Débat sur la diversité avec Claudy Siar
La diversité en débat à Neuilly
La Fédération des associations africaines et créoles (FAAC) et Agir ensemb’ pour une France de toutes les couleurs organisaient vendredi un débat sur la diversité.
Invité, Claudy Siar s’est présenté comme simple « haut fonctionnaire, ni droite ni gauche ».
« La France doit-elle avoir peur de sa diversité ? » Claudy Siar (délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer), George Axelle Brousillon (responsable de la diversité au sein du groupe L’Oréal), Arezki Dahmani (secrétaire national de la Maison de l’Union méditerranéenne), Dogad Dogoui (Africagora) et Jean-Christophe Duton (FAAC) ont tenté d’y répondre, vendredi dernier à Neuilly-sur-Seine. Devant une cinquantaine de personnes, le nouveau délégué interministériel s’est élevé contre le « discours de la méritocratie » opposé à « tous ceux qui sont non-blancs ». Il a cependant estimé que la « promotion de personnes sur la base de la couleur de peau ou de l’origine » avait provoqué « une crispation » et « un rejet des lois mémorielles ». Arezki Dahmani a rejeté le concept d’assimilation, qu’il a comparé à la volonté de « retirer ses rayures à un zèbre pour en faire un âne ». « Le vrai débat, c’est le mérite, l’accès au savoir », a poursuivi Arezki Dahmani, semblant prendre le contrepied de Claudy Siar. George Axelle Brousillon a exposé la politique de promotion de la diversité de L’Oréal qui s’efforce (sans préciser avec quel succès) d’aider une poignée de « jeunes des banlieues ou des outre-mer » à intégrer Henri-IV ou l’Essec. Dogad Dogoui, plus politique, a dénoncé Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Outre-mer : « L’avantage de la France, c’est que c’est, dans ses institutions, le pays de l’égalité, de la justice, des lettres... Dans les dîners en ville, la réflexion est que la France ne sera plus la France. Ce n’est pas le rôle des responsables de relayer les propos haineux. » Concluant ces interventions, Jean-Christophe Duton a estimé que « le ressenti de certains Français est le fruit d’amalgames constants ».
« Sortir de la diversité »
La salle s’est alors exprimée. « Nous sommes responsables de ce qui nous arrive. Nous avons utilisé le concept de diversité comme un moyen de promotion. Comment sortir de la diversité ? Les communautés asiatiques ou juives s’organisent économiquement, pas nous ! », a indiqué Lucien Pambou, conseiller municipal UMP d’Alfortville. Un jeune cinéaste a ensuite estimé que la « vraie solution » était que les jeunes disposent de « modèles ». Plusieurs personnes, dont un ancien de France Plus, ou David Auerbach Chiffrin, de Tjenbé red, ont interrogé Claudy Siar sur son rôle de délégué ministériel et sa nouvelle appartenance « à une majorité politique dont les propos sur la diversité sont parfois divers ». Claudy Siar a contesté représenter un parti politique, soutenant que son rôle pouvait être « celui d’un haut fonctionnaire qui s’interdit toute appartenance politique » avant d’affirmer qu’il ne s’engagerait pas dans la campagne présidentielle. La veille, lors d’une rencontre avec les associations ultramarines, il avait annoncé qu’il conduirait un « tour de France » avec la ministre chargée de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, à la rencontre des populations ultramarines.
Martine Robert
Photo : De gauche à droite, Jean-Christophe Duton, président du pôle formation de la Faac, Dogad Dogoui, fondateur d’Africagora, Claudy Siar, délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, George Axelle Brousillon, responsable diversité chez L’Oréal, Arezki Dahmani, secrétaire national de la Maison de l’Union méditerranéenne, Jennifer Pélage, présidente d’Agir ensemb’ pour une France de toutes les couleurs, et Roger Anglo, président du pôle culturel de la Faac