Interview Jean-Yves Brethes
Interview. Jean-Yves Brethes, PDG de la plantation du haut Panja (Cameroun) et membre de l’association des producteurs de bananes du Cameroun (Assobacam) ; il a été, entre 1975 et 1985, directeur de l’Assobag et secrétaire général du groupement diversification de Guadeloupe et Martinique.
« La croissance externe des groupements antillais passera par la banane africaine »
Ce front commun de la banane africaine et antillaise ne vous a pas rappelé le temps où on pouvait lire sur les murs, aux Antilles, des slogans hostiles au Cameroun ?
Je me souviens qu’en 1985, certains Antillais sont venus aider nos amis Camerounais, dont moi, à redévelopper les filières bananières et il y a eu une énorme effervescence aux Antilles car ils pensaient qu’on allait bouleverser leur part de marché et il y a eu de fortes oppositions.
On a longtemps pensé que les productions européennes et africaines étaient concurrentes. Les extrêmes concentrations qui se développent tant au niveau mondial qu’au niveau européen et ACP doivent nécessairement aboutir à des groupes économiques plus importants. Il y a des multinationales d’un côté et des regroupements de producteurs de l’autre.
Les groupements resteront toujours plus petits que Chiquita, Dole et Delmonte…
Nos groupements vont pouvoir organiser le marché, certes à des niveaux inférieurs aux multinationales, mais à une échelle économique qui leur permet de se battre, de se défendre, d’être complémentaires dans les saisons, dans les risques qu’ont certains pays à voir leur production disparaître pendant six mois, comme en cas de cyclone
Qu’est-ce qui a rendu possible cette évolution des relations entre Antillais et Africains ?
Aujourd’hui, un certain nombre de personnes qui sont à la base du redressement de l’économie bananière camerounaise, dont Patrick O’Quin, le patriarche, ont travaillé aussi aux Antilles, ont défendu les intérêts des bananes antillaises. Ils sont venus ici, ils sont devenus Camerounais sans oublier qu’ils ont défendu les bananes antillaises. Et ce sont ces gens là qui, il y a dix ans, ont senti qu’il fallait aller main dans la main.
Y a t-il des possibilités de croissance nouvelle ?
Aujourd’hui, certains capitaux investis ici dans le développement des bananes proviennent de certains amis Antillais comme Simmonet. A partir de là, l’Union des groupements antillais étant à la recherche d’une croissance externe, compte tenu de l’axe fort qui est en train de se mettre en place entre la Martinique, la Guadeloupe et le Cameroun, on arrive à mettre en place un axe non seulement politique, non seulement stratégique, mais un axe économique où les bananes du Cameroun pourront être commercialisées par les structures dans lesquelles il y a des bananes communautaires, comme nous l’avons fait après le cyclone Dean pour permettre à nos amis antillais de rester présent sur le marché européen de la banane.
Que peut-on escompter ?
Si on arrive à faire des groupes de commercialisation européens de l’ordre de 500 à 600 000 tonnes au travers des alliances qu’on est en train de sceller entre producteurs, je pense qu’on pourra se défendre sur les marchés beaucoup mieux qu’on ne se défendait avant.

« La croissance externe des groupements antillais passera par la banane africaine »
Ce front commun de la banane africaine et antillaise ne vous a pas rappelé le temps où on pouvait lire sur les murs, aux Antilles, des slogans hostiles au Cameroun ?
Je me souviens qu’en 1985, certains Antillais sont venus aider nos amis Camerounais, dont moi, à redévelopper les filières bananières et il y a eu une énorme effervescence aux Antilles car ils pensaient qu’on allait bouleverser leur part de marché et il y a eu de fortes oppositions.
On a longtemps pensé que les productions européennes et africaines étaient concurrentes. Les extrêmes concentrations qui se développent tant au niveau mondial qu’au niveau européen et ACP doivent nécessairement aboutir à des groupes économiques plus importants. Il y a des multinationales d’un côté et des regroupements de producteurs de l’autre.
Les groupements resteront toujours plus petits que Chiquita, Dole et Delmonte…
Nos groupements vont pouvoir organiser le marché, certes à des niveaux inférieurs aux multinationales, mais à une échelle économique qui leur permet de se battre, de se défendre, d’être complémentaires dans les saisons, dans les risques qu’ont certains pays à voir leur production disparaître pendant six mois, comme en cas de cyclone

Qu’est-ce qui a rendu possible cette évolution des relations entre Antillais et Africains ?
Aujourd’hui, un certain nombre de personnes qui sont à la base du redressement de l’économie bananière camerounaise, dont Patrick O’Quin, le patriarche, ont travaillé aussi aux Antilles, ont défendu les intérêts des bananes antillaises. Ils sont venus ici, ils sont devenus Camerounais sans oublier qu’ils ont défendu les bananes antillaises. Et ce sont ces gens là qui, il y a dix ans, ont senti qu’il fallait aller main dans la main.
Y a t-il des possibilités de croissance nouvelle ?
Aujourd’hui, certains capitaux investis ici dans le développement des bananes proviennent de certains amis Antillais comme Simmonet. A partir de là, l’Union des groupements antillais étant à la recherche d’une croissance externe, compte tenu de l’axe fort qui est en train de se mettre en place entre la Martinique, la Guadeloupe et le Cameroun, on arrive à mettre en place un axe non seulement politique, non seulement stratégique, mais un axe économique où les bananes du Cameroun pourront être commercialisées par les structures dans lesquelles il y a des bananes communautaires, comme nous l’avons fait après le cyclone Dean pour permettre à nos amis antillais de rester présent sur le marché européen de la banane.
Que peut-on escompter ?
Si on arrive à faire des groupes de commercialisation européens de l’ordre de 500 à 600 000 tonnes au travers des alliances qu’on est en train de sceller entre producteurs, je pense qu’on pourra se défendre sur les marchés beaucoup mieux qu’on ne se défendait avant.