Daniel Maximin s'exprime sur le Jardin d'acclimatation
« Afin que le passé révolu ne fasse pas reculer l’avenir » par Daniel Maximin, commissaire de l'Année des Outre-mer français
« Certaines voix viennent de s’élever pour exprimer la crainte que le Jardin d’Acclimatation, qui va accueillir du 8 avril au 9 mai prochains la manifestation « Un Jardin en Outre-mer », ne soit pas un lieu approprié pour présenter avec respect et dignité les cultures des outre-mer. Nul n’ignore, ni nous organisateurs de cette année des Outre-mer, ni les actuels responsables du Jardin, que des actions passées au XIX° siècle et jusque dans les années 30 ont laissé des traces ô combien douloureuses : l’exhibition insensée, et aujourd’hui heureusement inconcevable d’hommes et de femmes de tous les continents, choisis pour leur différence et leur « attraction » exotique, Nubiens, Cosaques, Soudanais, Indiens, Lapons, Hindous, Galibis de Guyane, Kanaks et bien d’autres, livrés à la curiosité de visiteurs inconscients de l’humiliation infligée. (…) Il est temps pour l’Outre-mer de réinvestir ce Jardin , de répondre aux errements passés en y affirmant la vitalité de cultures dont nous ne pouvons qu’être immensément fiers et de les présenter avec toute l’exigence d’excellence qui préside au choix des spectacles et activités envisagés. Valoriser ces cultures, partager leur découverte, célébrer leur diversité, manifester avec force leur dignité, tels sont les critères fondamentaux qui ont présidé au choix du lieu et du programme de cette manifestation et ce à l’intention des quelque 300.000 visiteurs attendus : une majorité d’enfants amenés par leurs familles ou par les centres aérés, et venus de toute la France en cette période de vacances scolaires.
(…) C’est dans cet esprit que le Commissariat a répondu à la proposition des responsables du Jardin d’Acclimatation de consacrer aux Outre-mer français leur grand rendez-vous annuel avec les cultures du monde, à la suite de l’Inde, du Japon, du Maroc, de la Corée, des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et bien loin des « exhibitions » du siècle précédent. L’idée leur avait été soufflée par les salariés ultramarins du Jardin qui souhaitaient que « leurs » outre-mer puissent à leur tour y révéler la diversité de leurs ressources et de leurs richesses. »