Les Bonnes, de Jean Genêt au Théâtre d'outre-mer en Avignon
Les Bonnes de Jean Genêt, en version baroque
Amel Aïdoudi est Solange et Yna Boulanger est Madame (RDG)
Jean Genêt s’était inspiré d’un fait divers : les deux sœurs Papin, les bonnes, avaient assassiné leur maîtresse. Avec Jandira de Jesus Bauer, on passe du fait divers au « grand crime originel, celui du désir » Madame est présente sur scène mais on perçoit qu’elle est déjà trépassée et que les bonnes, les sœurs, jouent une comédie, un simulacre où l’on rejoue plusieurs fois la scène du crime comme une cérémonie expiatoire.
Lers Bonnes, Claire (Jeanne Beaudry) et Solange (Amel Aïdoudi)
Jandira de Jesus Bauer parle même « de « séance d’exorcisme » où le Loas du vaudou, la santéria et le candomblé du Brésil sont convoqués sur scène ! Du baroque pour cette mise en scène où le texte de Genêt est fidèlement respecté. Servitude, enfermement, haine, frustration, impuissance et puis, la mort, le meurtre comme une délivrance. On est entre messe blanche et messe noire, la pièce de Genêt est sacrificielle. Les sœurs mues par une relation sado-masochiste, lesbienne et incestueuse invoquent la figure d’un laitier. Leurs poitrines quasi dénudées ajoutent au mystère cette note d’érotisme qui renforce le baroque de la scène où traînent des objets colorés, disparates et surdimensionnés. Dans cette mise en scène, les jeux de rôles entre les trois femmes s’intensifient Claire, la jeune soeur s’apparente à sa maîtresse, et Solange à sa petite soeur. Genêt revisité par Jandira de Jesus Bauer et l’on comprend que certaines pièces soient éternelles !
Amel Aïdoudi, Yna Boulanger et Jeanne Beaudry, devant un tableau de Fédérica Matta (RDG)
Interview. Jandira de Jesus Bauer, metteur en scène
Monter les Bonnes de Jean Genêt qui a été mis en scène des milliers de fois, c’est courageux…
C’est courageux de le monter à chaque fois et c’est courageux de le transformer à chaque fois. Ce qui me plaît dans cette œuvre de Jean Genêt, c’est que plusieurs metteurs en scène l’ont monté, le monde entier a joué Les bonnes et moi, j’apporte quelque chose de nouveau, de complètement différent.
Quel regard nouveau proposez-vous ?
C’est un regard de Sud-américaine et c’est un regard caribéen ! La création a été faite à Fort-de-France et l’idée était de prendre les éléments communs à nous et de faire cette révolution tout en respectant, bien entendu le texte de Genêt.
D’où cette maîtresse qui est noire et les bonnes qui sont blanches ?
C’est le talent des trois comédiennes qui m’a poussée plutôt que la couleur de sa peau !
Comment avez-vous fait votre casting ?
Je savais avec qui j’allais faire la pièce. Elles étaient déjà ciblées, décidées !
Ce sont elles qui vous ont donné envie de monter les Bonnes ?
J’ai connu Jean Genêt en 1981 à Paris et c’est à cause de lui que j’ai monté Genêt ! J’étais assistante sur un montage des Bonnes au Brésil qui partait à Paris et qui n’avait rien à voir avec le côté religieux brésilien. La pièce était montée avec trois hommes ! Nous sommes partis à Paris et, à l’occasion, le metteur en scène étant un très grand ami à Genêt, et Jean Genêt est venu voir notre pièce.
Vous avez eu besoin de près de trente ans pour monter votre mise en scène des Bonnes ?
J’ai fait beaucoup d’autres choses…. Ca a pris de l’élan, de la force. Je n’ai pas pris le texte de Genêt pour le monter sur un coup de tête ou un coup de gueule, ça a été un coup d’idée ! Un coup de génie de le faire à ma façon.
Jeanne Beaudry et Amel Aïdoudi qui incarnent Claire et sa sœur Solange, Yna Boulanger, la maîtresse, comment les avez-vous trouvées ?
Ce sont des comédiennes professionnelles qui travaillent en Martinique, à Paris… Je les ai vues jouer plusieurs fois. Jeanne Beaudry, la plus jeune des comédiennes a 19 ans et a été mon élève en théâtre pendant trois ans. Elle s’est avérée la meilleure comédienne que j’ai eue pendant ces trois années. C’est pour ça que j’ai eu envie de lui ouvrir les portes d’un autre univers, un univers professionnel.
Parlez-moi du rôle de Madame…
Il y a plusieurs metteur en scène qui mettent l’accent sur le rôle de madame. Moi, j’ai fait l’inverse en donnant la part belle aux deux sœurs. Dans ce travail, il y a beaucoup du fait divers et ce sont les deux sœurs qui sont mises en relief.
Reverra-t-on Les bonnes en Caraïbe ?
Nous avons un projet pour reprogrammer les Bonnes à Fort-de-France au mois d’octobre et puis nous espérons la faire jouer en Guyane, en Guadeloupe et même au brésil, c’est pour cela que nous sommes en Avignon !
