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Publié par fxg

« Nous ne sommes plus compétitifs »

Le conseil économique recommande une réorientation de la défiscalisation et une meilleure formation des hommes, mais aussi une impulsion de l’Etat pour favoriser l’initiative locale.

 

« Il faut une révolution culturelle pour que la qualité de l’accueil et du service soit à la hauteur. » Cécile Felzines, conseillère économique et sociale au palais d’Iéna, rapporteur de l’avis sur le tourisme outre-mer, n’a pas la langue dans sa poche. Après six mois de travail sur le terrain dans les DOM et les TOM, elle présente depuis hier le projet d’avis sur les perspectives d’avenir du tourisme dans l’outre-mer français. Il devrait  être adopté ce mercredi. « Nous nous sommes basés sur les rapports officiels, en commençant par celui de Miguel Laventure de 1997 : le tourisme stagne ou régresse dans les DOM alors qu’ils bénéficient d’un arsenal d’aides (exonération des charges, défiscalisation, fonds européens)… Pourquoi ? » Malgré des outils statistiques très mauvais (nonobstant les comptes « rapides » du CEROM et un sale temps lors des visites de terrain (sauf à Saint-Pierre-et-Miquelon), le constat est édifiant : « Nous ne sommes plus compétitifs sur les territoires d’outre-mer ! » Pourtant les DOM se sont dotés d’excellents lycées hôteliers, les plages de Guadeloupe et Martinique n’ont rien à envier à celles de Cuba et Saint-Domingue, la culture identitaire est forte et le touriste veut rencontrer cette identité là. « La qualité culturelle identitaire, celle des services, des prestations et du dialogue social sont la clé. »

 

« Le parpaing vieillit mal aux tropiques »

« Sur le papier, si les stratégies sont belles, sur les terrain, c’est tout autre ! » Les sages d’Iéna déplorent la vente des hôtels à la découpe (comme le Marissol-Novotel en Guadeloupe) alors même que la rénovation (grâce au scandale Accor de 2002) bénéficie de la défiscalisation. « On veut faire de ces hôtels situés sur les 50 pas géométriques des propriétés privées ! Mais on ne peut pas faire du béton à tout va alors que l’identité créole est presque abandonnée… » Selon Mme Felzines, le patrimoine créole doit être considéré au même titre que la rénovation des hôtels. « Le parpaing vieillit mal sous les tropiques. » Et puis, il faut que l’Etat soit plus présent : « Le peu de fonds européens dépensés en matière d’intercommunalité est impressionnant. » Côté investisseurs, l’épargne est insuffisante, les banques frileuses, bref l’investissement se raréfie. « Nous demandons une réorientation de la défiscalisation pour qu’elle soit plus opérationnelle sur le secteur hôtelier. La rénovation est urgente, mais en tenant compte plus fortement de l’identité créole. » Les conseillers souhaitent encore « séparer l’immobilier d’entreprise de l’exploitation pour faire revenir les grandes enseignes et sécuriser les garanties bancaires ». Ainsi ils préconisent de faire appel à des crédits bail immobiliers qui prolongent la propriété sur dix ans et ainsi évitent les ventes à la découpe après cinq ans. « Ce sont des mesures rapides, concrètes et faciles à mettre en œuvre… Avec Bercy. » Les sages recommandent encore la création de SEM patrimoniale pour qu’en cas de dépôt de bilan d’un hôtel, les collectivités locales puissent avoir la faculté de reprendre les hôtels implantés dans des sites remarquables. Abordant rapidement la question du foncier, rare, le rapport déplore que les zones hôtelières soit absentes des plans locaux d’urbanisme !

Personnels et comptes d’exploitation

Autre point qui fâche : les comptes d’exploitation des entreprise. « Le rattrapage salarial de 1995 et les conventions collectives font que la masse salariale pèse à 50 % (contre 30 % en métropole). C’est intenable ! »

Côté personnel, on attend à Iéna, un renouvellement des générations : «  les cadres doivent être issus du local ! » Et puis, on se méfie des projets de défiscalisation où l’écart entre les intentions d’embauche et la réalité est un abyme. Les sages sont prompts à fustiger le comportement des salariés et leur culture du conflit social mais aussi les requins de la finance. « Il faut une compréhension mutuelle. »

Enfin, les sages regrettent qu’il y ait un manque de professionnalisme dans les opérations de promotions et s’interrogent : « On investit 4 millions d’euros pour la Guyane, mais pour vendre quoi ?! »

 

Pani souvenirs !

Autre acteur épinglé : les chambres de métiers. « L’artisanat n’est pas assez développé alors que le savoir faire est important. Il y a de vrais artistes, une culture ancestrale… » Ainsi ils déplorent qu’en Guyane, on importe des articles de bois du Brésil alors que la filière bois est sous-exploitée ! « On peut rentrer des Antilles sans rien ramener comme souvenirs ! Un comble, car les touristes sont toujours prêts à payer pour en ramener ! »

La desserte aérienne…

1,9 % de clients américains en Martinique… La clientèles des DOM est exclusivement affinitaire. « Ca ne permet pas un développement touristique. Résultat : ni les Domiens, ni les métros ne viennent en nombre suffisants ! »

Les sages préconisent un étalement des congés bonifiés et soutiennent la venue de charters secs en haute saison et l’ouverture du hub de Roissy sur les Antilles pour favoriser un tourisme européen. Enfin, s’appuyant sur une étude de la chambre de commerce de Martinique, les sages constatent que les trois compagnies qui nous desservent sont exonérées de charges sociales, bénéficient de la défisc, mais que le prix des billets d’avion augmentent beaucoup plus (15 %) que sur Cuba et Saint-Domingue. Les mesures fiscales et sociales n’ont donc pas d’effet !

La concurrence de l’AFD

L’agence française de développement opère dans nos DOM, mais aussi chez nos voisins qui sont aussi nos concurrents. « Où est la cohérence ? » 300 000 Français se rendent chaque année à Cuba et Saint-Domingue où on leur vante qu’ils sont tout prêts du meilleur hôpital de la Caraïbe… A Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France !
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