 4000 garimpeiros ont ainsi pu être sensibilisés. « 70 % des utilisateurs de ce kit s’en servent à bon escient, s’est félicité la directrice de l’ARS. Cela a permis de prévenir 42 % des cas de paludisme. » Mme de Bort a aussi évoqué l’action du programme Malachite concernant le dépistage de la lèpre, des addictions, des leishmanioses ou des MST, sans parler des blessures.
Mais le gros de son intervention a porté sur le programme STRAMELO : stratégie de réduction des risques liés aux métaux lourds, à savoir le plomb et le mercure auprès des populations guyanaises de la forêt. Cette population affectée par l’emploi du mercure a fait l’objet d’un rapport du Haut Conseil de Santé publique qui confirme l’effet neurotoxique du methylmercure sur la descendance en cas de contamination in utero. L’imprégnation au mercure a été constatée sur le haut Maroni et le haut Oyapock. « A Trois-Sauts, a indiqué la directrice de l’ARS, l’imprégnation est plus forte qu’à Camopi. » La raison tient à la consommation de poissons… Une politique de dépistage des femmes enceintes et des enfants a été initiée en 2012. Le mercure est mesuré dans les cheveux, puis dans le sang du cordon ombilical. Ce programme de dépistage a permis de faire chuter de 82 % le taux d’imprégnation des futures mères suivies. Il est désormais envisagé de faire un suivi des jeunes enfants cependant l’imprégnation au mercure contrairement à celle au plomb n’est toujours pas une maladie à déclaration obligatoire et le dépistage n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. Le comble, c’est que les prélèvements de cheveux doivent être envoyés en Nouvelle-Calédonie ou à Bordeaux !
La prise en charge des personnes, l’éducation aux bonnes pratiques alimentaires (privilégier les petits poissons herbivores aux gros poissons carnassiers qui représentent au moins 25 % de l’alimentation des populations du fleuve), la création de trois hôpitaux de proximité en 2023 dont un à Camopi un autre à Grand Santi sont une première réponse, mais la directrice de l’ARS estime qu’il faut faire un travail de sensibnilisation avec les garimpeiros comme cela se fait avec le programme Malachite, leur apprendre à utiliser d’autres produits que le mercure car eux aussi en sont victimes. Le programme STRAMELO devrait bénéficier dès 2022 de l’embauche de médiateurs de santé et devrait être doté, à l’instar de ce qui s’est fait pour le chlordécone, d’un programme d’intervention territorial de l’Etat (un PIT), soit une ligne budgétaire commune.
Sans doute parce que la campagne électorale bat son plein, ni le président ni le rapporteur de la commission d’enquête n’ont participé à cette audition.
FXG