Alban Fatkin
La terre vue de la terre d’Alban Fatkin
« Je travaille en argentique noir et blanc et je ne recadre jamais mes photos. » Alban Fatkin, lauréat à 21 ans du prix 2007 de la Vocation de la fondation Bleustein-Blanchet vient de publier aux éditions Clan Instinct, « Les pieds sur terre », un reportage photo réalisé au Maroc, en Mauritanie et au Mali… Les ferrailleurs de Tanger, les enfants de Bamako, l’esclave mauritanien… Malgré toute la beauté, la rêverie — on se dit : c’est du Rimbaud, c’est l’Abyssinie !—, malgré tout cela, son esprit nous parle de la terre, il est enraciné. Alban Fatkin est un géant, planté, aux os solides, une force de la nature qui sublime ce qu’il voit au moment où il le photographie… Les graphismes fournis, adroits, appuyés renvoient aux beaux-arts, à la recherche du beau, d’une vérité aussi. Jean-Eric Boulin, son préfacier, parle « d’une visée discrètement politique ». L’exergue qu’il signe l’atteste : « Ceux qui m’ont ouvert grand leur porte seraient, ici, reçus avec mépris et suspicion. Il semblerait que les seules portes qu’on puisse leur ouvrir soient celles des centres de rétention… D’ici ou d’ailleurs, nous avons tous pourtant les pieds sur la même terre. »
Un regard
Son travail est une ode à la composition, à l’équilibre. Il n’a peur ni du vide, ni de l’austérité d’un décor. Il est lui aussi d’une économie sèche, d’une humilité totale, et il a la force de l’instantané. Le temps et la dureté du monde sont estompées par la douceur des tirages et de l'édition. Un geste pour dévoiler des âmes. Le réel que le photographe jette au premier plan est transcendé, devient poésie. Il aligne les tirages par deux, trois ou quatre et voilà qu’il versifie. Comme Jérome et ses quatre vérités, séquence de photogrammes qui laisse deviner peut-être un cinéaste qui s'ignore encore… Ses cadres ne laissent rien au hasard. Il a une attention aux choses, en un mot, il a un regard.
A Jérusalem Est
Le prochain reportage d'Alban Fatkin doit être publié par Jeune Afrique. Il est rentré le 21 décembre d'Israël. Là-bas, il a accompagné une ONG qui garde une maison palestinienne de Jérusalem Est contre des colons israéliens pressés de s’en emparer. Une de ses photographies montre des gens en train de peindre une étoile de David sur la boutique d’un Palestinien. Ses pellicules sont rentrées par la valise diplomatique.
Régis Durand de Girard et FXG
Alban Fatkin vit à Sauve (Gard). Il s'est formé à la photo à l'atelier Nomade de Claude Simon. Il a été photographe pour France-Antilles et pour ce blog en septembre et octobre 2008. Son site Internet http://www.photobis.com/ALBAN_FATKIN/link