Budget de la mission Outre-mer : baston à l'Assemblée nationale
Le budget de l’outre-mer perd quelque 50 millions d’euros
Le budget de la mission outre-mer a été adopté hier et devant le tollé provoqué par une amputation des crédits du SMA, le gouvernement a fait marche arrière.
Le budget de l’Outre-mer a été adopté sans surprise, hier matin, à l’Assemblée nationale, au cours d’une séance qui a donné lieu à beaucoup de bruit et de fureur… Au débat, une baisse de 48 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 56 millions en crédits de paiement. « In fine, a déclaré la ministre Marie-Luce Penchard, et après contribution à l’effort national, le budget pour 2012 de la mission Outre-mer s’établit à 2,131 milliards en autorisations d’engagement et à 1,979 milliard en crédits de paiement. » Si le niveau des crédits de paiement 2012 est identique à ceux de 2011, si l’augmentation du taux réduit de TVA annoncée la veille par le Premier ministre ne concerne pas les territoires ultramarins où cette taxe s’applique à un taux compris entre zéro et 2,1 %, le gouvernement avait prévu, entre autres, une minoration de 5 millions d’euros des crédits du service militaire adapté, « sans que soit remis en cause le nombre de stagiaires accueillis et la montée en puissance du SMA 6000 », selon la ministre. C’est ce qui a mis le feu aux poudres avec une sortie d’Eric Jalton (PS) qui a scandalisé la majorité et que les observateurs habitués du palais Bourbon appellent « un fait de séance » : « Imaginez, a dit le député maire des Abymes, dans vos communes, une jeunesse touchée à 55 % ou 65 % par le chômage ! J’aimerais voir si vous voteriez des suppressions de crédits consacrés à l’emploi et à la formation des jeunes ! C’est notre situation ; cela vous fait rire… ou sourire, cela vous offusque que des élus de la République défendent les leurs et, singulièrement, leur jeunesse ! Nous sommes, en outre-mer, sur un volcan. La jeunesse va se réveiller et, tôt ou tard, la situation explosera ; ce seront les prémisses d’une situation identique en métropole. Rira bien qui rira le dernier ! » Cela lui a valu un rappel au règlement…
Carabin versus Penchard
Tandis que le député martiniquais, Serge Letchimy (app PS), venait soutenir son collègue guadeloupéen, il a indiqué lui aussi ne pas comprendre cette baisse de crédits du SMA : « Victorin Lurel avait expliqué clairement que l’on diminuait la durée de formation, ce qui permet de faire des économies. C’est une opération financière tactique. » Mais ce qui l’a le plus choqué, c’est l’amputation de 10 millions des crédits de l’aide à la rénovation hôtelière. « On a franchement l’impression que l’on recherche l’instabilité de l’investissement économique, en faisant tourner en bourrique ceux qui ont déjà des difficultés pour tenir le coup. » Marie-Luce Penchard a alors proposé, mais en réponse au député de Réunion René-Paul Victoria (UMP), un amendement gouvernemental pour « faire porter l’effort, non sur la ligne relative au SMA, mais sur les exonérations de charges ». Gabrielle Louis-Carabin (apparentée UMP), malgré les appels à la modération lancés par son collègue Eric Raoult (UMP), est venue à son tour à l’offensive : « Monsieur Raoult, il n’y a pas de modération quand il s’agit de la Guadeloupe ! Pourquoi, après le dépôt d’un amendement demandant le retrait de plusieurs millions d’euros sur le service militaire adapté et la ligne hôtelière, dans son propre budget, alors qu’elle (Mme Penchard, ndlr) est elle-même domienne, pourquoi donc, elle propose maintenant de l’enlever. Il faut cesser l’hypocrisie…» Eric Jalton l’encourage : « C’est un crime contre l’outre-mer ! » Réponse de la ministre à sa « copine » du Moule : « Madame Gabrielle Louis-Carabin, je n’oublie pas que je suis ultramarine et tout le monde le sait : j’ai répondu à vos interrogations devant la représentation nationale de manière suffisamment détaillée, et vous auriez pu me rejoindre si vous aviez été présente à ce moment-là. » Finalement, les 5 millions d’euros resteront au SMA et seront défalqués de l’enveloppe des exonérations de charge.
FXG (agence de presse GHM)