Y'aura-t-il un effet Taubira aux Antilles-Guyane ?
Macron, Mélenchon, Le Pen, Roussel, Pécresse… et Taubira
Après l’entrée officielle de Christiane Taubira dans la campagne présidentielle, France-Antilles fait petit tour d’horizon sur les candidats et les électorats des Antilles et de la Guyane.
Les Outre-mer représentent 1,6 millions d’électeurs, soit 4 à 5 % des voix (théoriques en raison de la forte abstention) pour les candidats à la prochaine élection présidentielle. Mélenchon (LFI), Roussel (PCF), Marine Le Pen (RN) le savent qui se sont déjà rendu avant Noël dans l’un ou l’autre territoire. Le président de la République, quoique non encore candidat, s’y intéresse de près lui aussi puisqu’il a consacré aux parlementaires et aux présidents des département et collectivités d’Outre-mer encore en état d’urgence sanitaire toute son après-midi du 27 janvier via une visioconférence. De la même manière, ceux qui, dans la future équipe de campagne d’Emmanuel Macron, composent d’ores et déjà son équipe de communication média, sont dans les starting-block. Ils ont déjà reçu France-Antilles rue du Rocher dans l’immeuble qui abrite à la fois le parti LREM et le siège de campagne du futur candidat Macron. C’est que les Outre-mer n’ont pas montré un réel engouement pour Emmanuel Macron en 2017, à l’inverse de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon qui avaient obtenu de très bons scores notamment en Guyane, La Réunion et Mayotte.
Les changements depuis 2017
En avril prochain, ça ne devrait pas être très différent. En effet, aux dernières régionales, la Région Réunion comme la Collectivité territoriale de Guyane ont basculé à gauche du PS. En 2017, en Martinique, Alfred Marie-Jeanne, alors président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale, avait appelé à voter Macron au second tour, contre Marine Le Pen. Cette fois, le nouveau chef de l’exécutif, Serge Létchimy, pourrait prendre le même genre d’initiative en cas d’un nouveau duel Macron-Le Pen. Le président Letchimy a fait valider récemment validé par le Premier ministre Jean Castex le contrat de partenariat de développement de la Martinique. L’idylle avec le chef de l’Etat serait telle que l’on entend çà et là qu’il pourrait y avoir un maroquin ministériel à la clé pour la Martinique. Prudent, Serge Létchimy n’a pas manqué de venir signer, en décembre, une convention de partenariat avec la Région Ile de France que préside la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse.
En Guadeloupe, les soutiens que Macron avait su trouver en 2017, ont certes été confortés par leur brillante réélection à la Région au printemps 2021, mais avec la crise sanitaire et sociale qui agite violemment l’archipel, ils, et notablement le président Ary Chalus, ont pris leurs distances avec la macronie. Le vote du député LREM Olivier Serva (tout comme celui du député LREM de la Guyane, Lénaïck Adam) contre le passe vaccinal au mois de janvier à l’Assemblée national n’est pas passé inaperçu…
Autonomie et vote identitaire
Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer n’a jamais caché son désir de prendre la direction de la campagne du futur candidat Macron. Il a d’ores et déjà lâché des pistes pour le programme Outre-mer : lutte contre la vie chère avec une réforme de l’octroi de mer, rafraîchissement de la défiscalisation... Rouvrira-t-il le débat qu’il n’avait pas hésité à lancer en novembre dernier sur l’autonomie, dut elle être déclinée à la polynésienne, loin de toute idée de largage, idée amplement dénoncée par Marine Le Pen, les Républicains et La France insoumise ?
Reste à anticiper les effets de l’entrée de Christiane Taubira en campagne. Si ses 660 000 voix acquises au premier tour en avril 2001 ne furent en rien responsables de l’échec de Lionel Jospin (Chevénement, Mamère et Laguiller avaient obtenu chacun plus de 5 %), le poids du vote antillo-guyanais avait pesé pour un tiers dans la balance, eu égard aux 220 000 voix qui séparaient Jospin de Le Pen pour une qualification au second tour : Taubira avait obtenu 25 000 voix sur 89 000 exprimées en Martinique, 34 000 sur 91 000 en Guadeloupe et 12 500 sur 23 600 en Guyane. On a pu parler alors aux Antilles et en Guyane d’un effet Taubira, un vote identitaire.
FXG