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Publié par fxg

Les six signataires de l'Appel de Fort-de-France (hors le Mahorais parti avant)

Les six signataires de l'Appel de Fort-de-France (hors le Mahorais parti avant)

L’Appel de Fort de France au menu de l’Elysee

La réponse du président de la République à l'Appel de Fort-de-France se concrétise ce mercredi 7 septembre par deux invitations. La première est strictement adressée aux seuls sept signataires de l'Appel, à savoir les présidents des collectivités territoriales de Martinique, de Guyane et Saint-Martin, les présidents des Régions Guadeloupe et Réunion, les présidents des Conseils départements de Guadeloupe et de Mayotte. Cette réunion est prévue place Beauvau chez le ministre de l'Intérieur, mercredi à 18 heures. Puis, l'agenda d'Emmanuel Macron annonce un dîner à l'Elysée à 20 heures. Là, outre les sept signataires sont attendus les parlementaires d'Outre-mer, les eurodéputés, les présidents d'association des maires et les préfets.

Démarche solidaire des sept

Dès mardi matin, les élus d'Outre-mer se succédaient au ministère des Outre-mer, tels le président du conseil départemental de la Réunion (non signataire de l'Appel), le président Serville de la Guyane, la président de la Région Réunion, Huguette Bello, ou encore le président Létchimy de la Martinique. Ce dernier confiait que sa présence aux réunions de mercredi n'était pas encore acquise. « Si nous y participons, nous voulons en connaître les modalités et nous mettre d'accord sur les axes de revendications que nous privilégions. » Pour cela les sept signataires avaient rendez-vous mardi à 18 h 30 à l'antenne parisienne de la Région Guadeloupe. L'objet de la discussion était de savoir si les sept acceptaient de participer à ces réunions. « On ne peut pas avoir signé une telle déclaration (l'Appel de Fort-de-France, NDLR) et ne pas être solidaires ensemble sur l'attitude à avoir. »

 

Une rencontre préalable avec Macron

A l’issue de leur réunion, mardi soir au siège parisien de la Région Guadeloupe, boulevard Saint-Germain, les sept signataires de l’Appel de France, Serge Létchimy (Martinique), Louis Mussington (Saint-Martin), Huguette Bello (Réunion), Gabriel Serville (Guyane), Ary Chalus et Guy Losbar (Guadeloupe) et Soibahadine Ibrahim Ramadani (Mayotte) sont convenus d’une méthode, d’une stratégie et d’une position commune avant de participer à la rencontre avec le ministre de l’Intérieur et avant de se rendre au dîner auquel ils sont invités ce mercredi soir au palais de l’Elysée. Ils ont chargé le président Serville d’être leur porte-parole.

Gabriel Serville, président de la CTG

« Nous souhaitons que le président de la République accepte de recevoir les exécutifs, même sur un temps limité, avant ce format de dîner. Nous avons lancé au mois de mai l'Appel de Fort-de-France dans lequel nous demandons que le gouvernement modifie radicalement la relation entretenue avec les territoires d'outre-mer et nous avions demandé à être reçus. Nous nous attendions à un format différent de celui qui nous est proposé mercredi soir parce que nous considérons que les problématiques que rencontrent nos territoires sont d'une telle acuité que ce n'est pas autour d'un verre qu'on va pouvoir les aborder. Néanmoins comme nous sommes des républicains convaincus, nous allons nous organiser pour qu'il y ait une rencontre préalable au dîner avec le président de la République et que ce dernier accepte. Nous attendons de sa part et du gouvernement une parole très forte suivant laquelle ils vont s'engager à répondre à notre Appel pour pouvoir faire en sorte que les territoires d'outre-mer aient un avenir qui soit plus radieux et plus conforme aux aspirations de leurs habitants. Tous les signataires vont parler d'une même voix parce qu'entre le moment où nous avons signé l'Appel de Fort-de-France et aujourd'hui, pas grand-chose n’a bougé, ni dans un sens ni dans l'autre, en tout cas pas dans le sens de l'amélioration. Donc nous sommes tout à fait solidaires par rapport au contenu de cet appel et nous allons tous nous atteler à défendre cette position : les territoires d'outre-mer aspirent à une gestion qui soit différenciée en tenant compte de leur réalité, ce n'est pas une question d'ordre idéologique, nous sommes pragmatiques et nous souhaiterions que des solutions soient trouvées dans la façon dont sont organisées les politiques publiques qui sont déclinées sur nos territoires respectifs. il y a des différences d'un territoire à l'autre. La Guyane comme la Martinique demandent une évolution statutaire, les autres territoires demandent des adaptations, de ce point de vue chaque territoire pourra avec le gouvernement engager des discussions, des négociations de nature propre à chacun d'entre eux. Simplement il y a un plus petit dénominateur commun entre les différents territoires : c'est que nous regrettons la manière dont ils sont gérés depuis Paris. C’est sur cette base que nous souhaiterions que le président de la République face des annonces fortes en disant par exemple qu'il engage sa responsabilité et celle du gouvernement en demandant à ses ministres d'engager des discussions pour pouvoir établir un agenda de travail avec un contenu, différent selon chaque territoire. »

Propos recueillis par FXG

Serge Letchimy, président de la CTM et initiateur de l'Appel de Fort-de-France

« Une vraie volonté de mener une politique d'émancipation »

Quels sont les enjeux de l'Appel de Fort-de-France ?

