Les Touloulous à l'UNESCO

Les Touloulousde l'association les Divas Paré Maské et la Présidente de l'ORCG Monique Blérald à Nantes

Les Touloulous au patrimoine mondial

Une délégation carnavalière guyanaise de haut niveau s'est rendue en France afin de travailler à l'inscription du Touloulou et du bal paré-masqué sur la liste du patrimoine mondial immatériel de l'Unesco.

« Il fait tellement froid : vous ne pouvez pas prendre le métro avec votre robe de Touloulou ! » Figure bien connue du milieu, professeure à l'Université de Guyane et présidente de l'Observatoire régional du carnaval guyanais (ORCG), Monique Blérald n'en revient pas. Venue à Paris à la tête d'une délégation carnavalière de haut niveau, elle a pu constater que « l'adaptabilité du Touloulou en France hexagonale est magnifique : il y a des locations de costumes sur place, quand il y a hiver, il y a une adaptation au niveau de la tenue même, et vous repartez chez vous avec votre manteau. »

Surtout, ce qui l'a enchanté et a renforcé sa détermination à obtenir l'inscription du carnaval guyanais et de ses (nombreuses) composantes sur la liste du patrimoine mondial immatériel de l'Unesco c'est « la foi et la détermination des Parisiennes et des Parisiens pour venir dans un dancing avec un climat comme celui-ci ».

Cet enthousiasme et cette volonté de défendre la culture guyanaise ont ravi l'ensemble de la délégation. Pour Solange Clovis, coordinatrice de l'ORCG, « ce voyage est une réussite, entre Paris et Nantes. Nous avons pu rencontrer le président de l'association du carnaval de Nantes et présenter une exposition, donner une conférence aussi pour raconter et expliquer au plus grand nombre le Touloulou et le bal paré-masqué. Nous avons aussi été éblouies par le dynamisme et la qualité des interventions de M. Hendy Chocho et de l'orchestre Dokonon ! » Bien connu en région parisienne, Hendy Chocho est un défenseur fervent du Touloulou et de l'univers qui l'accompagne. De nombreuses manifestations sont d'ailleurs prévues ces jours-ci en Ile-de-France. Accessible sur la page Facebook de l'orchestre Dokonon, la liste des manifestations et autres bals prévus en 2024 donne le tournis.

En quête du soutien de Dati

Déjà inscrit depuis 2017 sur l'inventaire du patrimoine de France, le carnaval guyanais est en quête d'une reconnaissance mondiale. Pour cela – l'Unesco est une institution basée à Paris mais qui relève de l'Organisation des Nations-Unies – « il faut que le ministère de la Culture donne son soutien et présente la candidature en notre nom », poursuit Solange Clovis. Un rendez-vous était prévu cette semaine avec le gouvernement mais il a été reporté au mois prochain pour cause de remaniement.

Pas de quoi décourager les Touloulous qui ont fait le déplacement. « Nous ne sommes pas du tout déçus : ce remaniement nous donne du temps pour nous perfectionner, confirme Monique Blérald. Si nous franchissons cette étape pour représenter la France auprès de l'Unesco nous aurons fait une bonne partie du chemin, mais nous sommes déjà dans le processus de candidature de l'Unesco. Nous avons rencontré l'association Nemo qui est membre de la Fédération des carnavals de France comme nous-mêmes. Il y a tellement de choses qui doivent figurer dans notre dossier : dérision, inversion des valeurs... mais aussi économie : hôtels, restaurants, petites mains qui cousent des robes, font à manger. Il y a aussi un côté rassembleur : les Hmongs qui font à manger, ceux qui font les robes... C'est unique au monde. Cet aspect fédérateur, on ne le trouve qu'en Guyane. » De passage en Europe, la délégation s'est même trouvée un slogan : « Moi, foi de Touloulou, j'irai à l'Unesco, c'est notre devise ! »

FA Paris