Moun Karayib dans la nouvelle scène créole
« Nous existons depuis 2002 et notre premier percussionniste était Didier Juste, de Soft… Nous allons couper court à toute polémique : il y aura collaboration avec Soft comme il y en a déjà eu à la Cigale avec Olivier et à l’Européen avec Jérôme. » Willy Salzedo aime les compositions de Fred Deshayes, mais il ne souhaite pas pour autant laisser à son groupe qu’il dirige d’une main de fer ( !) l’exclusivité de ce qu’on appelle désormais « la nouvelle scène créole ». Et le pianiste leader de Moun Karayib rappelle volontiers l’album qu’il a réalisé avec Tania Saint-Val en 1995, Mi, « acoustique ! ». Avec Soft et Kkoustik, il faut donc compter avec Moun Karayib ! Olivier Jean-Alphonse (chant), les frères Stéphane (basse) et Jérôme Castry (percu, batterie) et Willy Salzedo (piano, guitare) se sont réunis il y a quatre ans. Trois Gwada, un Madinina. « On a un devoir de quota ! », ironise Olivier. Sortis d’un show case pour présenter leur nouvel album, mercredi soir à la Mandunga, dernier né des lieux à la mode antillais à Paris, les quatre moun sont hilares.
« C’est ma plus belle histoire musicale » (Jérôme Castry) Willy a rencontré la voix d’Olivier en 2000 avec Duo de soleil. « C’est une rencontre entre amis, raconte Jérôme. On n’avait pas projeté de créer cet album. C’est l’amour du pays, de la musique... Le projet est né de ces expériences, en toute simplicité, sans calcul. « Personne n’a eu l’idée, on s’est retrouvé parce que c’était écrit », plaisante Willy. « On a eu un coup de foudre », enchaîne Olivier. Les copains se lâchent dans un grand rire : « On a couché ensemble », « Je lui ai fait les carreaux », « J’ai fait sa cuisine », « j’ai débouché l’évier »… Bref Moun Karayib, sé on istwa a boug, des boug qui ne se prennent pas au sérieux et qui n’ont pas de complexes avec leurs origines multiples quitte même à les élargir pour se proclamer « fils de la Caraïbe ». « Delgrès et Toussaint Louverture étaient potes ! Et tous les Guadeloupéens ne s’appellent pas Ibo Simon…» Et voilà né leur word jazz caribéen mêlé de groove haïtien, avec une couleur acoustique, mais pays. « Ce n’est pas du zouk. Même si Dieu du soleil était du zouk… Ce qu’on souhaite jouer, c’est mizik a péyi la, sans œillères. On veut représenter une identité culturelle sans pour autant avoir à la revendiquer. Il y a un trésor caribéen inépuisable. C’est la qu’on puise nos inspirations pour les montrer au monde. » Simone, la slameuse originaire du Lamentin (972) vient les saluer. Elle a été leur invitée sur scène. Moun Karayib jouait Ka yo fé, Simone entremêlait des phrasés slamés tirés d’une de ses compositions, Appelons un chat un chat. Et voilà déjà la mizik a peyi la devenir métisse, caresser le spoke and words… C’est la nouvelle scène créole.
Album Vini kouté, label SOWest Indies
Alibo et le souvenir de Sakiyo
Il a joué avec Sixun, Jonasz, Youssou n’Dour, Sakésho… le grand bassiste Martiniquais Michel Alibo est venu écouter ses amis de Moun Karayïb (Stéphane Castry, le bassiste, est à sa gauche). La présence de Michel Alibo a jeté un brin de nostalgie dans l’assistance où, le voyant, beaucoup ont pensé à Sakiyo, éphémère formation… (Photo : RDG)