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Publié par fxg

Le juge attaque deux avocats
La plainte du juge pointois contre les deux avocats du barreau de Guadeloupe, dépaysée une première fois à Fort-de-France, a finalement été jugée à Paris, mardi.
« Trop ! C’est trop ! », la voix de Me Falla a tellement retenti que trois gendarmes se sont dépêchés d’entrer dans la salle d’audience de la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de Paris… Le bâtonnier Félix Rodes et l’avocat René Falla ont comparu, avant-hier. Poursuivis en diffamation par le juge pointois Catherine Sargenti, l’audience a duré quelque 11 heures trente ! Conseillée par le bâtonnier Hermantin et Me Suzane (qui avait défendu Janky !), la présidente du tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, avait porté plainte suite aux déclarations des deux prévenus sur les ondes de RFO et de Canal 10, en juillet 2005. Mes Rodes et Falla, devant leurs huit avocats dont les Martiniquais Mes Germany, Constant, Benjamin, Auteville et Ursulet, et la Guadeloupéenne Brigitte Rodes, ont profité de l’occasion pour essayer de transformer leur procès en celui de la magistrate. Dans la salle, le bâtonnier en exercice, Me Gérard Derussy et deux collègues du conseil de l’ordre de Guadeloupe, Mes Dampied et Hildever, mais aussi la chanteuse et militante des droits de l’homme, la Martiniquaise Joby Valente ! L’affaire avait démarré, début juillet 2005, par l’annonce, dans France-Antilles, de la mise en examen de Me Falla pour abus de confiance envers ses clients. Celui-ci, accompagné de son conseil, l'ancien bâtonnier Félix Rodes, s’étaient répandu sur RFO pour dénoncer, selon le président de la XVIIe, M. Bonal, « une kabbale, un complot organisé par l’ex-procureur Patrick Vogt et Catherine Sargenti ». Sur Canal 10, des propos semblables avaient été tenus et Me Rodes avait parlé « d’excès de pouvoir et de violation de la loi » et encore « d’immixtion arbitraire ». « Je confirme intégralement ce que j’ai dit », a annoncé René Falla. « Vous évoquez un complot », reprend le président Bonal. « Mme Sargenti a monté un complot avec l’ex-procureur Vogt pour me détruire, pour que je sois radié du barreau. C’est son rêve ! »
Insinuations de corruption
Pour justifier son attaque, l’avocat Marie-Galantais a rappelé trois dossiers dans lesquels il est mis en cause et dans lesquels il avait affaire à un juge des tutelles ou de l’exécution qui n’était autre que Catherine Sargenti… Ces trois dossiers (avec quatre autres) sont ceux qui auraient amené à sa mise en examen. Et c’est avec ces trois affaires que la défense a tenté de retourner le procès pour en faire celui de la magistrate. Dossier Gilles, Affaire Sitji Léri et encore affaire Fonlebeck. A chaque fois, il y est reproché à Me Falla d’avoir ou prélevé des honoraires sur des fonds versés à des mineurs, ou dans le cas de l’affaire Fonlebeck d’avoir acheté aux enchères la maison de la cliente qu’il était censé défendre.La réponse de Falla a été de dénoncer « la justice coloniale ». Le procès en diffamation s’est donc transformé en une instruction de ces dossiers (alors que la chose n’est pas encore jugée). Le président n’a épargné dans ses questions ni les prévenus, ni la plaignante, sa consoeur. « Je confirme les termes de ma plainte, a dit Mme Sargenti. Si j’estime que la critique est normale il me paraît anormal d’être attaquée sur les ondes d’un média populaire et qu’on insinue que j’ai pu être corrompue. Je n’ai aucune haine envers qui que ce soit, ni même Me Falla mais je n’ai pas accepté ses propos tenus à mon égard. Les propos de Me Rodes ont été excessifs mais bien moins virulents que ceux de Me Falla… » Les plaidoiries ont donc conduit les parties à faire le procès de ces trois affaires. Me Hermantin, dans sa plaidoirie, s’est attaché à démontrer « l’absence de diligence de Me Falla », pour préserver les intérêts de ses clients et la justesse des interventions du juge des tutelles avant de réclamer 50 000 euros de dommages-intérêts, à l’instar « des sommes colossales » qu’aime demander Me Falla. Le parquet, dans son réquisitoire, a relevé « les trois imputations diffamatoire », « l’insinuation forte de corruption ou de prise illégale d’intérêt » qui ont « porté atteinte à l’honneur en sa qualité de magistrat ». « Les deux prévenus devront nous démontrer qu’ils se sont fondés sur des éléments tangibles, qu’ils ont fait preuve de prudence et qu’ils ne nourrissent aucune animosité personnelle… » S’en sont suivies quatre heures de plaidoiries pendant lesquelles les avocats de la défense ont tâché de suivre les prescriptions du parquet tout en essayant de démonter l’argumentaire de la partie civile. Le tribunal a remis son jugement au 9 septembre.
