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Publié par fxg

Alain Jean-Marie, parrain du festival Jazz à Pointe-à-Pitre

« Après le bal du samedi soir, on allait chez Debs acheter toutes les dernières nouveautés »

Vous avez accepté d’être le parrain u festival de jazz de Pointe-à-Pitre, qu’est-ce qui vous donné envie d’accepter ?

Pour moi, c’est un honneur. Je suis très honoré et je me sens flatté parce que, être le parrain d’un festival, ce n’est pas rien. C’est d’autant plus un honneur que je suis né à la limite de Pointe-à-Pitre et des Abymes et les deux villes se sont mises ensemble pour faire un festival. Je suis très fier et très honoré.

C’est à La Pwent que vous avez commencé le piano ?

J’ai commencé chez une voisine, Mme René qui habitait rue du Commandant-Mortenol et moi, j’habitais chemin des Petites Abymes, j’avais huit ans.

Qui vous a fait prendre conscience que vous aviez du talent ?

Il me semble que j’ai toujours aimé la musique depuis que je suis tout petit. Quand j’avais 14 ans, j’ai commencé à jouer dans les boîtes de nuit avec des musiciens beaucoup plus âgés comme le clarinettiste et saxophoniste Edouard Pajamandy, alias Mariépin. Quand il est revenu de Paris, j’avais quinze ans et je jouais avec lui dans son club, il avait déjà 50 ans. Après j’ai joué avec Robert Mavounzy, Albert Lirvat, toujours des gens plus âgés. Je pense que c’est là qu’est venu tout ce que j’étais.

Quelles sont les rencontres qui vous ont marquées par la suite ?

Beaucoup de musiciens qui aimaient le jazz et qui avaient joué à Paris, mais aussi des gens qui étaient sur place comme Edouard Benoit qui a quatre ans de plus que moi, qui joue du saxophone et qui aimait le jazz. On était un petit noyau de jeunes, on aimait le jazz, le be-bop, Charly Parker, Sony Rollins. Je pense à Claude Miraculeux qui jouait de la flûte… On était des passionnés de jazz !

Qu’évoque pour vous la biguine jazz ?

Je n’ai jamais utilisé cette expression. Quand on jouait avec Edouard Benoit, pour nous, improviser comme on le faisait dans le style be-bop, c’était évident parce qu’on se considérait comme des jazzmen. On achetait tous les disques qui sortaient. Après le bal du samedi soir, le lundi, on allait chez Debs acheter toutes les dernières nouveautés. A l’époque, c’était Miles Davis, Sony Rollins, John Coltrane… Et on jouait la biguine en improvisant, comme les boppers. Pour nous, c’était naturel de faire comme ça. On n’a jamais pensé à biguine jazz. C’était de la biguine et en même temps du jazz, ça faisait une seule musique.

Que représentent pour vous Barel Coppet ou Al Lirvat ?

Albert Lirvat est un grand musicien de jazz. Il était un des meilleurs trombonistes dans les années 1940 à 1960 et il a inventé un concept, la biguine wabap où il utilisait les trouvailles des boppers. Il a donné à la biguine un souffle moderne. Il m’inspire toujours et j’aime beaucoup toujours la musique d’Albert Lirvat et je joue beaucoup de ses biguines.

Vous avez sorti un album en juin dernier, Gwadarama. C’est un hommage aux musiques de la Guadeloupe ?

Quand le producteur Thierry Gairouard m’a demandé de faire ce disque, il a choisi des musiciens guadeloupéens donc j’ai pensé que c’était un hommage à la Guadeloupe, d’où le Gwada et Rama pour panorama. J’ai fait un panorama de la diversité musicale de la Guadeloupe. Ce n’est pas exhaustif parce qu’il manque évidemment beaucoup de choses. La musique guadeloupéenne est tellement riche… J’ai voulu faire un survol des différentes musiques qu’on peut entendre en Guadeloupe. Il y a la biguine, un peu de gwo ka, il y a même un clin d’œil au zouk, à Jacob Desvarieux que je considère comme un grand musicien. Donc il y a un hommage au zouk, un petit hommage à Vélo avec Tijan, il y a même un pajanbel, un hommage à l’orchestre Jeunesse de Paul-Emile Haliar avec Bato la, des vieilles biguines des années 1960 composées par Jean Bordin ainsi que Lambi la…

Quels sont vos projets ?

Mes projets concernent un jazz plus classique, traditionnel. J’ai un disque avec un contrebassiste qui s’appelle Pierre Boussaguet qui va sortir bientôt et qui est déjà en vente sur le net. J’ai aussi des concerts avec un musicien afro-américain de New York, un saxophoniste de la nouvelle génération, Jimmy Greene… J’ai des concerts avec Benny Goldson et je jouer avec beaucoup de chanteuses sur Paris comme Morena Fattorini ou Alexandra Grimal…

Avez-vous conscience d’être reconnu comme un grand jazzman aujourd’hui ?

Oh… Vous savez, le fait que Pointe-à-Pitre et les Abymes me demandent de parrainer le festival, c’est déjà pour moi une très grande reconnaissance, mais la meilleure reconnaissance que je puisse avoir, c’est celle des musiciens qui m’appellent pour jouer avec eux. Et je continue à travailler, c’est pour moi la meilleure des reconnaissances !

Photos et Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM


 

 

 

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