JR et les femmes
Women are heroes de JR
Women Are Heroes est un film de l’artiste photographe JR réalisé aux quatre coins du monde (Brésil, Cambodge, Inde, Kenya). JR réalise ses projet au feeling et sans beaucoup de préparation. Il parcourt les endroits qu’il choisit pour ses projet ; il photographie des femmes et des enfant et colle in situ des reproductions géantes de ces photos. Une catharsis réussie sans didactisme ni militantisme, une disparition de l’auteur au profit de son propos. L’art comme medium politique nous montre pourquoi les femmes sont des héroïnes.
« Tout est mystère chez la femme. Ce mystère tient en un mot : la grossesse », a écrit Frederich Nietzsche. Le film débute sur un gros plan d’une femme noire en train de gémir. La caméra est très près. On a l’impression de pénétrer sa peau. Et puis… Un cri de bébé. C’est un accouchement, une naissance, un moment de joie. Le film passe sans transition à la bien nommée Moro de Esperanza, une des plus vielle favela de Rio de Janeiro. Nous parcourons les ruelles labyrinthique en accéléré pour s’imprégner de l’endroit et des gens, comme si JR nous transmettait sa propre émotion qu’il transcende ensuite dans son travail in situ. Des témoignages de femmes, sans aucun misérabilisme, disent leur amour pour leur famille, l’endroit et les gens qui y habitent, un peu à l’envers de ce que tous les médias nous rabâchent avec le succès économique de Lula et l’enrichissement des plus riches. Sans transition, le Cambodge. Une femmes témoigne de sa lutte contre l’expulsion dont sont victimes les gens de son quartier pour des raisons d’urbanisme et de programme immobilier juteux. Les photos géantes des visages de femmes sont collées sur les maisons vouées a la démolition… Et en détruisant les immeubles, ce sont des humains que l’on détruit. Toujours sans transition, une femme en Inde raconte son histoire en riant a gorge déployée malgré tout les malheurs qu’elle narre. Une séquence vraiment poignante et désopilante… Elle raconte que les hommes sont peureux et se cachent derrière les femmes… A Kibera, une banlieue délaissée de Nairobi, toujours des femmes filmées sans misérabilisme. L’une d’elles nous apprend que « quand on s’est habitué au travail, on peut très bien vivre sans les hommes. » S’ensuit une séquence qui signe la seule présence sonore de JR. Des gens débattent du projet de photographies géantes (des yeux en gros plan) sur des bâches déployées sur les toits. Les phrase résonnent fortement ; les yeux sont le signe de la présence des humains ; les portes de l’âme. Le film revient ensuite dans chacun des endroits évoqués pour montrer le déroulement du projet : photographie, collage et résultat final. La favela semble regarder la ville avec tous ces yeux. Au Kenya, les yeux du train trouvent leur visage dans le paysage et regardent le quartier oublié de Kibera.
Ce film non conventionnel, dans son fond et dans sa forme, est somme toute très simple. Dénué de maestria technique, sa simplicité décuple la force son propos. C’est tout cela évidemment la force de l’artiste JR et de ses projet audacieux. Il vient de recevoir le TED (Technology, Entertainment, Design), un prix de 100 000 € habituellement remis à des philanthropes, rarement a des artistes, qui plus est, si jeunes (JR à 27 ans). Women Are Heroes est aussi un livre aux éditions Alternatives qui avait déjà publié sur le même artiste « 28 mm » et « Face 2 Face »
Régis Durand de Girard
Bande annonce du film.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19183074&cfilm=173723.html