L'or de Guyane
Le WWF prône la traçabilité de l’or guyanais
« De la mine à la vitrine », c’est le parcours de traçabilité que le WWF voudrait voir naître pour l’or de la Guyane en considérant le problème du point de vue de la filière.
Le directeur général du WWF France, Serge Orru et son responsable outre-mer, Romain Renoux étaient à l’Assemblée nationale, lundi 19 octobre, avec Christiane Taubira pour présenter leur étude. « La traçabilité permettrait de piéger les activités d’orpaillage clandestin (les garimpeiros) et illégal », a indiqué Christiane Taubira. Il y aurait de 3 000 à 15 000 orpailleurs clandestins, 5 à 600 chantiers illégaux et, pour 3 tonnes par an d’or extraites légalement, 10 tonnes d’origine douteuse. Et cet or illégal infiltre la filière légale. Après huit mois d’étude sur le terrain, le WWF voudrait mettre en place une démarche pilote de traçabilité pour la saint Valentin 2011 en attendant l’or équitable ! Mais comment tracer un produit qui se vend à 28 000 euros le kilo ? Il faut identifier la faiblesse des maillons dans la filière aurifère qui compte cinq niveaux : les exploitants miniers, les comptoirs d’or, les affineurs (ils sont 3 ou 4 grandes maisons dans l’Hexagone, mais une seule affine l’or de Guyane, à Lyon), les fabricants joailliers et les distributeurs. Dans cette chaîne, le premier maillon faible se situe chez les exploitants avec les déclarations trimestrielles déposées à la DRIRE. « Nombre d’interlocuteurs émettent de sérieuses réserves quant à la fiabilité de ce régime déclaratif », souligne le rapport.
Le maillon faible
Mais le maillon le plus faible, c’est la non-application de la loi sur la garantie de l’or en Guyane, « une faille réglementaire béante ». Cette réglementation oblige à ce que les ouvrages d’or soient soumis au poinçon de garantie permettant leur traçabilité. Cette spécificité rend opaque l’or acheté aux exploitants par les comptoirs d’or. Ainsi entre 2000 et 2008, 22 tonnes d’or exportées de Guyane avait une origine douteuse. Du côté des affineurs, le WWF s’est rendu compte que l’or guyanais était affiné séparément des autres ors, car très souvent de bien meilleur qualité », il est donc tracé et « il ne reste plus à l’affineur qu’à conjuguer soin savoir faire avec un faire savoir auprès de ses clients joailliers. Ces derniers se disent sensibles au problème et demandeurs d’informations. Plusieurs ont même manifesté leur volonté de travailler l’or guyanais et proposer au plus tôt une gamme de bijoux « or de Guyane ». Chez les distributeurs, il existe déjà un label Joaillerie de France qui garantit au consommateur le respect des dispositifs juridique, social, éthique et environnemental national. D’ici la saint Valentin 2011 et le projet pilote de traçabilité de l’or guyanais, le WWF entend poursuivre son action avec une campagne de sensibilisation des consommateurs français sur l’origine de l’or et réaliser des études de filières similaires au Brésil et au Suriname. Mais en attendant, ils plaident pour que le Parlement français entérine le traité franco-brésilien de décembre 2008 et pour que les opérations Harpie II soient maintenues.
FXG, agence de presse GHM
Pas de poinçon en Guyane
La loi de la garantie est applicable partout en France et dans les DOM à l’exception notoire de la Guyane, seul département français riche en ressources aurifères. En raison de sa non-application, les négociants n’ont aucune obligation de tenir un registre, dit « livre de police », qui renseignerait officiellement sur l’identité de leurs vendeurs d’or… Un paradoxe qui trouve son explication, selon Mme Taubira, dans une volonté d’inciter l’exploitation et l’exportation de l’or, comme c’est le cas pour les explorations de pétrole à qui l’on octroie facilement des dérogations et autres exonérations. La députée a d’ailleurs saisi à ce sujet le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi. L’entourage de ce dernier considère que « ce n’est pas une priorité et n’entre sans doute pas dans les attributions du ministère de l’Industrie. » Le courrier de Christiane Taubira sera donc renvoyé au ministère des Finances…
Cahiers du Conseil constitutionnel n° 28 Commentaire de la décision n° 2009-21 D du 22 octobre 2009