Le ténor de Guadeloupe
Mowgli Laps, le ténor du Gosier
Le jeune Guadeloupéen joue Damino dans La flûte enchantée de Mozart, au théâtre du gymnase. Portrait d’un ténor.
Beaucoup connaissent son grand-père, l’architecte Basse-terrien Georges Nicolas, nombreux connaissent aussi son oncle, Olivier Nicolas, directeur de la communication à la Région Guadeloupe. Et Mowgli, si ce n’est son prénom sorti du Livre de la jungle, peu le connaissent encore, mais il gagne à être entendu ! Né aux Abymes, il y a 26 ans, d’une mère hôtesse de l’air et d’un père agent immobilier, originaire de Metz (d’où son nom), il a commencé à chanter sous la douche ! « Je ne voulais pas me lancer, c’est Fatima Benjamin, ma voisine la prof de chant qui m’a donné envie, et ma mère qui jouait du piano, surtout ! » Peu après, il décroche son bac à Baimbridge et tente la filière MIAS. « Ca ne l’a pas fait et puis, c’était mon tour d’aller à Paris… » Il s’inscrit en archéologie, histoire de l’art et au conservatoire. Il enchaîne les petits boulots, intérimaire en manutention, Mac Do pendant sept mois, la librairie du musée du Louvre, un magasin de mode, Biche de Berre… Puis, il intègre une agence d’hôtes et d’hôtesses d’accueil pour laquelle il participe à des défilés de mode.
Les trois ténors
A Paris, quand il fait connaître ses velléités de chanter, on lui dit : « Il y a peu de ténors, tu pourras trouver facilement des places… » Et à peine a-t-il commencé le conservatoire qu’il joue déjà des petits rôles dans La flûte enchantée, en Suisse, à Paris, à Bordeaux… « J’étudiais et je mettais aussitôt en pratique dans des trucs pas trop risqués. » Il devient très vite indépendant et ne court plus le cachet. A 26 ans, Mowgli a déjà incarné Don José dans Carmen, Faust dans l’opéra éponyme (Gounod), Vincent dans Mireille de Gounod. En octobre dernier, il a été sélectionné pour Opéralia, un concours organisé par Placido Domingo, à Valencia (Espagne). Il a fini en quart de finale. Si Placido Domingo est son modèle, Luciano Pavarotti et José Carerras ne sont pas loin. « Le premier CD de ténor que j’ai écouté, c’était Luciano Pavarotti. Il a rendu l’opéra plus accessible sans l’amoindrir. » Début septembre, Mowgli a chanté le fameux aria de Némorimo, Una furtiva lacrima, dans l’Elixir d’amour de Donizzetti. Un opéra joué en plein air dans le XIIIe arrondissement ! « Un spectacle léger qu’on pourrait faire venir en Guadeloupe pour peu cher… »
A côté de ses grands rôles à l’opéra, Mowgli chante aussi du bel canto, au restaurant parisien du même nom. C’est là qu’il a rencontré une Guadeloupéenne avec une voix mezzo-soprano. « Elle avait une très belle voix… Une toute jeune fille… Je ne me souviens plus son nom. »