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Publié par fxg

Le 7e prix Fetkann au Café de flore

Edouard Glissant, François Blancpain, Caroline Fourest et le collectif d’auteurs (Anne Blanchard, Francis Mizio et Serge Bloch) de L’Encyclopédie rebelle des insoumis et autres révolutionnaires, sont les lauréats du 7e prix Fetkann, mémoire de l’esclavage, mémoire des pays du sud.Nicole-Alpha-pentoscrope-et-prix-jeunesse.jpg

La cérémonie de remise du prix Fetkann a eu lieu mercredi au Café de flore à Saint-Germain-des-Près, et a été ouverte par un hommage à Jenny Alpha, prononcé par Henri Hazaël-Massieux (sous le contrôle de Nicole Alpha, invitée à remettre le prix jeunesse). La députée George Pau-Langevin, en préalable à la présentation des ouvrages sélectionnés, a déclaré :« La place de la littérature créole n’était pas suffisamment connue en France. Ce prix lui rend justice. » Fourest-et-Pentoscrope.jpgDans la catégorie Mémoire, le jury avait retenu trois ouvrages : L’affaire de l’esclave Furcy (Grasset) d’Assaoui Mohamed (l’histoire d’un esclave de l’île Bourbon venu demander au tribunal sa liberté) ; L’Afrique noire est-elle maudite ? de Moussa Konaté (Fayard) qui traite de "l’isolement et la marginalisation, grande peur des Noirs africains" ; et La dernière utopie (Grasset) de Caroline Fourest, un « livre de parti pris », (selon le juré Stéphane Pocrain  qui remporte le prix. Yvon-Chotard.jpgDans la catégorie Recherche, étaient en compétition finale, Les chemins des proies, une histoire de la flibuste de Jean-Jacques Seymour chez Ibis rouge, la revue des Cahiers des anneaux de la mémoire, dirigée par Yvon Chotard, et l’ouvrage Etienne de Polverel de François Blancpain aux Perséides (Polverel était l’alter ego utopiste de Sontonax à Saint-Domingue). C’est ce dernier qui est récompensé mais le jury a tenu à décerner une mention spéciale aux Cahiers des anneaux de la mémoire, un hommage à l’association éponyme de Nantes (en photo, son président Yvon Chotard) qui a réconcilié la ville avec son passé esclavagiste. Dans la catégorie Jeunesse, Lettres de Guadeloupe d’Antonia Neyrins (éditions jasmin), déjà couronné du prix du livre insulaire 2010, et Drépanocytose, histoire de vies, collectif chez Starbook, un recueil de témoignages et d’explications assortis d’une bande-dessinée, ont été surclassés par L’Encyclopédie rebelle des insoumis et autres révolutionnaires d’Anne Blanchard, Francis Mizio et Serge Bloch. « philosophie-de-la-relation.jpgUne Bible », selon Béatris Compère, jurée. On y trouve Toussaint Louverture, Sitting Bull, Akhénaton ou François Villon… Enfin, dans la catégorie Poésie, Philosophie de la Relation d’Edouard Glissant chez Gallimard l’emporte face à Pour Haïti, collectif chez Desnel, et Je tresse mes mots de Jean Herold Paul, un « poète parfois fulgurant », selon le juré Pierre Magin, intarissable sur le philosophe poète martiniquais, « le militant, le prophète, le chantre de la tragédie, l’utopiste, le géographe sociologue du monde, le Prométée… » Edouard Glissant, hospitalisé depuis quelques jours, n’était pas non plus représenté par son éditeur pour recevoir son prix. « Mon cœur, écrit-il, ne tient qu’à ma fureur… »

FXG (agence de presse GHM)

Photos : Régis Durand de Girard

 


Prix de la mémoireFX-FT-Fourest.jpg

 

La dernière utopie de Caroline Fourest, est une forme de « cartographie du débat en France et dans le monde occidental sur la question des identités, des luttes contre les discriminations, le multiculturalisme, le pseudo-choc des civilisations », indique Stéphane Pocrain. Celui-ci estime qu’il vaut mieux « être en désaccord avec Caroline Fourest qu’en accord avec bien d’autres » ! Interview de l’auteur.

