Alain Jean-Marie à Banlieue bleue - l'interview
ITW Alain Jean-Marie, pianiste
Alain Jean Marie, le pianiste guadeloupéen, mentor de la biguine-jazz était à à Pierrefitte, dans le cadre du festival Banlieues Bleues. Il a créé un véritable dialogue entre le public et les sonorités renversantes de son complice (35 ans d’amitié), Patrice Caratini et son Jazz ensemble.
" Nous étions en connivence "
Alain ce soir vous avez été virtuose avec ce big bang de Patrice Caratini. Qu’avez-vous éprouvé devant ce public enthousiaste ?
C’est le big bang de Patrice Caratini qui s’appelle le jazz ensemble. Je lui ai proposé de faire des arrangements sur mes propres arrangements de biguine réflexion. C’est donc à partir des disques de Biguine réflexion qu’il a fait des arrangements pour son orchestre. Et ça a donné ça. C’est très chaud. C’est joué par d’excellents musiciens. Les meilleurs musiciens de Paris, chacun est soliste. Vraiment on a un très bon orchestre et le public a été chaleureux et réceptif. Nous étions en connivence, ça je l’ai ressenti vraiment.
Vous en profitez pour rendre un grand hommage à Haïti pendant la prestation. Ce pays vous tient vraiment à cœur ?
J’ai toujours aimé ce pays. Surtout quand j’ai débuté la musique. J’ai connu beaucoup de musiciens haïtiens qui venaient jouer à Pointe-à-Pitre, à la Cocoteraie et c’était la première fois que je voyais des musiciens professionnels, de très bons musiciens, vaillants, que j’admirais.
A quel moment avez-vous commencé à jouer dans les bals ?
J‘ai commencé très tôt. Je jouais dans les bals dès l’âge de quinze ans. J’ai joué dans le groupe Esperanza, le bœuf avec l’orchestre de Ferneste et le samedi soir j’allais faire les bals. Puis il y a eu Edouard Mariépyn qui revenait de France, puis après, avec le grand Robert Mavounzy. J’ai vraiment joué beaucoup de bals. Tous les samedis. C’est grâce à cet argent que j’ai pu acheter tous mes disques de jazz, chez Debs, et grâce à cela, j’ai appris à aimer cette musique de jazz.
Quel regard portez-vous sur la musique de votre pays aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent et la musique est en train d’aller très bien. Par contre, il y a plusieurs branches. Il y a une branche traditionnelle avec ceux qui travaillent sur le ka, le gwo ka et le bêlé. Il y a une branche zouk, avec tous les gens qu’on connaît, depuis Kassav jusqu’à tous les autres groupes. Et puis, il y a une autre branche qu,i à partir de la biguine et du jazz, sont une nouvelle fusion qui est très intéressante qui nourrit à la fois le jazz et la musique antillaise. Cela me fait penser à des gens comme Gilles Rosine, Grégory Privat, Mario Canonge bien qu’ils soient déjà connus, est vraiment une vague de jeunes pianistes qui sont vraiment très sophistiqués.
Comment nous parler de votre parcours musical, de cette longévité dans ce monde ?
J’espère que je vais progresser et avoir d’autres occasions de créer des choses belles. C’est vraiment ce que je souhaite, que ça continue.
Propos recueilli par Alfred Jocksan