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Publié par fxg

Willy Brigitte est-il un terroriste islamiste ?

Hier et aujourd’hui, la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Paris juge Willy Brigitte, soupçonné d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

L’affaire avait fait grand bruit, quand en octobre 2003, la Guadeloupe apprenait l’arrestation en Australie, d’un enfant du pays, soupçonné d’être un lieutenant d’Ousama Ben Laden. Interpellé pour défaut de titre de séjour et parce qu’on jugeait ses relations là-bas dangereuses, il avait été relâché par la justice australienne mais, à la demande du juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, il était expulsé et aussitôt mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Il risque dix ans de prison.

Debout dans le box, portant barbe et courtes locks, Willy Brigitte a écouté, hier matin, la présidente du tribunal, Jacqueline Rebeyrotte, faire l’instruction de son dossier dans une salle où la presse australienne était nombreuse. D’entrée de jeu, Willy Brigitte a déclaré : « Cela fait trois ans et quatre mois que je suis dans les prisons françaises. Je n’ai aucune confiance en la justice de mon pays et j’ai perdu tout espoir d’être compris. J’ai voyagé partout sans être inquiété par les douanes ou la DST… Une instruction impartiale aurait démontré que je ne suis pas un terroriste. J’ai choisi de me taire et de laisser mes avocats, Harry Jawad et Jean-Claude Durimel, le soin de me défendre. »
Pour ses avocats qui doivent plaider cet après-midi, après le réquisitoire du procureur, cette instruction du juge Bruguière n’est qu’un récit plein de contre-vérités, d’inexactitudes et d’approximations. « Tous les gens qui vont au Pakistan ne sont pas des terroristes ! » a déclaré Me Harry Jawad Durimel. « Cette infaction a été créée de toute pièce pour répondre à la peur engendrée par les attentats du 11 septembre 2001. Nous plaidons la relaxe. »

Itinéraire d’un Guadeloupéen en terre d’Islam

Des compagnons en Afghanistan et à Guantanamo

Willy Brigitte s’est converti à l’islam fin 1998. très vite il va rencontrer « les randonneurs », des gens qu’il aurait connus à la mosquée de Villiers-sur-Marne et à celle d’Omar, au métro Couronne, comme Djamel Loiseau, retrouvé mort en Afghanistan en 2003 ou d’autres, comme Feraga, qui ont été incarcérés à Gantanamo… Ensemble, ils font des marches d’rentraînement au Djihad. A la fin 1998, Willy part au Yémen. C’était un voyage de formation religieuse et linguistique où il aurait fréquenté un proche de Ben Laden, Cheikh Al Zantani. Il passera un mois et demi dans le geôles de Sanaa, soupçonné d’islamisme radical… Son ex-femme qui a perçu avant ce voyage « une évolution sectaire et un bourrage de crâne », raconte qu’il était « en quête de religion et en rupture avec la culture blanche ». « Le christianisme est la religion des esclavagistes », a-t-il déclaré au juge Bruguière, durant l’enquête.

« Servir Allah jusqu’à la mort »

De retour du Yémen, en avril 1999, il se remarie avec une musulmane. Quand les Twin towers tombent, le 11 septembre 2001, il déclare à son épouse : « Tu as un mari qui veut servir Allah jusqu’à la mort. » Et même s’il assure, comme il l’a dit, mercredi matin que « le terrorisme, c'est contraire à ma conception de la vie, contraire à l'islam qui prône le respect de la vie humaine », il veut partager la vie des Talibans et part au Pakistan. Il y retrouve Loiseau et Feraga dans un camp militaire où l’on forme « l’armée des purs ». Ce camp d’où sont partis les premières brigades musulmanes pour la Bosnie, est tenu par le mouvement radical pakistanais Lashkar-e-Toiba (LET). Il y rencontre des Tchétchènes et des étrangers prêts à se battre. Il y apprend le maniement des armes, des explosifs, les techniques du corps à corps et de l’embuscade.

L’opéra de Sidney

Willy Brigitte qui se faisait appeler Abderamane l’Antillais à Paris, Abou Maïmouna au Yémen, prend le nom de Salah Udine au Pakistan. Faute de pouvoir aller se battre en Afghanistan, on lui propose d’aller au Cachemire. Il refuse et, en février 2002, décide de rentrer. Sa tante, Juliette Marinette, l’héberge un temps avant qu’il n’aille partager une chambre avec un ancien « randonneur », Ketar qui le forme à l’informatique et à la technique du scan. En mai 2003, laissant entendre qu’il a compris avoir été manipulé, conditionné, il part en Australie où il pense pouvoir échapper à l’influence de Sajid Mir, le chef du LET, laissant entendre qu’il part au Liban. Mais on le soupçonne d’avoir été financé pour ce voyage et d’avoir eu beaucoup de contacts téléphoniques avec ce Sajid. En Australie, il se marie une troisième fois devant un imam lié au chef supposé de la cellule espagnole d'al-Qaïda, le Syrien Imad Eddin Barakat Yarkas, alias "Abou Dahdah", condamné à Madrid à 27 ans de prison fin 2005 pour sa participation à l’attentat du 11 mars 2004. Selon les investigations du juge Bruguière, il aurait monté une cellule terroriste qui aurait dû s’en prendre à un centre d’espionnage américain, une centrale nucléaire, voire à l’opéra de Sidney.

Harry Jawad Durimel : « C’est le procès de son âme »

« Ce procès est le procès de la peur et de l’islam et c’est le procès de son âme. Le jugement australien l’a mis hors de cause ! On juge un homme sur son parcours, sa trajectoire, ses voyages alors qu’ils ne montrent que sa quête identitaire. Tout autre regard est faux, à moins d’être un regard où l’on amalgame le Noir, l’islam et le terrorisme. C’est un gars qui n’aurait jamais mis de bombes ! Il était simplement prêt à soutenir une lutte contre les Américains. »

 

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