L’affaire Sitji
7 février 1987, l’enfant Sitji (3 mois) est victime d’un grave accident de la circulation. Me Falla est avocat de la famille. « J’ai assigné la CGSS, la MAIF… L’assurance a perdu la tête et appelle Sargenti à l’aide. Celle-ci écrit au bâtonnier que j’ai sacrifié les intérêts de cet enfant. Vous n’êtes pas procureur ! Je suis un avocat indépendantiste… Nous ne sommes pas du même bord. L’ennemi public n°1, ce sont Rodes et moi ! C’est ça la réalité de ce dossier. Je demandais 20 millions de francs pour cet enfant et on me met en examen pour avoir prélevé 74 050 francs sur une provision de 65 000 francs ! RFO, qui sonne faux mais qui existe quand même, n’a cessé de répéter ma mise en examen. A la suite de ces calomnies, j’ai perdu ma clientèle ! » Fred Hermantin a donné une toute autre version des faits : « L’accident a eu lieu en 1987. Sept ans plus tard, en 1994, grâce aux diligences  de Me Falla, les parents de Sitji n’ont touché qu’une provision de 15 000 francs en 1988 de la MAIF pour l’enfant à qui on a reconnu une incapacité permanente partielle de 80 %. Un an plus tard, la MAIF écrit à la mère et contacte le juge des tutelles. Les parents renoncent à garder Me Falla comme conseil et, avec l’assistance du juge des tutelles transigent avec la MAIF. En 1996, la MAIF verse une nouvelle de 50 000 francs. Le 7 mai 1996, Me Falla écrit aux parents pour leur dire qu’il a un chèque pour eux. Le montant n’est que de 43 000 francs. Trois jours plus tard, Mme Sargenti alerte le bâtonnier sur ces faits. Entretemps, le protocole d’indemnisation est signé avec la MAIF pour un montant de 1,5 millions de francs. « Mme Sargenti a-t-elle sacrifié les intérêts de l’enfant ? » demande Me Hermantin.

L’affaire Fonlebeck
Mis en examen dans ce dossier, Me Falla explique : « Mme Fonlebeck, une femme majeure, a connu des problèmes pour payer le crédit de sa maison. Elle me demande de tout faire pour sauver son bien. J’obtiens des délais ; elle verse 38 000 francs mais la saisie est imminente. J’ai surrenchéri lors de la vente, mais au bout de trois jours, elle n’est pas venue et je me suis retrouvé adjudicataire. Entre temps elle avait encore versé 30 000 F. Je me rends compte qu’il ne lui restait que 38 000 francs à payer. J’ai pris les 30 000 et versé la différence mais le créancier a refusé l’argent. Mme Fonkebeck n’a pas donné suite à mes demandes et se tourne vers le juge des tutelles. Je lui ai demandé de me rendre les 8 000 F que j’avais mis. Elle a refusé et j’ai demandé son expulsion. Et qui était le juge de l’exécution ? Mme Sargenti ! Et le 30 mai 2005 on me met en examen alors que c’est elle qui me doit de l’argent puisque j’ai payé sa dette. Ce qui intéresse Vogt et Sargenti, c’et le scandale ! Pour cette affaire, on m’a traduit deux fois devant le conseil de discipline et j’ai été relaxé deux fois ! » « Je ne vois pas qui est Mme Fonlebeck », s’est contentée de répondre Mme Sargenti.
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