Salon du recrutement : une porte sur l'Outre-mer
Le carrefour Paris pour l’emploi pour vivre et travailler au pays
Le Carrefour pour l’emploi qui s’est tenu jeudi et vendredi place de la Concorde à Paris a reçu quelque 50 000 visiteurs et permis, comme chaque année, de pourvoir quelque 15 000 emplois. Parmi les 400 entreprises administrations présentes, une quinzaine étaient des sociétés ultramarines qui offraient entre 800 et 1000 postes à pourvoir.
Vingt ans que ce salon du recrutement existe, mais ça ne fait que cinq ans que son organi-sateur, l’association Carrefour pour l’emploi, a décidé de consacrer un espace spécialement dédié aux entreprises d’Outre-mer. Si certains visiteurs viennent se perdre dans ces travées ultramarines, la plupart des personnes qu’on y rencontre savent ce qu’elles viennent y chercher : un espoir de retour au pays ! C’est le cas de Lyansa, une jeune diplômée martiniquaise qui a fait ses études de marketing et de communication dans l’Hexagone : « Je viens au salon Paris pour l'emploi dans le but de retourner en Martinique. » Elle ne manque aucun stand de la zone ultramarine et, à chacun, elle annonce sa volonté de rentrer au pays. « Je mets en avant mes expériences, mes atouts, mes appétences aussi. Il faut avoir un bon feeling avec la personne… et j'ai peut-être fait une touche ! » C’est également le cas d’Adriana. Elle est d’origine mauricienne mais a de fortes attaches en Guadeloupe et souhait s’y installer :« Je cherche un boulot dans les ressources humaines, dans n'importe quel secteur d'activité. » Elle vient de s’entretenir avec Tiffany Gassy, chargée de mission ressources humaines pour l’aéroport Guadeloupe pôle Caraïbes : « Nous sommes dans une démarche d'accompagnement des ultramarins à revenir sur leur territoire d'origine pour travailler sur la dizaine de postes que nous proposons. Cette section outre-mer du salon est très intéressante parce qu'elle ramène beaucoup d’ultramarins qui viennent qui ont envie de se réimplanter dans leur territoire et on en a extrêmement besoin ! »
Pascal Chavignat, DRH du groupe Bernard Hayot, est un habitué de ce rendez-vous depuis cinq ans : « GBH tient à être présent en particulier parce qu'il y a ce pavillon dédié à l'outre-mer. C'est pour nous l'occasion de nous adresser à la communauté ultramarine pour lui faire savoir que nous recrutons de manière importante ! » GBH proposait pendant ces deux journées 123 postes sur l'ensemble des territoires où il est présent. Magali D’Abadie représente le groupe Créo de Pierre Fabre : « Nous avons 27 postes à pourvoir, des postes de directeurs commerciaux, de technicien support informatique, de managers de magasin, de contrôleurs de gestion, de comptables. » Les offres sont nombreuses et variées, adaptées à tous les profils ! le groupe Aubéry en propose une quarantaine, le groupe Antilles Glace d’Alain Despointes 25. Même besoin pour le groupe Citadelle de Cyril Conte, 35 pour le groupe Blandin dans l’ensemble des DFA. Fanny Brunette, responsable recrutement et développement RH au groupe Aubery cible prioritairement des candidats antillais. Ils ont d’ailleurs préparé leur petit kit madeleine et slogan : « retrouvez le goût péyi » qu’ils offrent à leurs visiteurs !