Amel Aïdoudi est Solange et Yna Boulanger est Madame (RDG)
Jean Genêt s’était inspiré d’un fait divers : les deux sœurs Papin, les bonnes, avaient assassiné leur maîtresse. Avec Jandira de Jesus Bauer, on passe du fait divers au « grand crime originel, celui du désir » Madame est présente sur scène mais on perçoit qu’elle est déjà trépassée et que les bonnes, les sœurs, jouent une comédie, un simulacre où l’on rejoue plusieurs fois la scène du crime comme une cérémonie expiatoire.
Lers Bonnes, Claire (Jeanne Beaudry) et Solange (Amel Aïdoudi)
Jandira de Jesus Bauer parle même « de « séance d’exorcisme » où le Loas du vaudou, la santéria et le candomblé du Brésil sont convoqués sur scène ! Du baroque pour cette mise en scène où le texte de Genêt est fidèlement respecté. Servitude, enfermement, haine, frustration, impuissance et puis, la mort, le meurtre comme une délivrance. On est entre messe blanche et messe noire, la pièce de Genêt est sacrificielle. Les sœurs mues par une relation sado-masochiste, lesbienne et incestueuse invoquent la figure d’un laitier. Leurs poitrines quasi dénudées ajoutent au mystère cette note d’érotisme qui renforce le baroque de la scène où traînent des objets colorés, disparates et surdimensionnés. Dans cette mise en scène, les jeux de rôles entre les trois femmes s’intensifient Claire, la jeune soeur s’apparente à sa maîtresse, et Solange à sa petite soeur. Genêt revisité par Jandira de Jesus Bauer et l’on comprend que certaines pièces soient éternelles !
Amel Aïdoudi, Yna Boulanger et Jeanne Beaudry, devant un tableau de Fédérica Matta (RDG)
Interview. Jandira de Jesus Bauer, metteur en scène
Monter les Bonnes de Jean Genêt qui a été mis en scène des milliers de fois, c’est courageux…
C’est courageux de le monter à chaque fois et c’est courageux de le transformer à chaque fois. Ce qui me plaît dans cette œuvre de Jean Genêt, c’est que plusieurs metteurs en scène l’ont monté, le monde entier a joué Les bonnes et moi, j’apporte quelque chose de nouveau, de complètement différent.
Quel regard nouveau proposez-vous ?
C’est un regard de Sud-américaine et c’est un regard caribéen ! La création a été faite à Fort-de-France et l’idée était de prendre les éléments communs à nous et de faire cette révolution tout en respectant, bien entendu le texte de Genêt.
D’où cette maîtresse qui est noire et les bonnes qui sont blanches ?
C’est le talent des trois comédiennes qui m’a poussée plutôt que la couleur de sa peau !
Comment avez-vous fait votre casting ?
Je savais avec qui j’allais faire la pièce. Elles étaient déjà ciblées, décidées !
Ce sont elles qui vous ont donné envie de monter les Bonnes ?
J’ai connu Jean Genêt en 1981 à Paris et c’est à cause de lui que j’ai monté Genêt ! J’étais assistante sur un montage des Bonnes au Brésil qui partait à Paris et qui n’avait rien à voir avec le côté religieux brésilien. La pièce était montée avec trois hommes ! Nous sommes partis à Paris et, à l’occasion, le metteur en scène étant un très grand ami à Genêt, et Jean Genêt est venu voir notre pièce.
Vous avez eu besoin de près de trente ans pour monter votre mise en scène des Bonnes ?
J’ai fait beaucoup d’autres choses…. Ca a pris de l’élan, de la force. Je n’ai pas pris le texte de Genêt pour le monter sur un coup de tête ou un coup de gueule, ça a été un coup d’idée ! Un coup de génie de le faire à ma façon.
Jeanne Beaudry et Amel Aïdoudi qui incarnent Claire et sa sœur Solange, Yna Boulanger, la maîtresse, comment les avez-vous trouvées ?
Ce sont des comédiennes professionnelles qui travaillent en Martinique, à Paris… Je les ai vues jouer plusieurs fois. Jeanne Beaudry, la plus jeune des comédiennes a 19 ans et a été mon élève en théâtre pendant trois ans. Elle s’est avérée la meilleure comédienne que j’ai eue pendant ces trois années. C’est pour ça que j’ai eu envie de lui ouvrir les portes d’un autre univers, un univers professionnel.
Parlez-moi du rôle de Madame…
Il y a plusieurs metteur en scène qui mettent l’accent sur le rôle de madame. Moi, j’ai fait l’inverse en donnant la part belle aux deux sœurs. Dans ce travail, il y a beaucoup du fait divers et ce sont les deux sœurs qui sont mises en relief.
Reverra-t-on Les bonnes en Caraïbe ?
Nous avons un projet pour reprogrammer les Bonnes à Fort-de-France au mois d’octobre et puis nous espérons la faire jouer en Guyane, en Guadeloupe et même au brésil, c’est pour cela que nous sommes en Avignon !