Le combat du CM98
Interview de Serge Romana, président du Comité marche du 23 mai 1998
« Nous avons un projet antillais dans la République »
Le travail mémoriel du CM98 apparaît comme le seul projet antillais capable de mobiliser unitairement après le naufrage du Collectifdom. Qu’en pensez-vous ?
Notre association s’est construite lentement, patiemment et nous n’avons jamais axé notre action sur des revendications immédiates. Il fallait une unité en profondeur autour de la mémoire de nos parents. On a pris du temps pour ça et la marche du 23 mai 1998, est venue consolider cela. Les groupes humains se rassemblent toujours autour de leurs grands morts. On a refusé les questions économiques, sociales pour privilégier celles de la mémoire. Et nous avons structuré un travail de réparation des personnes. Après six ans d’existence, nous avons créé l’institut des Français descendants d’esclaves. Et ce travail de longue haleine nous fait paraître aujourd’hui comme l’association la plus forte dans la communauté antillaise.
Comment expliquer que vous ayez réussi à faire cohabiter des rivaux, des opposants politiques ?
Ce qui tient à cœur cette communauté, c’est ce qui touche à la dignité. La dignité blessée de ce groupe humain est à mettre en relation avec la reconnaissance de la mémoire des victimes. En 1998, une revendication a uni les Antillais, les Guyanais et les Réunionnais : que la République respecte la mémoire des victimes de l’esclavage. Les Antillais se sont réveillés et aujourd’hui, ils veulent prendre des places d’influence et de pouvoir dans la société, quelles que soient leur tendances politiques.
Le candidat Sarkozy s’était engagé en faveur du 23 mai. Où en est-ce ?
C’est Patrick Karam qui est en charge de ce dossier. Mais nous savons qu’un jour la République reconnaîtra les victimes de l’esclavage. C’est inévitable. Le concept est là, la date viendra après….
Est-ce une démarche de repentance pour la République ?
Je ne demande pas plus ni moins que ce que la République a fait pour la mémoire de la Shoah ou pour le génocide arménien. Mais dans la Shoah, comme pour les Arméniens, la France n’a eu que peu ou pas de responsabilités alors que l’implication de la Nation française pour l’esclavage a été massive. La loi Taubira condamne un crime contre l’humanité, mais sans coupable. Elle évoque des victimes africaines, malgaches, indiennes ou amérindiennes sans jamais citer les Guadeloupéens, les Martiniquais, les Guyanais et les Réunionnais. Il est facile pour le président Sarkozy e faire un grand discours à Dakar, mais j’attends qu’il vienne en faire un sur les terres où l’esclavage a eu lieu. Aucun président de la République n’est venu au pied d’un moulin à canne, aux Antilles pour dire simplement : « Ca a été dur… » C’est toujours une attitude de déni. Il y a un problème de sincérité.

Le travail mémoriel du CM98 apparaît comme le seul projet antillais capable de mobiliser unitairement après le naufrage du Collectifdom. Qu’en pensez-vous ?
Notre association s’est construite lentement, patiemment et nous n’avons jamais axé notre action sur des revendications immédiates. Il fallait une unité en profondeur autour de la mémoire de nos parents. On a pris du temps pour ça et la marche du 23 mai 1998, est venue consolider cela. Les groupes humains se rassemblent toujours autour de leurs grands morts. On a refusé les questions économiques, sociales pour privilégier celles de la mémoire. Et nous avons structuré un travail de réparation des personnes. Après six ans d’existence, nous avons créé l’institut des Français descendants d’esclaves. Et ce travail de longue haleine nous fait paraître aujourd’hui comme l’association la plus forte dans la communauté antillaise.
Comment expliquer que vous ayez réussi à faire cohabiter des rivaux, des opposants politiques ?
Ce qui tient à cœur cette communauté, c’est ce qui touche à la dignité. La dignité blessée de ce groupe humain est à mettre en relation avec la reconnaissance de la mémoire des victimes. En 1998, une revendication a uni les Antillais, les Guyanais et les Réunionnais : que la République respecte la mémoire des victimes de l’esclavage. Les Antillais se sont réveillés et aujourd’hui, ils veulent prendre des places d’influence et de pouvoir dans la société, quelles que soient leur tendances politiques.
Le candidat Sarkozy s’était engagé en faveur du 23 mai. Où en est-ce ?
C’est Patrick Karam qui est en charge de ce dossier. Mais nous savons qu’un jour la République reconnaîtra les victimes de l’esclavage. C’est inévitable. Le concept est là, la date viendra après….
Est-ce une démarche de repentance pour la République ?
Je ne demande pas plus ni moins que ce que la République a fait pour la mémoire de la Shoah ou pour le génocide arménien. Mais dans la Shoah, comme pour les Arméniens, la France n’a eu que peu ou pas de responsabilités alors que l’implication de la Nation française pour l’esclavage a été massive. La loi Taubira condamne un crime contre l’humanité, mais sans coupable. Elle évoque des victimes africaines, malgaches, indiennes ou amérindiennes sans jamais citer les Guadeloupéens, les Martiniquais, les Guyanais et les Réunionnais. Il est facile pour le président Sarkozy e faire un grand discours à Dakar, mais j’attends qu’il vienne en faire un sur les terres où l’esclavage a eu lieu. Aucun président de la République n’est venu au pied d’un moulin à canne, aux Antilles pour dire simplement : « Ca a été dur… » C’est toujours une attitude de déni. Il y a un problème de sincérité.