Escales Caraïbes - Jean-Philippe Martély
Pipo sur la Scène Bastille fait oublier la défection de Joëlle Ursull
« Nous sommes allés la chercher à l’arrivée de l’avion et… pas de Joëlle. » Marie-Claude a timidement annoncé depuis la scène l’absence de Joëlle Ursull. Le public est resté sans voix, puis il a grondé. La soirée des Escales Caraïbes de la Scène Bastille s’annonçait mal. Dans l’instant et comme un seul homme, les musiciens ont pris place derrière leurs instruments. Philippe Joseph au clavier, Patrick Boston à la guitare, Stéphane Castrie à la basse, Thomas Bellon à la batterie, Albert Vigne aux percussions-ka, suivi des cuivres (une nouveauté aux Escales !), Freddy Mouvsépian et Hamid Bemocine du groupe Kassav. Aux chœur, Marie-Céline Chroné et Claudine Pennont. C’est la continuité. On ne change pas ces voix appréciées et aimées du public.
Au pied levé, l’Habissoise Florence Naprix a remplacé la Mornalienne Joëlle Ursull, dont le public est resté sans nouvelle… Pourtant, lors de sa dernière prestation parisienne, en avril 2010 à la Cigale avec Erick Pédurand, Joëlle souhaitait vite retrouver Paris, sa scène et son public. Florence Naprix a ouvert le jeu avec une chanson de Joëlle, sans trop recevoir l’adhésion de la foule, vexée par cette défection. Florence a enchainé les standards de Kassav. Un peu brouillon, sans doute à cause du manque de préparation, mais toujours gardant le sourire, comme à son habitude. Elle assume, le meilleur est pour demain !
Hengy Cho cho, un jeune chanteur guyanais très en vue, a pris le relais de la Guadeloupéenne. Le plaisir et l’ambiance du carnaval guyanais avec ses touloulous et du bon piké djouk. Lla chaleur monte bien haut après la mi-carême ! C’est Cho cho en carnaval, tout chaud, dans une proposition théâtrale piquante, vivante, vibrante et palpitante. Les touloulous donnent dans le colé-séré et piké douvan, des danses provocantes et atypiques ; biguine et piké djouk donnent le rythme.
Petit entracte avec la chanteuse Leïla Torési, accompagnée au piano par le Guadeloupéen Jean-Marc Bellon. Une ballade teintée de blues métissé. Coup de cœur du public.
Pipo est là quand manque Ursull
Les choses se précipitent en coulisse. La vedette de la soirée, Jean-Philippe Marthély, s’impatiente. Il est entouré de quelques proches qui ne demandent qu’à être pris en photo à coté de la star du zouk. Ca se bouscule. Dans la salle, le public hurle son surnom : « Pipo, Pipo… » « Du fond de mon cœur, je vous aime ! » lance-t-il en entrant aux spectateurs en liesse. Il laisse à certains le privilège de caresser son embonpoint généreux de bon vivant, petit plaisir amical… Pipo le Robertin est membre du groupe Kassav depuis 1981. Et ça vibre sur la scène, et ça dance dans la salle. Avant d’interpréter son dernier succès, Feesbouc, le tube du dernier carnaval de Fort-de-France, il remercie l’animateur humoriste, Man Féfé de Tropique FM de lui avoir soufflé l’idée. Il espère qu’à la prochaine parade carnavalesque de Paris, en juillet sur le champ Elysée, le public parisien sera déjà en possession de son album, à la condition qu’il trouve un distributeur... Et oui, même Marthély a du mal. En fin de concert, le public se déchaîne pour lui réclamer à corps et à cris, élikoptè, élikoptè...
Texte et photos : Alfred Jocksan (agence de presse GHM)
Les Escales de PMJ
Patrick Marie-Joseph et son équipe ont la musique en partage. Depuis plus d’un an, ils donnent ce rendez-vous mensuel avec les musiques créoles, les Escales Caraïbes. Patrick Marie-Joseph tient à faire revivre le live et la musique des Antilles à Paris, loin des querelles de chapelles. Sa démarche a été comprise par le public qui n’hésite pas à se déplacer et remplir la salle. Dans un monde où il est si difficile de construire un programme sur le long terme, il n’est pas loin de réussir son pari en homme passionné et déterminé.
En images
Freddy Mouvsépian et Hamid Bemocine
Hengy Cho Cho, un homme heureux...
Les hommes du zouk Pipo et Jacob
Cho cho sur scène avec les choristes et Patrick Marie-JosephLes groupies de Jacob Desvarieux
Un billet d'avion est remis à Sari Ozgur par Maria d'Air Caraibes à côté de M'Zila du groupe Jancarthier voyage et de Marie-Claude au micro.