La dernière utopie" Le souffle de l’universel est du côté des révoltés "

Quelle est cette dernière utopie ?

La dernière utopie… C’est un travail de trois ans qui voyage dans la crise du multiculturalisme pour essayer d’en sauver ce qui nous réunit tous, c’est-à-dire l’universel. Je suis particulièrement heureuse d’avoir ce prix parce que souvent, on a tendance à  réduire l’universalisme à la défense d’une norme. Il y a même des gens qui veulent y voir une résurgence du néo-colonialisme. C’est un cliché absolu et même plus qu’un cliché, c’est un piège destiné à nous diviser, à sectionner les droits de l’Homme en fonction des cultures et des religions. C’est la stratégie utilisée aujourd’hui par pas mal de dictateurs pour échapper au respect des droits de l’Homme. Fourest-1.jpgJe reste persuadée qu’aucun homme sur terre n’aime être ni esclavagisé, ni torturé, ni bâillonné, qu’aucune culture, aucune religion ne peut justifier de se soustraire à ce respect universel des droits de l’Homme. Et en même temps, j’ai bien conscience qu’il y a des gens qui s’abritent derrière le beau mot d’universel pour justifier des positions normatives. Quand je me suis battue pour l’égalité des droits en France, je me suis fait taxée de communautariste, puis d’intégriste de la République. Entre les deux, j’essaie de tracer un chemin qui soit à la fois universel, antiraciste et laïc alors qu’on voudrait opposer ces mots.

 Que dîtes-vous de la diversité ?

On a tendance, dans le débat public, à utiliser le mot diversité à la place du mot égalité. Il y a un problème. Fourest-3.jpgSi on veut flatter le droit à la différence pour nous expliquer que nous sommes tous totalement différents du fait de notre degré de pigmentation, de notre origine, de notre lieu de naissance, je ne vois pas en quoi ça fait reculer les clichés et le racisme. Et aujourd’hui, il y a beaucoup d’autorités qui abandonnent le terrain de la lutte anti-raciste et de l’égalité des chances parce que ça coûte de l’argent et que le mot de diversité est plus superficiel, plus facile. Donc c’est aussi un appel à l’exigence à ne pas déserter ce mot d’égalité, à ne pas confondre universalisme à une forme de néo-colonialisme parce qu’en réalité, le souffle de l’universel est du côté des révoltés, du côté de ceux qui ont rompu l’esclavage, fait tomber l’apartheid et le mur de Berlin et toute forme d’entraves aux droit de l’Homme, il n’est pas du côté des oppresseurs et ceux qui veulent nous le faire croire sont ceux qui veulent nous opprimer.

Et où placez-vous le communautarisme ?

On utilise ce mot à tort et à travers et il faut absolument distinguer le moyen et l’objectif. Il y a des moyens communautaire de lutter pour l’égalité. A partir du moment où l’objectif, c’est l’égalité, on est sur un combat universaliste. A l’inverse, il y a des moyens universels de lutter pour des dérogations à la loi commune, pour des exceptions, pour des privilèges. Et là, si le moyen ne l’est pas forcément, l’objectif est communautariste.

Fourest-serree.jpgVous pensez à la positive action ?

Je pense que faire des quotas ethniques pour obtenir un semblant de saupoudrage de diversité qui cache en réalité un abandon total de l’égalité et un retour des clichés. Car pour faire des catégories ethniques, il faut réduire chacun à son identité la plus visible. C’et en partie ce piège que je dénonce dans le livre.

Que retenez-vous de votre réflexion ?

