Avis défavorable pour le 2e Airbus A 320 d'Air France
Le CSAM défavorable à l'implanation d'Air France sur les axes reliant les DFA à Saint-Maarten et Santo-Domingo
Hier matin, après plus de trois heures de discussion, les membres du Conseil supérieur de l’aviation marchande (CSAM), ont décidé de donner un avis défavorable à la demande d’Air France de mettre un Airbus A 320 sur la ligne reliant les capitales des DFA à l’aéroport de Juliana à Saint-Martin et celui de Santo Domingo, en République dominicaine. En revanche, la compagnie nationale a obtenu un avis favorable pour exploiter les lignes reliant les capitales des DFA à Curaçao, Panama et Paramaribo. Au départ tout souriait à Air France, deux rapporteurs pour le CSAM (ingénieur des ponts et conseiller d’Etat) avaient donné chacun un avis favorable. Lors du débat, Jérôme Bansard, représentant des personnels navigant techniques s’est déclaré contre, tout comme Jean-Baptiste Vallé, du syndicat des compagnies aériennes autonomes. Mais c’est le représentant des Régions, Victorin Lurel qui a refusé de voter l’avis en l’état.
Le retour de Collectifdom
Le représentant des Régions s’en est pris notamment à la politique discriminante d’Air France pour les embauches. Il faut dire que, dans le même temps, il se faisait représenter à la conférence organisée par le Collectifdom et l’association des pilotes professionnels antillais et guyanais (APPAG) dont l’objet était justement de protester contre la demande d’Air France d’exploiter sur le trafic régional un deuxième A 320. Ce redéploiement semble consécutif à l’ouverture de la ligne TGV Est et menace un marché qui se retrouverait dès lors en surcapacité. Jean-Christophe Lagarde, député maire centriste de Drancy, est venu soutenir les pilotes antillais au côté du Collectifdom. Victorin Lurel s’est étonné qu’Air France annonce au CSAM un tarif de 330 euros pour Paramaribo alors que sur le site Internet d’Air France, il y a déjà les promotions à 198 euros, et alors même qu’il n’y a pas encore d’accord ! Au CSAM, le président de séance, Henri Martre, lui a rétorqué : « Nous ne sommes pas une chambre d’enregistrement. » En adoptant cet avis, mi figue-mi raisin, il a tenté de le prouver. En dernier ressort, la décision appartiendra au gouvernement et à son secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Busseau.
Les craintes de l’APPAG
L’APPAG s’oppose à l’implantation du 2e Airbus d’Air-France car elle craint pour l’emploi et la pérennité des deux compagnies régionales qui les embauchent. Selon elle, un airbus de plus signifie la venue de dix pilotes (cinq commandants de bord et cinq copilotes) et une concurrence trop rude pour la taille du marché qui affaiblira les petits concurrents, au risque de les faire disparaître. L’APPAG rappelle que Air Caraïbe emploie 800 personnes, puisées dans le « vivier antillais », selon Charles Plaisir, commandant de bord sur Air Caraïbe Atlantique. Les pilotes antillais gardent en mémoire les naufrages de la SATA, d’Air Guadeloupe, Air Martinique et la position dominante d’Air France. D’un autre côté, Air Caraïbes, selon le journal officiel du 14 septembre s’est vu attribuer par le CSAM toute une série de nouvelles lignes dans le bassin Caribéen. Un observateur avisé faisait toutefois remarquer que Air Caraïbes Atlantique avait taillé quelques croupières à Air France et que la démarche de la compagnie nationale était de bonne guerre pour récupérer un peu de sa clientèle perdue.