C'est un Appel qui pour nous est très important, qui ne consiste pas simplement à circonscrire quelques problématiques ponctuelles par rapport aux enjeux et à ce que nous souhaitons voir évoluer dans nos différents pays. Donc pour nous, c'est très important de rester très soudés et d'avoir une revendication très forte au niveau de l'état.

N'est-ce pas une façon pour l'Etat de reprendre le dialogue avec les territoires là où l'avait laissé le président Chirac avec le célèbre discours de Madiana en 2000 ?

J'aime beaucoup la formule de Jacques Chirac, sur un autre sujet, qui disait : notre maison brûle et on regarde ailleurs. Moi, je pourrais dire : en Outre-mer ça brûle et l'État a tendance à regarder ailleurs. L'appel de Fort-de-France représente une vraie volonté de mener une politique d'émancipation, de responsabilité, de développement local, en donnant à ces pays la possibilité d'être dans la République, dans l'identité, tout en ayant des moyens de différenciation, pour mener des politiques sur le terrain.

Qu'espérez-vous de cette rencontre ?

Il ne s'agit pas de donner des petites tapes sur le dos, ni de condescendance mais d'un vrai pouvoir normatif et réglementaire pour les pays qui souhaitent réglementer, légiférer localement. On peut donner à cela plusieurs noms : subsidiarité, autonomie, etc. La seule chose qui compte, c'est que c'est vital pour l'avenir de ces pays. Si on ne va pas dans ce sens-là, ce seront de petites réformes cosmétiques qui ne vont absolument rien changer dans nos pays.

Propos recueillis par FXG

Guy Losbar, président du Conseil départemental et cosignataire de l’Appel de Fort-de-France

Daniel Dumirier, dir cab et Guy Losbar, président du conseil départemental de la Guadeloupe

"Un transfert de compétences sera au profit de l'efficacité"

Quel est votre objectif en vous rendant à l’Elysée ce mercredi ?

Notre objectif est que nous puissions obtenir l'ouverture d'un chantier sur l'évolution institutionnelle et statutaire et que nous ayons un engagement de l'Etat, en tout cas du président, et que nous puissions dans les semaines et mois à venir avoir une programmation. Chaque territoire devra définir ses travaux, sa stratégie et ses objectifs, mais de manière commune, nous avons cette possibilité de pouvoir nous rencontrer, les sept signataires, d'affiner une méthode de travail commune.

La Martinique et la Guyane ont exprimé une demande d'autonomie, où est la Guadeloupe ?

Il y a eu plusieurs congrès, le projet guadeloupéen, beaucoup de réunions… Aujourd'hui nous voulons aborder les choses de manière pragmatique. Il ne s'agit pas d'aborder l'évolution institutionnelle ou statutaire d'un point de vue idéologique mais que ce soit un instrument pour rendre les politiques publiques plus efficaces. Il y a un consensus des élus sur l'ouverture du chantier et pendant les semaines à venir, nous allons travailler pour mettre en place une stratégie commune et territoriale avec une vision partagée. À l'issue de ces différents travaux, nous réunirons un congrès des élus départementaux et régionaux et de l'ensemble des maires pour faire des propositions, des résolutions qui seront adressées au gouvernement et qui permettront cette évolution que nous souhaitons.

C'est le moment de renouer avec la Déclaration de Basse-Terre ?

Il faut tenir compte de la déclaration de Basse-Terre, du projet guadeloupéen… Le problème de l'évolution statutaire, autonomie ou autre, se pose depuis des années. Il suffit de se rappeler des déclarations de Légitimus en 1946 ! Je pense qu'aujourd'hui nous sommes à la croisée des chemins et que nous devons saisir ces opportunités pour que nous puissions avoir une organisation totalement adaptée… moi qui parle souvent de domiciliation du pouvoir, il ne s'agit pas d'obtenir de pouvoir pour du pouvoir, mais que nous soyons plus efficaces et plus performants dans les politiques publiques.

Pensez-vous que l’Etat est moins crispé sur le sujet qu'il ne l'a été par avant ?

Moins crispé mais nous aussi, nous sommes plus courageux que nous ne l'avons jamais été. La pensée politique doit pouvoir prendre le pas, d’autant plus que nous sommes dans une période où avant quatre ans il n'y aura pas d'élections. Cela pourrait éviter d'avoir des postures politiques et permettre que nous allions dans le fond pour aboutir sur du concret.

Comment associer la population à votre démarche ?

In fine c'est le peuple qui doit pouvoir décider, donc nous avons d'ores et déjà lancé une campagne de concertation, de séminaires, d'informations pour que la population soit vraiment imprégnée de cette question et non pas rebutée par une approche technique, juridique où politique, qu'elle puisse comprendre que s'il y a une évolution, un transfert de compétences, que cela sera au profit de l'efficacité et de la réponse au besoin quotidien des Guadeloupéens.

Propos recueillis par FXG

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