« Retrouvez le goût péyi »
« C'est la première fois que le groupe Antilles glace participe, raconte Claire Duchamp de Chastaigné, gestionnaire ressources humaines. On a du mal à pourvoir localement nos besoins, donc on s'est dit qu'on allait essayer de venir à Paris. Nous venons rencontrer principa-lement les personnes qui voudraient revenir Aux Antilles, mais aussi potentiellement des profils métropolitains qui veulent travailler ailleurs. » « Depuis trois ans, explique le DRH de GBH, j'observe que de plus en plus d’ultramarins souhaitent revenir au pays. » Même constat pour Luc Torus, DRH Groupe Blandin : « La majorité des gens que nous voyons ce sont des Antillais qui souhaitent revenir chez eux, mais également des personnes qui sont à la recherche d'une nouvelle aventure professionnelle et qui se projettent aisément aux Antilles. »
« Cette idée de revenir travailler au pays est un désir grandissant, observe Magali D’Abadie, la période COVID a peut-être aidé à comprendre qu'il y a des priorités qui ne sont pas simplement professionnelles, mais ce qui est bien avec ce salon c'est qu'on offre les deux : à la fois des opportunités professionnelles mais aussi un cadre de vie qui est le nôtre ! » Nombreux sont les ultramarins qui viennent sur ce salon parce qu'ils ne savent pas où commencer leurs recherches quand ils sont en métropole. « Le carrefour pour l’emploi, explique Audrey Borius, sert d'accélérateur une fois que la décision de retour au pays est prise. Ça permet de structurer le parcours ! »
Pedro est un Martiniquais qui vit dans l’Hexagone depuis 27 ans : « J'ai envie de rentrer au pays, ça fait un moment que je suis ici et je me dis qu'il est temps ! j'ai eu une opportunité en 2018, mais ça ne s'est pas fait. Donc j'espère que ça va se faire pour la fin d'année ou le début de l'année prochaine. » Kim Hygin, responsable RH, DH Group à Cayenne s’est entretenu avec Pedro. Elle a aussi reçu deux profils qui l’intéressent particulièrement : deux jeunes diplômés guyanais dont a déjà une expérience de trois ans. « On espère pouvoir leur donner une suite favorable ! » Olivier Bernard, le pdg du groupe de BTP Octopussy en Guyane, cherche lui aussi à recruter pays : « On a un minimum de 15 postes à pourvoir, un chiffre qui pourrait largement doubler en fonction des profils que nous pourrions trouver. » Mais à l’inverse de la tendance générale observée dans ces travées, il n’a vu ni Guyanais ni Antillais. « On a eu des touches intéressantes sur certaines compétences que nous avons des difficultés à trouver en Guyane. » « C'est le bon endroit pour rencontrer tout le monde dans un laps de temps assez court, témoigne Maël Disa, délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer. Et ça permet aussi aux candidats de se faire une idée car souvent quand un jeune est parti faire ses études, il n'a pas une bonne idée du marché du travail sur place. »
Alé Viré
Pendant des années, le mouvement se faisait dans le sens Antilles-métropole, cette fois, il s’agit d’inverser la tendance. L’enjeu, c’est de ralentir le déclin démogra-phique. « Chaque année, la Martinique perd 4 500 habitants, alerte Stéphie Salpétrier, chargée de mission à l’association Alé Viré. Il y a urgence ! Nous agissons en favorisant le retour au pays des forces vives. » L’association s’est mise en cheville avec la plupart des groupes présents sur le salon pour accompagner les nouveaux recrutés dans leur parcours d’installation. « On fait le point avec le candidat pour définir une stratégie, une méthodologie pour l'organisation de son retour, afin qu'il soit le plus serein possible. »
Ce n'est pas nécessairement ici que se signent les contrats d’embauche. « Ici, explique Pascal Chavignat, on fait connaissance, on voit dans quelle mesure le projet correspond aux besoins du groupe. » « On espère toujours signer sur place, déclare le patron d’Octopussy, ce serait la cerise sur le gâteau mais il faut plutôt d’attendre un rebond ultérieur avec des gens qui vont nous recontacter pour nous dire qu’ils nous ont vu à Paris et que maintenant c'est peut-être eux qui vont se déplacer ! »
Sur les 300 à 350 personnes qui candidatent au stand GBH, Pascal Chavignat estime qu’une dizaine d’embauches aboutiront. Au stand Blandin, Luc Torus chiffre le ratio à cinq embauches sur 80 à 100 CV. Le bon indicateur de taux de satisfaction des visiteurs candidats au retour, c’est Stéphie Salpétrier qui le donne. « Rien que pour la première demi-journée, Alé Viré a reçu plus d'une vingtaine de personnes ! »
FXG