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Publié par fxg

GPL ministre des OM profil fxgITW George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer

« Il appartient aux élus Guyanais de demander l'extension de la loi de 1905 »

C’est votre premier déplacement en Guyane en tant que ministre des Outre-mer, une région qui connaît plus de difficultés que les Antilles ou la Réunion, quelle est votre priorité ici ?

Je suis en Guyane pour proposer un calendrier et une méthodologie pour la construction du pacte d’avenir, produit de la concertation de l’ensemble des acteurs, qui engagera la Guyane dans une nouvelle ère, d’ici 2025.

Ma visite est par ailleurs organisée autour des enjeux et des préoccupations des Guyanaises et des Guyanais : en matière de santé, l’inauguration du pôle mère-enfant du centre hospitalier de Cayenne et la pose de la première pierre du centre hospitalier de l’ouest, en matière d’éducation avec ma visite au rectorat et l'intérêt porté à la prévention des violences scolaires, et bien entendu  en matière d’économie et de lutte contre le chômage, des échanges avec les grands acteurs économiques de la région. Une visite à la hauteur des enjeux de mon ministère : garantir aux territoires d’Outre-mer qu’ils sont au cœur des préoccupations et de l’action du gouvernement du Premier ministre, Manuel Valls.

Votre programme consacre deux séquences à l’éducation. Qu’est-ce qui vous préoccupe ?

La Guyane, par la jeunesse de sa population, par son dynamisme démographique et par les contraintes spécifiques de son territoire, a besoin en matière d'éducation d'un effort soutenu des pouvoirs publics au sens large. L'Etat doit s'engager et il le fait, mais cet effort doit être partagé par les collectivités locales avec lesquelles nous voulons travailler dans la durée pour satisfaire notre ambition commune : permettre au plus grand nombre de jeunes d'acquérir les savoirs et les formations leur permettant de contribuer au développement de la Guyane dans les années à venir. C'est tout le sens de l'engagement pris par l'Etat de créer dès la rentrée 2014 une université de plein exercice pour la Guyane. Il sera tenu avec la signature prochaine du décret. C'est aussi le sens de nos efforts déployés en faveur de l'école partout sur le territoire national et en Guyane tout particulièrement. Cela implique notamment de poursuivre les constructions scolaires, de rechercher les voies de développer la restauration scolaire, en particulier dans les petites communes, ou encore de lutter contre les violences à l'intérieur et aux abords des établissements. Je viens à la rencontre de l'ensemble des acteurs pour écouter, pour évaluer les actions déjà entreprises et, surtout, pour montrer que l'Etat ne se résout à aucune fatalité et qu'il veut agir dans la durée.

La Guyane est secouée par la décision du Conseil général de ne plus payer les prêtres qu’il a en charge depuis la départementalisation. La France, Etat laïc de par sa Constitution, a laissé s’installer une situation que l’on pensait réserver à l’Alsace et à la Moselle et dont les fondements remontent à une ordonnance de Charles X. Quel est le point de vue du gouvernement sur ce dossier ?

Ce sont les élus locaux qui ont demandé, en 1911, que la loi de 1905 ne soit pas étendue à la Guyane, alors qu'elle était étendue aux Antilles et à La Réunion. Le Conseil d'Etat et le Conseil Constitutionnel ont estimé, depuis, que ce type de dispositions particulières n'est pas incompatible avec le principe de laïcité, parce que préexistant à la Constitution de 1958 et n'ayant pas été modifié depuis. Il n'est pas envisagé par le Gouvernement d'étendre à la Guyane le régime concordataire régissant l'Alsace et la Moselle. En revanche, il appartient aux élus Guyanais, s'ils le souhaitent, de demander à l'Etat l'extension de la loi de 1905. Faute de quoi, dans l’état actuel du droit, conformément à la législation en vigueur, c'est au Conseil général, et, dans le futur, à la collectivité unique, qu'il revient d'assumer la charge de la rémunération des prêtres catholiques.

Vous allez poser la première pierre du centre hospitalier de l'ouest guyanais. Peut-on dire que l’accès aux soins est satisfaisant dans cette partie de la Guyane ?

La pose de la première pierre du futur centre hospitalier de l’Ouest  guyanais est l’illustration de la nécessaire prise en compte par les pouvoirs publics des besoins et des attentes des populations. Elle s’inscrit avant tout dans une démarche d’anticipation des efforts d’investissements que la démographie guyanaise rend indispensable. C’est un défi majeur que mon prédécesseur, Victorin Lurel, avait lui-même pris à bras le corps. Entre 2002 à 2012, ces sujets n’ont pas suffisamment avancé, nous avons aujourd’hui le devoir de progresser, et vite : le centre hospitalier de l’Ouest  guyanais ouvrira ses portes au plus tard en 2017. De plus, l’inauguration lors de ma visite du pôle femme-enfant, unité de pointe au niveau technologique, à Cayenne, est là encore une preuve de notre engagement au service d’un renforcement des moyens.

Vous vous rendrez aussi à Iracoubo et Awala Yalimapo où aucun ministre des Outre-mer ne s’est jamais rendu… Pourquoi ce choix ?

C’est un réel plaisir pour moi de pouvoir me rendre à Iracoubo, commune riche d’un patrimoine culturel et naturel si puissant.  J’y féliciterai notamment Cornélie Sellali Bois-Blanc pour son élection en mars dernier et pour sa valorisation de la place de la femme sur la scène politique guyanaise !

Awala Yalimapo a été, en décembre 2013, labellisée par la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, pays d’arts et d’histoires, un label qui permet de préserver le patrimoine, de l’enrichir et de permettre sa diffusion aux publics les plus larges, en impliquant les habitants et de renforcer le traits d’union transfrontalier sur les deux rives du fleuve !

Justement, où en sont nos relations avec le Surinam, notre voisin ?

Le renforcement de la coopération transfrontalière avec le Surinam sera le thème d’une des séquences que j’ai souhaité dès mon arrivée dans l’ouest guyanais. Et pour cause, le renforcement des flux d’échanges est une donnée fondamentale dans une économie ouverte ! Les échanges ne sont pas seulement économiques, d’une rive à l’autre du fleuve Maroni, ils sont également humains ! Ils se nourrissent d’une communauté d’intérêts et sont amenés à se développer considérablement. Ma préoccupation est que nous sachions accompagner et maitriser ce développement afin que le territoire en retire le maximum de bénéfice. C’est tout le sens de la politique de coopération régionale que nous mettons en œuvre avec nos partenaires étrangers, y compris dans sa vocation à défendre nos intérêts, comme par exemple ceux pour la lutte contre la pêche illégale.

Propos recueillis par FXG, à Paris

 

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