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Publié par fxg

Prix des billets d’avion : le projet d’accord Etat/compagnies aériennes
Le projet de convention liant l’Etat aux quatre compagnies aériennes des DOM se heurte à l’inertie d’Air Austral.

Il se joue depuis quelques mois une partie serrée entre Patrick Karam, soutenu en cela par Yves Jégo, et les quatre compagnies aériennes desservant les quatre DOM (Air France, Corsair, Air Caraïbes et Air Austral). Aujourd’hui, un projet de convention existe. Air France, Corsair et Air Caraïbes seraient prêts à jouer le jeu, pas Air austral si l’on en croit les déclarations à la presse réunionnaise de Patrick Karam. Que prévoit cette convention ? Tout d’abord, 15 % de places entre le 15 juin et le 15 septembre au tarif le plus bas, hors promotion. Dans l’immédiat mais après la mise en œuvre de la réforme des congès bonifiés, un contingent de 5 % de places par vol au tarif le plus bas serait réservé. Ensuite des facilités de paiement : « Les compagnies signataires s’engagent à mettre en place des partenariats (…) avec des organismes financiers qui, en avançant les fonds, permettront ainsi aux familles concernées d’échelonner leurs règlements entre l’achat des places et le moment du départ. » Le projet d’accord prévoit aussi un volet plus social avec l’octroi d’un tarif particulier pour les personnes les moins fortunées : « En période de basse saison, une réduction de 33 % sera consentie sur le prix public de la grille tarifaire hors promotion en faveur des personnes les plus défavorisés qui veulent se rendre dans leur région d’origine. » Des conditions particulières sont assorties, notamment un plafond de revenu estimé à un demi-SMIC.
Résistance d’Air Austral
Concernant les bagages, outre les 25 kilos de franchise ordinaire, l’accord prévoit de facturer les surcharges au même tarif que celui appliqué sur les lignes intérieures métropolitaines. Une clause de flexibilité prévoit pour les compagnies un engagement à appliquer sur les lignes à destination de l’outre-mer les mêmes conditions de modification que celles en usage sur les lignes intérieures métropolitaines. Pour la classe économique, par exemple, sur les niveaux tarifaires les plus élevés (supérieurs de 30 % à celui le plus bas de la grille tarifaire annuelle), les compagnies s’engagent à accepter sans pénalité les changements de réservation (avant ou après le départ initialement prévu) et à rembourser sans frais l’intégralité du billet en cas d’annulation (avant le départ). C’est donc sur ce projet de texte qu’Air Austral fait des difficultés. Une position qui irrite le délégué interministériel dans la mesure où Air Austral a été montée dans le but exclusif d’assurer une meilleure continuité territoriale avec des fonds de la Région et du Département réunionnais.

Obligation de résultat
Sur le sujet des billets d’avion, Nicolas Sarkozy avait pris des engagements nets. Aujourd’hui, la feuille de route de Karam et Jégo sur le dossier, c’est une obligation de résultat. Trois compagnies se sont montrées favorables au projet de convention, à l’exception d’Air Austral dont le boss, Gérard Ethève, a laissé entendre ses réticences. Patrick Karam sait bien que le moment n’est pas le meilleur choisi pour les compagnies eu égard à la crise financière et économique. Air France, Corsair et Air Caraïbes semblent de leur côté préférer aller vers une convention, démarche volontaire et négociée, plutôt que pousser le gouvernement à choisir l’option du durcissement des obligations de service public ! Yves Jégo a été clair sur ce point, rappelant aux compagnies que le gouvernement serait prêt à prendre ses responsabilités. Cet axe Jégo-Karam (une nouveauté quand on sait que c’est sur le dossier aérien que la guerre avait éclaté entre Karam et Christian Estrosi en décembre 2007) ne rend pas la tâche facile à M. Ethève d’Air Austral, quelque part obligé de se justifier.

Ce qu’a réellement écrit Ethève à Karam
Quel feu couve entre le patron d’Air Austral et « le délégué aux billets d’avion », Patrick Karam ? La réponse se trouve dans un courrier que Gérard Ethève a adressé au délégué, le 6 juin dernier et que nous nous sommes procurés. Dans celui-ci, M. Ethève lui signifie que « après étude de tous les volets que vous proposez au niveau des aménagements tarifaires et l’évaluation de leurs conséquences financières pour l’entreprise, nous sommes dans l’impossibilité d’y donner suite compte tenu des graves contraintes économiques… » Dans ces conditions, et « à défaut de recevoir des compensations ou des supports financiers, nous ne sommes malheureusement pas en mesure d’accompagner vos souhaits sauf bien évidemment le maintien de la franchise bagage accompagné à 25 kilos… » On est loin d’un contingent de 15 % de places ! Gérard Ethève poursuit son explication en expliquant à M. Karam que le problème qu’il a à régler « est une trop grande élasticité dans le Yeld management des compagnies aériennes débouchant sur un dumping des tarifs en basse-saison compensées par des niveaux de tarifs excessifs en haute saison. » Et le pilote d’Air Austral d’avouer : « Bien que réprouvant la philosophie de ces pratiques, notre compagnie ne peut raisonnablement pas se démarquer des majors qui en sont à l’origine. » C’est signé, avec regret, mais c’est signé !

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