Une des leçons de l’universalisme est qu’il s’agit d’être cultivé, il s’agit de connaître les cultures, de laisser la liberté à chacun de s’autodéterminer, de s’autoprésenter. Il ne s’agit pas de dire que l’universalisme est la négation de tout ce qui fait la richesse de nos parcours, de nos différences de vie… Ce n’est pas assigner quelqu’un à ce qu’on pense être son identité parce qu’il est noir, femme ou homosexuel. Mon identité est complexe, laissez-moi le temps de l’énoncer ; ne m’étouffez pas, ne me l’imposez pas.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)

(en même temps que François Thomas de RCI)


Francois-Blancpain.jpgPrix de la recherche

 

Etienne de Polverel de l’historien François Blancpain (ancien de l’ENFOM, l’ENA de l’outre-mer !), narre l’histoire de cet homme qui fut le libérateur des esclaves de Saint-Domingue avec Sontonax. « J’écris sur Haïti depuis longtemps, déclare l’auteur. J’ai commencé avec un livre sur l’occupation américaine de 1915-1934… J’ai continué sur d’autres sujets et j’ai rencontré les noms de Sontonax et de Polverel. Rien n’avait été fait sur ce dernier ; son ouvre est beaucoup plus riche que celle de Sontonax qui s’est contenté de dire aux esclaves : « Vous êtes libres. » Mais être libre sans éducation, sans formation professionnelle, sans un sou en poche, c’est dur… Etienne-de-Polverel.jpgEtienne de Polverel qui devait annoncer l’abolition à l’est de l’île, a essayé d’instauré un statut du cultivateur libre sur des plantations de propriétaires en gestion commune, un sorte de kibboutz. Ç’a été un échec, mais c’est très intéressant. Et aussitôt après(je suis iconoclaste !), Toussaint Louverture a pris des dispositions opposées à celles qu’avait pris Polverel en interdisant à la vente des propriétés de moins de cinquante carreaux, soit mois de soixante hectares, interdisant par là à tout esclave de pouvoir se payer un terrain. Quant à la gestion des terres, elle était devenue militaire, faisant de ces nouveaux libres de véritables serfs ! Polverel n’a pas vu cela, il est mort quelques mois après en France. Et il est tombé dans l’oubli… »

 


Echos

 

Cadenet-livre-polverel.jpgToni Morrisson et Louis Delgrès

Confidence de Jean-Claude Cadenet, délégué général outre-mer à la mairie de Paris : l’Américaine Toni Morrisson, prix Nobel de littérature, a fait installer la semaine dernière, un banc dans la rue Delgrès, à Paris 11e.  La rue Delgrès n’est qu’une simple traverse qui relie deux rues et longe un terrain de sport. Elle ne dessert aucune entrée d’immeubles et seul un mémorial à Delgrès distrait sa rectitude. C’est là que l’auteur des Yeux bleus a fait poser le banc.

GPL-Presse.jpgGeorge Pau Langevin et Frantz Fanon

George Pau Langevin, députée PS de Paris ourdit un plan ambitieux :  baptiser une rue de Paris du nom du médecin et écrivain martiniquais et algérien, Frantz Fanon. Elle espère y parvenir avant le cinquantenaire de sa mort, en décembre 2011. Par ailleurs, la mairie de Paris va installer un buste de Gaston Monnerville dans l’allée qui porte son nom, le long du boulevard de l’Observatoire.

 


 

En images10.jpg

Stéphane Pocrain, animateur du prix Fetkann, José Pentoscrope, le président du CIFORDOM, organisateur du prix, sa secrétaire générale, Jeannette Syrracuse, et Béatris Compère, jurée.Compere-Dorigny-Hmassieux-anglo.jpg

Béatrice Compère, Marcel Dorigny (co-organisateur), Henri Hazaël-Massieux et Roger Anglo.Fourest-Guede.jpg

Caroline Fourest, avant la remise des prix, avec le lauréat de l'an passé, le journaliste Alain Guédé (et patron de l'association du Concert du chevalier de Saint-George.)GPL-Nicole-annoncia-nicole-Alpha.jpg

George Pau-Langevin, députée PS de Paris, Nicole annoncia et Nicole Alpha.Hazael-Massieux-Anglo-Loyson.jpgHenri Hazaël-Massieux, Roger Anglo et Freddy Loyson.Sourya-Adele-pentoscrope-copie-1.jpgSourya Adèle, jurée, et José Pentoscrope.

 

 


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