Darmanin vise "quelques familles" outre-mer
Pour le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, « quelques familles organisent la non-concurrence » aux Antilles et dans les reste de l'Outre-mer.
Economie : la question des « monopoles outre-mer » revient sur le devant de la scène
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Interrogé à l'occasion d'un colloque organisé par le journal Le Point, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a sonné la charge contre « des monopoles capitalistiques insupportables », responsables de la cherté de la vie dans les collectivités ultramarines. Commandé par le gouvernement, un rapport parlementaire est attendu « dans quelques semaines. »
Ceux qui se sentiront visés dénonceront à coup sûr la stratégie du « bouc émissaire » : interrogé sur les raisons du coût de la vie dans les Outre-mer, le ministre Gérald Darmanin n'a pas mâché ses mots. À l'en croire, « le grand sujet, ce sont les monopoles. Il y a des monopoles capitalistiques insupportables : quelques familles organisent la non-concurrence ! »
Invité du colloque « l'Outre-mer aux avant-postes », organisé par le journal Le Point, Gérald Darmanin ne s'en est pas tenu à des propos généraux à l'ensemble des Outre-mer. « Ce qui se passe en Martinique à propos de la canne et de la banane n'est pas acceptable, a-t-il poursuivi d'un ton offensif. C'est le cas aussi en Guadeloupe, à La Réunion. Lutter contre cet état de fait ne coûte pas un euro d'argent public : dans quelques semaines, le Parlement rendra un rapport, commandé par le gouvernement, qui permettra de casser les monopoles et de récréer la libre-concurrence. » Pour le numéro 3 du gouvernement, ce sujet de la vie chère est un sujet éminemment politique : c'est à cette impuissance de l'État à faire respecter la libre-concurrence que Gérald Darmanin attribue la responsabilité de créer « des déviances politiques » et des velléités autonomistes voire « indépendantistes ».
Des oreilles qui sifflent en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion
Sur la scène du colloque organisé par le journal Le Point, le ministre Darmanin n'était pas le seul à pester contre le manque de concurrence dans les Outre-mer. « La Sara est en situation de monopole et l'État a fait une péréquation forcée avec les tarifs du carburant aérien », s'indignait par exemple Pascal de Izaguirre, directeur général de la compagnie aérienne Corsair. Relancé sur la très bonne tenue de son activité, le responsable économique a reconnu de bonne grâce que « sur les trois lignes « millionnaires » (plus d'un million de passagers, ndlr) que sont la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, la reprise est extraordinaire : nous sommes déjà revenus à des niveaux de fréquentation pré-Covid de 2019 et ils seront dépassés en 2024. »
Plus généralement, ce colloque était marqué par les paradoxes que traversent en ce moment les économiques ultramarines. Avec une croissance plus marquée que dans l'Hexagone, (1,8% aux Antilles contre seulement 0,7% pour la France entière), les collectivités ultramarines souffrent mais sont très dynamiques. Patrick Cazaban, directeur régional Outre-mer de Total Energies a profité de la tribune qui lui était offerte pour se féliciter de son méga-projet guyanais, Maya. « C'est un projet magnifique !, a plaidé Patrick Cazaban, 120 méga watt/heure en photovoltaïque : nous avons les terres, tout, il ne nous manque que les décisions politiques ! »
L'actualité ultramarine du Parlement sera de toute façon chargée dans les prochaines semaines et les prochains mois. Rapport du gouvernement sur les monopoles, réforme de la Constitution pour la Nouvelle-Calédonie, loi pour remédier à la situation catastrophique de Mayotte... Gérald Darmanin n'a eu qu'un mot pour le futur locataire de la rue Oudinot : il affirme avoir « hâte qu'un nouveau ministre soit nommé ! »
FA Paris
La « gouvernance de l'eau » en question
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Aérien, sargasses, spatial : les sujets abordés en conférences lors du colloque « Outre-mer aux avant-postes » étaient nombreux. L'un deux a été particulièrement passionnel, celui de l'eau. Intitulée « Quand l'eau vient à manquer », une table ronde a déchaîné les passions. Il faut dire que le constat est implacable. Marc Laimé, spécialiste en politique publiques de l'eau et auteur de « Guadeloupe sans eau », l'a rappelé : « Il y a des dysfonctionnements graves et un problème systémique de gouvernance sur le sujet de l'eau. En Guadeloupe, le nouveau syndicat de l'eau ne fonctionne pas. Les perspectives sont très sombres et il y a en permanence au moins 100 000 personnes privées d'eau. »
Micheline Jacques, sénatrice de Saint-Barthélémy et présidente de la délégation aux Outre-mer du Palais du Luxembourg explique cette situation dramatique par « des problèmes normatifs dans l'Outre-mer : récemment, alors qu'il y a une crise aiguë de l'eau à Mayotte, nous avons été empêchés d'acheter de l'eau à l'île Maurice pour être en conformité avec la législation européenne qui s'applique à Mayotte, en tant que région ultra-périphérique de l'UE. Nous allons travailler sur une proposition de loi qui permettrait de simplifier le droit ordinaire dans les Outre-mer. Nous allons consulter tous les présidents d'exécutifs locaux dans les Outre-mer », promet l'élue.
En conclusion, Hervé Tonnaire, directeur des Outre-mer et direction régional Pacifique Banque des territoires a tenu à relever « des exemples positifs : à La Réunion par exemple, d'excellents projets ont été menés et de nouveaux projets de mutalisation entre micro-régions du nord et de l'est sont en cours. »