"Affaire du Jardin d'acclimatation"
Les zoos humains ne tomberont pas dans l’oubli
La ministre chargée de l’outre-mer s’est engagée, hier, à répondre aux préconisations de François Vergès sur la mémoire des expositions ethnographiques et coloniales.
En février dernier, naissait une polémique. Des élus guyanais demandaient de renoncer à une manifestation organisée au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne dans le cadre de l’Année des Outre-mer au motif qu’il fut le théâtre de zoos humains. Elle ne fut pas annulée, mais deux mois plus tard, la ministre chargée de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, confiait à François Vergès une mission sur la mémoire des expositions ethnographiques et coloniales.
La présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage a rendu six préconisations, hier. Elle propose l’inscription mémorielle au Jardin d’acclimatation, la signalisation dans l’espace public des lieux liés à l’histoire ultramarine et coloniale, la valorisation des archives autour des expositions coloniales et des spectacles ethnographiques, la protection du patrimoine immatériel des Outre-mer par la mise en place d’un programme de collecte des mémoires orales, l’élaboration d’une doctrine et d’un code de bonnes pratiques sur la question de l’identification et de la restitution éventuelle des restes humains des collections patrimoniales, et, enfin, la protection de la diversité des populations dans les Outre-mer et en particulier des populations autochtones et tribales.
Maie-Luce Penchard a, notamment, pris note de l’inscription mémorielle au Jardin d’acclimatation et en Guyane. Elle a indiqué qu’elle « souhaite que les acteurs concernés finalisent ce projet avec le ministère de la culture en 2012, en lien avec les Amérindiens de Guyane et les communautés Kanaks ».
Agence de presse GHM
PARUTION DE L'OUVRAGE
Zoos humains et exhibitions coloniales
150 ans d'inventions de l'Autre
En amont de l'exposition Exhibitions. L'invention du sauvage qui se tiendra du 29 novembre 2011 au 3 juin 2012 au musée du quai Branly, parait l'ouvrage Zoos humains et exhibitions coloniales. 150 ans d'inventions de l'Autre, véritable synthèse et ouvrage de référence sur la question, rassemblant les meilleurs spécialistes internationaux, sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire aux éditions La Découverte. Cet ouvrage rassemble plus de 40 contributions.
Les « zoos humains », symboles oubliés de l’histoire contemporaine, ont été totalement refoulés de notre mémoire collective. Ces exhibitions des « sauvages », aussi bien des « exotiques » que des « monstres », ont pourtant été, en Europe, aux États-Unis et au Japon, une étape majeure du passage progressif d’un racisme scientifique à un racisme populaire. Au carrefour du discours savant, des cultures de masse et de l’intérêt des puissances coloniales, ces exhibitions ont touché plus d’un milliard quatre cent millions de visiteurs depuis l’exhibition en Europe de la Vénus hottentote, au début du XIXe siècle. Ces exhibitions, peuplées d’êtres difformes et de personnes en provenance des espaces coloniaux d’Afrique, d’Amérique, d’Océanie ou d’Asie, comme appartenant à un univers de l’anormalité, disparaîtront progressivement avec les années 1930, mais elles avaient fait alors leur œuvre : bâtir deux humanités.